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R pour R(h)onchopathie

R pour R(h)onchopathie

Publié le 5 janv. 2022 Mis à jour le 5 janv. 2022 Santé
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R pour R(h)onchopathie

Deux écoles s’affrontent… Les tenants du H et ceux qui n’en veulent pas. Il faut bien admettre que la nuance est purement sémantique.

Le mot rhonchus (du grec rhonchos : ronflement) a été employé par Laennec , inventeur du stéthoscope qui décrit pour la première fois le bruit anormal perçu à l’auscultation lors de l’obstruction des voies respiratoires.

Ronchus (pluriel ronchi, vient du latin). C' est un râle ronflant expiratoire ou inspiratoire perçu à l’auscultation pulmonaire en cas de bronchite…La même chose, quoi !

 Comprenne qui pourra !

 Pour ce qui me concerne, j'ai choisi avec un H et l’on ne s’en étonnera pas. Il s’agit donc du ronflement, gênant pour l’entourage et parfois source de lits séparés.

J’ai connu l’époque, pas si lointaine, où cette doléance de la part du patient amenait chez l’examinateur un sourire de commisération et une phrase paternaliste : vous n’avez qu’à faire chambre à part…

Notre voisin outre-Atlantique s’en inquiétait par contre depuis des décennies avant que l’on s’y intéresse à notre tour.

Pourquoi donc se préoccuper de cette pathologie, qui, ma foi, n’en est pas une ?

Sa complication est l’apnée du sommeil, c’est-à-dire l’arrêt respiratoire de durée variable, pendant que l’on dort.

Un fleuve qui s’écoule paisiblement sur un terrain peu accidenté est inaudible. S’il vient à traverser des régions escarpées, le débit s’accélère et il va se transformer en un torrent impétueux et bruyant.

Le flux respiratoire subit les mêmes contraintes. Un obstacle qui perturbe le flux laminaire de l’air que l’on respire le rend turbulent, donc bruyant…  

Dans les cas extrêmes, quand on dort (sur le dos notamment),  l’obstacle peut devenir complet et bloquer plus ou moins longtemps le flux aérien.

C’est le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (S.A.O.S).

Ce blocage se situe dans la sphère ORL : voile long, base de langue infiltrée (graisse par exemple), rétrognathisme… L’âge (moindre tonicité des tissus) et le poids sont des facteurs aggravants (voire suffisant pour la prise de poids avec un aspect physique caractéristique si bien décrit par Charles Dickens sous les traits de monsieur Pickwick). Un jeune garçon, étonnament gras, atteint d'une somnolence invincible: à tout moment, même en parlant, il s'assoupit et se met à ronfler doucement...

Ce S.A.O.S nécessite que l’on s’en occupe, sinon les conséquences peuvent être graves.(hypertension, complications cardiaques ...)

Un communiqué  de l’HAS (Haute Autorité de Santé) en septembre 2014 rappelait que 4% de la population française était concernée par ces apnées du sommeil soit 530000 Français et bien plus de nos jours.  

Alors, y-a-t-il un traitement ?   OUI!

La HAS a validé l’évaluation de la CNEDiMTS complétée par celle de la CEESP pour comparer l’efficience de la PPC et de l’OAM dans le SAHOS…

Simple!

La médecine a parfois l’art de rendre incompréhensible la conduite à tenir la plus logique qui soit !

 Alors, désacronymisons…

CEESP : Commission d’Évaluation Économique et de Santé Publique.

CNEDiMTS : Commission Nationale d’Évaluation des dispositifs Médicaux et des Technologies de Santé.

OAM : Orthèse d’avancée mandibulaire.

SAHOS : Syndrome d’Apnées-Hypopnées Obstructives du Sommeil.

IAH : Indice d’Apnées-Hypopnées.

PPC : Pression Positive Continue.

C’est tout de suite beaucoup plus clair !

Pour faire simple. L’index d’apnées-hypopnées (diminution de l’amplitude de la ventilation) va conditionner des recommandations validées par la Haute Autorité de Santé pour le meilleur résultat possible chez nos rhonchopathes.

Du nombre des apnées et de leur durée dépendra le traitement : perte de poids, intervention chirurgicale, adaptation de masque à pression positive continue, voire s’il est mal supporté, une gouttière dentaire qui permettra d’avancer la mâchoire inférieure lors du sommeil…( orthése d'avancée mandibulaire).

La fatigue au réveil (on court-circuite à chaque cycle la phase de sommeil récupérateur à cause d'un micro-éveil), les maux de tête (par augmentation progressive du gaz carbonique dans le sang pendant que l'on dort), la somnolence diurne, sont autant de signes d’alarme fréquents.

Ces patients présentent également bien souvent une baisse de leur capacité intellectuelle…

Un exemple ?

Au moins deux ! Et non des moindres.  

William Howard Taft, président des États-Unis au début du XXe siècle dont la somnolence excessive et les lenteurs cognitives parfois gênantes créeront des problèmes diplomatiques. Sa perte de poids massive, après avoir quitté la présidence, fera cesser ces symptômes de manière spectaculaire.  

Mais surtout notre héros national, l’empereur Napoléon

Dans des lettres écrites à Joséphine pendant la campagne d’Austerlitz, il note déjà ses coups de fatigue et son besoin de s’endormir un moment pour récupérer (dans sa calèche et parfois sur son cheval). On revoit sur les tableaux tardifs son embonpoint, son menton étroit certainement associé à un rétrognathisme, son cou court…

Ce besoin irrépressible ira croissant, au fil des années, corrélé à sa prise de poids.

Anne-Louis Girodet qui peindra  la reine Hortense (belle-fille et belle-sœur de Napoléon) le croquera endormi au théâtre de Saint-Cloud lors de la représentation de « l’amant bourru » en avril 1812.

La bataille de Waterloo en sera la plus nette confirmation.

Ses généraux proches, noteront plus d’une fois la perte de ses fulgurances, de ses intuitions de génie qui ne l’avaient pas quitté jusqu’alors…

Longtemps la victoire fut incertaine avant d’aboutir à la défaite que l’on connaît.

Peut-on imaginer l’empereur traité, guéri de ces symptômes ?

Qui sait ?

On se prend à refaire le monde…

Hugo corrige sa copie: l’aigle relève la tête, la morne plaine devient éclatante.

L’Europe aurait deux cents ans, les deux conflits mondiaux  évités, un niveau de vie certainement incomparable, pas de chômage…

Image:

 « Mr. Pickwick, a character from ‘The Pickwick Papers’, Charles Dickens  » – Joseph Clayton (Kid) Clarke (fl. 1883-94)

 

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Commentaires (2)

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Patricia Gaillard il y a 2 ans

Pas de fautes, un usage parfait des ponctuations, une écriture pleine d’esprit, et vos sujets sont inattendus, j’aime beaucoup !
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Jean-Jacques Hubinois il y a 2 ans

Merci pour cet avis. J'essaie, autant que faire se peut, un peu d'humour pour évoquer des sujets parfois importants.Excellente journée.

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