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Chapitre 70

Chapitre 70

Pubblicato 31 mag 2025 Aggiornato 31 mag 2025 New Romance
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Chapitre 70

Paule


Le taxi s’est arrêté devant l’immeuble sans un mot. Le moteur s’est éteint dans un souffle presque respectueux, comme si même lui savait qu’il valait mieux ne rien troubler. Dehors, tout semblait normal. Injustement normal. Le ciel était traversé par des filaments de nuages gris pâle. Une voisine rentrait ses courses. Un chien aboyait à la fenêtre. La vie continuait. Tranquille. Indifférente.


Moi, je ne bougeais pas. Assise, droite, crispée sur la banquette arrière, je regardais la porte d’entrée comme un obstacle trop vaste, trop réel, trop proche. Samuel a payé, sans mot, sans regard. Il a remercié d’un hochement de tête. Puis il s’est tourné vers moi. Il ne m’a pas dit « on y va ? » ni « ça va aller ». Il a simplement tendu la main.


J’ai pris appui. Son contact m’a ancrée sans me brusquer. J’ai posé le pied au sol, comme si j’avançais sur de la glace. Nous avons traversé le hall, pris l’ascenseur, ouvert la porte. Et c’est là, dans le couloir de notre appartement, que tout m’a percutée.


Le silence. Le calme. Et puis, cette odeur familière. Le bois. Le savon. Et la cendre d’un moment encore suspendu dans l’air.


Je n’ai pas regardé tout de suite. Mais je l’ai senti. Le choc, le bois fendu. La table basse. Et cette flaque de sang, séchée, au pied du buffet. Le témoin, muet, de cette faille. Mon regard a fini par y glisser. Le bord était éclaté. Un éclat de vernis manquait. Rien qu’un coin, et pourtant tout était là. Toute la peur. Toute la chute.


Sans un mot, je suis allée à la salle de bain. Pas pour pleurer. Pas pour me regarder. Juste pour respirer un instant sans être vue.


Samuel


Je l’ai laissée passer. Elle marchait comme on marche dans un sanctuaire. Le dos tendu, le pas lent, le souffle contenu. Je suis resté seul dans le salon. Seul avec la trace de ce que j’avais provoqué.


Je suis resté là, debout, mes clés encore dans la main. Mes doigts serrés autour, blancs de tension. Et cette tache, cette tache sombre, juste au sol, près du buffet. Elle avait coagulé. Imprimée dans le bois, au plus près de l’angle. Le sang. Le sien. Celui d’elle. Celui peut-être d’un enfant qu’on n’avait pas encore eu le temps de connaître.


Je n’ai pas réfléchi. Je suis allé chercher une bassine, un torchon. J’ai frotté. Longtemps. Le dos courbé, les dents serrées, la gorge nouée. J’ai frotté sans m’arrêter, jusqu’à ce que le bois reprenne une teinte plus neutre. Jusqu’à ce que l’odeur métallique disparaisse. Jusqu’à ce que ce ne soit plus visible. Même si je savais que, pour moi, ce ne serait jamais effacé.


Puis j’ai rangé. J’ai remis les coussins. J’ai replacé le plaid. Et je suis allé dans la chambre. Préparer le lit. Pas seulement pour elle. Pour nous. Pour ce qui restait à sauver.


Paule


Je me suis lavée lentement, comme si chaque geste pouvait réveiller une douleur. Rien. Pas de sang. Plus de sang. Mais je savais que cela ne voulait rien dire. J’avais trop lu, trop vu. Il fallait attendre. Veiller. Guetter.


Quand je suis ressortie, le salon était rangé. Comme si rien ne s’était passé. Comme si Samuel avait voulu effacer toute trace. Mais la trace, elle était en moi. Une sensation, un doute, un souvenir imprimé dans la peau.


Je ne lui ai pas parlé. Il ne m’a pas posé de questions. Il m’a simplement accompagnée dans la chambre. Il a tiré les rideaux, disposé les oreillers, redressé la couette. Et m’a aidée à me coucher, avec des gestes doux et fermes à la fois. J’ai obéi sans résister. Je n’avais plus la force.


