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Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme (Sophie Robert, 2011)

Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme (Sophie Robert, 2011)

Publié le 16 févr. 2020 Mis à jour le 28 févr. 2021 Santé
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Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme (Sophie Robert, 2011)

Il ne fait pas bon de naître avec un trouble du spectre autistique en France. Pour les parents et leurs enfants, c'est la double peine: diagnostics tardifs ou erronés, exclusion scolaire et sociale, prise en charge contre-productive à base de culpabilisation des parents, de traitements médicamenteux abrutissants et d'enfermement psychiatrique, mise à l'écart des parents à qui on retire leurs enfants à la moindre contestation dessinent les contours d'un pays intolérant et maltraitant, condamné par l'ONU et cinq fois par le Conseil de l'Europe pour ses graves manquements. Le quatrième plan autisme d'Emmanuel Macron est à lui seul un aveu de l'échec de tous ceux qui ont précédé. Avec son documentaire choc qui a lancé un si gros pavé dans la mare qu'il a été censuré pendant deux ans avant d'être réhabilité par la cour d'appel de Douai en janvier 2014, Sophie Robert explique les raisons de ce scandale spécifiquement français. En effet elle y dénonce l'emprise de la psychanalyse (qu'elle soit d'obédience freudienne ou lacanienne) sur la psychiatrie mais aussi le médico-social et la justice alors même que cette discipline s'est avérée incapable d'aider efficacement les autistes. Alors que quasiment partout ailleurs dans le monde elle a été abandonnée au profit de thérapies cognitives et comportementales qui ont démontré leur efficacité dans la diminution des troubles autistiques, en France, elle a conservé toute son influence pour le plus grand malheur des autistes et de leurs familles.

Non seulement la psychanalyse s'avère inefficace dans le traitement de l'autisme mais (et c'est cela qui a fait grincer les dents), la réalisatrice révèle certains des postulats idéologiques patriarcaux, sexistes et phallocrates qui la sous-tendent. Elle n'est pas la première à le faire. Alice Miller par exemple avait dénoncé les raisonnements de Freud qui projetait sur l'enfant les pulsions sexuelles et mortifères des adultes dans son complexe d'Œdipe. Outre cette érotisation qui déplace la culpabilité sur l'enfant (dans le complexe d'Œdipe, c'est lui qui désire l'adulte et cherche à le séduire), la démonisation des femmes y atteint un degré délirant, celles-ci étant accusées par leurs mauvais comportements d'être à l'origine de l'autisme de leurs enfants. De façon implacable, Sophie Robert traduit le jargon fumeux de ses interlocuteurs psychanalystes pour les placer face à leurs préjugés et leurs contradictions. Ainsi selon eux, une mère ne doit être ni trop froide (sinon c'est la mère-frigo de Bettelheim soi-disant responsable de l'autisme) ni trop chaude (sinon c'est l'inceste, uniquement envisagé envers son fils, les filles n'étant pas prises en considération et l'inceste père-fille, minimisé), elle doit être "suffisamment bonne" (dixit Winnicott). Ce que recouvre le mot "suffisamment" laisse perplexe étant donné la vision tordue que ces "professionnels" ont de l'amour maternel, transformé en désir érotique voire en désir de dévoration (c'est la "mère-crocodile" de Lacan contre laquelle il faut se défendre de peur d'être absorbé par elle. Pas étonnant qu'il ait fait une fixette sur l'origine du monde). Quant au père, il est lui aussi mis en accusation s'il n'a pas joué "suffisamment" son rôle symbolique qui est de séparer l'enfant de la mère. La distinction binaire entre la mère "nature" (forcément mauvaise) et le père porteur de "culture" est une véritable justification idéologique à la domination du pater familias sur la mère et au-delà sur la nature avec les dégâts que l'on sait.

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