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Ah ces BOURDONNEMENTS D’OREILLES !

Ah ces BOURDONNEMENTS D’OREILLES !

Publié le 29 déc. 2021 Mis à jour le 29 déc. 2021 Santé
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Ah ces BOURDONNEMENTS D’OREILLES !

 

« Des bruits. Ni ma voix, ni mon rire, mais des sons insupportables, parasites, bourdonnements, crissements, bruits de cascades, d'éboulements, de moteurs. Des acouphènes ».  

 Acouphènes. Géraldine Maillet.

Céline, médecin, l’écrira autrement : comme des sifflets de vapeur dans chaque oreille… Il s’en occupait toute la journée et toute la nuit… Il avait tous les bruits en lui… Des sifflets, des tambours, des ronrons…

    Il y a tant de manières de les décrire !

Sifflement, chuintement, locomotive, ça bat, ça sonne, ça tape, j’ai un cœur dans l’oreille…

Encore appelés acouphènes, terme que les tous les Français connaissent tant l’affection est répandue. Ceux-ci, déclinés dans toutes les langues du monde, connus sous le terme de tinnitus, dans 17 pays de langues différentes avec l’esperanto, montrent à quel point l’acouphène, qui s’étend en tache d’huile dans le monde entier, constitue peut-être l’un des maux du siècle, pose le problème de son traitement et (corollaire) de sa cause, loin d’être évidente si l’on excepte les acouphènes consécutifs à une exposition sonore. L’environnement agressif et bruyant dans lequel nous baignons n’est certainement pas étranger à sa genèse. Or, notre oreille nous accompagne une vie entière et les cellules sensorielles, au nombre de quelques milliers, ne repoussent pas une fois détruites.

  Chez chaque individu, l’oreille a, de plus, une sensibilité propre et chaque cellule auditive répond à une fréquence donnée. Les plus proches de la base de la cochlée (organe de l’audition en forme de coquille d’escargot) jouxtent la fenêtre ovale de l’oreille moyenne ( par où cheminent les ondes sonores) et répondent préférentiellement aux aigus. Les plus proches du sommet répondent aux fréquences graves. Plus distantes anatomiquement de la fenêtre ovale, elles seront moins agressées sur le plan sonore. Voilà pourquoi les sons forts lèsent prioritairement les fréquences aiguës.

Ils nous polluent donc la vie et la protection auditive devrait être précoce et systématique en toute circonstance.  

Ils nous rendent parfois malheureux, agressifs, coléreux ou de méchante humeur et force est de constater qu’il doit donc en avoir plus en France que dans les autres pays.

L’Italie reste le pays le plus épargné, car Cocteau, qui savait ce qu’il disait, considérait ces derniers comme des Français de bonne humeur.

Avec Cioran, grand optimiste de la vie qui avait vécu bien longtemps en France se pose une question essentielle : cette affection est-elle contagieuse et avait-il des acouphènes ? Notre brillant philosophe, qui lui aussi savait de quoi il parlait, avait écrit :

Avec les Français, on devient malheureux gentiment.

 Pourtant notre plus célèbre Française, notre star nationale au XVe siècle avait eu très tôt des acouphènes, mais elle avait su en tirer parti pour la plus grande gloire de la patrie. À 17 ans la voilà à Chinon en présence du dauphin Charles VII après avoir déjà tenté l’année précédente de le rencontrer. Deux ans plus tard, elle sera brulée à Rouen non sans avoir fait sacrer son roi en la cathédrale de Reims. Ce dernier sera pourtant bien peu reconnaissant et ne tentera pas de la sauver!

 Ces « voix » lui avaient permis quand même de bouter les Anglais hors de France !

Les acouphènes peuvent en effet prendre toutes les formes. Des bruits graves aux aigus, des sons continus aux sons pulsés, des bruits dans une ou dans deux oreilles (dans la tête alors) et pour certains des phrases entières, bien construites faisant dire à l’intéressé(e) :

J’entends des voix dans ma tête…

 Étaient-ce des voix célestes que notre pucelle entendait à Domrémy en gardant ses moutons ?

Étaient-ce des acouphènes chez cette jeune femme qui, dans l’enfance, fit des otites répétées et présenta une mastoïdite ? Qui peut le dire ?

Mais s’il s’agissait d’acouphènes, quelle formidable prise en main personnelle de ce handicap qui, on le sait, existait bien en ce temps-là (Martin Luther dit-on en était affecté. François II également, roi de France, fils aïné de Catherine de Médicis et marié à la très belle Marie Stuart mourra à 16 ans d'une mastoïdite compliquée ). Durant les périodes difficiles, quand les temps étaient durs, Dieu parlait beaucoup autour de lui. Et nombre d’autres Jeanne avaient entendu des voix (Jeanne Marie Maillé contemporaine de la « vraie » Jeanne, dénonçait les vices de la cour. Une certaine Péronne également, Bretonne de son état, voulait chasser les Anglais de France. Elle sera brulée un an avant notre Jeanne à nous.

Mais notre Jeanne à nous savait parler d’identité nationale. Tout était là. Ça lui vaudra une gloire éternelle et d’être béatifiée puis canonisée en 1920.

Beethoven souffrait d’une surdité évolutive qui finira par le rendre totalement sourd, avec des acouphènes très invalidants. 

Affublé d’une si injuste affection pour un compositeur de sa valeur, sa fin de vie fut difficile, mais cela ne l’empêcha pas d’écrire de magnifiques symphonies.

On peut donc vivre - et même heureux - avec ses acouphènes.

On peut réaliser de grandes tâches avec ses acouphènes.

On peut essayer de les traiter.

La liste des traitements proposés est longue, ce qui n'est jamais bon signe, car une longue liste est synonyme de traitements décevants (traitement médical, sophrologie, appareillage avec « masking » d’acouphènes, générateurs de bruits blancs et j’en passe !)

Fort heureusement la médecine progresse et cette science jeune évolue vite.

Nul doute que l’on saura (bientôt ?) les vaincre, mais le meilleur des traitements doit rester préventif en protégeant à tout instant cet organe si merveilleux, mais si fragile.

Image: serini.fr

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Commentaires (2)

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Daniel Muriot il y a 2 ans

Qu'ils sont pénibles ces bourdonnements d'oreilles lorsqu'ils s'invitent dans notre de vie.

Les facteurs sont multiples. Mais je vous rejoint pleinement sur ce brouhaha permanent auquel on nous expose inutilement au point que les enfants se retrouvent incapables d'apprécier le silence.

Les miens ont considérablement baissé grâce à mon parcours en neurothérapie. Mais je partais de loin car ils atteignaient parfois, souvent même sur la fin, le niveau de hurlements.

La méditation m'a déjà permis de m'en défaire quelques heures, une journée entière. Mais rien de définitif.

Alors je fais répéter. Parfois, je m'agace. Bref, je fais comme tout le monde : je vis avec...

Merci pour cet article qui rend le sujet plus intéressant par son côté historique.

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Jean-Jacques Hubinois il y a 2 ans

Merci! Oui j'ai voulu aborder le thème avec humour... car ce n'est pas très agréable et les causes sont souvent connues mais le traitement est loin de faire l'unanimité.

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