Il m’a demandé si je voulais manger quelque chose. J’ai haussé les épaules. Dix minutes plus tard, il revenait avec un plateau. Une soupe tiède. Un peu de pain. Une compote.


Il a soulevé les oreillers, m’a redressée doucement. Il a posé le plateau devant moi. Et nous avons mangé dans le silence.


Je n’ai pas levé les yeux. Je ne l’ai pas remercié. Mais je l’ai entendu respirer lentement, calmement. Il était là. Et ça, c’était déjà trop. C’était déjà tout.


Samuel


Je voulais l’atteindre. Pas pour moi. Pour elle. Pour nous. Pour ce petit cœur qu’elle portait toujours.


Alors j’ai parlé.


— Tu sais… je n’arrête pas d’y penser. À ce moment-là. À ce qu’on a failli perdre. Je me dis que tu dois avoir peur. Que tu dois te sentir seule avec ça. Et j’aimerais… j’aimerais juste que tu me dises ce que tu ressens.


Elle n’a rien dit. Elle a continué à mâcher, lentement. Puis elle a posé sa tasse. Elle a haussé les épaules.


— Ça va, a-t-elle dit.


Deux mots. Rien d’autre. Elle les a lâchés comme on referme une porte.


Je n’ai pas insisté. J’ai senti que si je poussais davantage, je risquais de tout faire s’effondrer. Alors je suis resté là. Présent. Disponible. À défaut de pouvoir être son refuge, je pouvais au moins être sa constante.


Paule


Il essayait. Je le voyais. Je sentais son regard, sa voix. Il voulait comprendre, entrer, déverrouiller quelque chose. Mais je ne pouvais pas. Pas encore. Ce n’était pas de lui que je me protégeais. C’était de moi. De ce que j’aurais à affronter si je laissais les mots sortir.


Je n’arrivais pas à parler du bébé sans sentir ma gorge se nouer, sans que ma respiration ne devienne saccadée. Alors je restais là, figée dans mes réponses banales.


— Tu veux que je te mette un film ?

— Si tu veux.


— Je te prépare une soupe ?

— D’accord.


— Tu veux que j’éteigne ?

— Comme tu veux.


Je l’entendais soupirer parfois. Je sentais qu’il encaissait, qu’il attendait. Il ne m’en voulait pas. Et ça, plus que tout, me faisait monter les larmes.


Samuel


Les jours suivants se sont installés avec une lenteur douloureuse. Chaque matin, je refaisais le lit autour d’elle comme on ajuste un cocon. Je veillais à tout : sa nourriture, ses médicaments, les rendez-vous médicaux à venir, le silence autour d’elle. Je restais à la maison. Je répondais aux mails du laboratoire depuis mon téléphone. Je filtrais les appels. Je tenais à bout de bras notre monde minuscule, réduit à une chambre, un lit, un ventre fragile.


Elle ne disait rien, mais elle voyait. Je le savais. Parfois, je la trouvais les yeux perdus dans la lumière, immobile. Parfois, elle me regardait. Juste ça. Et je comprenais que même si elle ne parlait pas, elle sentait que je tenais, que je n’avais pas fui.


La nuit, je dormais peu. Je me réveillais au moindre mouvement. Je la regardais respirer. J’écoutais ses soupirs. Et je me demandais combien de jours il faudrait avant qu’elle ose pleurer. Avant qu’elle me dise ce que je redoutais autant qu’elle : qu’elle s’en voulait. Qu’elle croyait que tout était de sa faute. Et que c’était ça, le plus injuste. Parce qu’elle était la seule à n’avoir rien fait de mal.


Paule


Je restais dans ce lit comme dans une veille prolongée. Je notais les détails. Les heures. Les gestes de Samuel. Il ne me demandait plus rien. Il devinait. Il anticipait. Il parlait peu, mais ses actes disaient tout.


Et moi, je me débattais avec mes pensées. Je pensais au choc. Au meuble. À la main de Samuel qui s’était refermée sur le col de son frère. Je pensais à cette violence, à cette peur de perdre l’enfant que je portais, et à cette impuissance qui me collait à la peau.


Mais je n’arrivais pas à le lui dire.


Pas encore.


Alors je continuais de répondre comme on respire.


Et lui continuait d’être là.

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