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Lust, Caution (Se, Jie, Ang Lee, 2007)

Lust, Caution (Se, Jie, Ang Lee, 2007)

Publié le 23 nov. 2021 Mis à jour le 23 nov. 2021 Culture
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Lust, Caution (Se, Jie, Ang Lee, 2007)

Alors que j'avais beaucoup aimé "Raison et sentiments" (1995) et "Le Secret de Brokeback Mountain" (2005), j'ai été profondément déçue par ce film bancal qui n'est pas dénué de qualités certes mais qui ne méritait certainement pas son Lion d'Or à Venise.
Qu'est ce qui cloche donc dans ce film? Beaucoup de choses en fait.

- Premièrement les séquences réussies dans "Lust, Caution" sont noyées au beau milieu d'un film extrêmement long et pesant. Pour ne prendre qu'un exemple la séquence de Mahjong inaugurale avec sa caméra nerveuse et son rythme endiablé distille un sentiment d'urgence qui suscite immédiatement l'intérêt. Pourquoi faut-il alors que lui succède un flashback interminable (près d'une heure!), ampoulé et fade consacré à la formation puis à la première tentative (avortée) de l'héroïne pour piéger sa cible? Cette énorme digression retarde d'autant le moment où on entre enfin dans le vif du sujet à savoir la relation SM qui se noue entre elle et M. Yee (Tony LEUNG Chiu Wai, impeccable comme toujours). Ang LEE est visiblement plus à l'aise dans un cadre intimiste que dans des reconstitutions historiques à grand spectacle et il ne sait pas relier efficacement les deux. Bref, il n'est pas David LEAN.

- Deuxièmement, l'intrigue n'est absolument pas crédible. Mais il existe d'excellents films reposant sur des intrigues invraisemblables. Le problème vient ici du fait que Ang LEE veut faire un film historique engagé et donc sérieux auquel on ne croit pas un seul instant. La faute aussi à une erreur de casting: Tang WEI n'a pas l'étoffe pour jouer les espionnes et ne possède pas le charisme de la femme fatale. Même maquillée ou dénudée et en action dans des scènes torrides, elle ressemble à une petite fille timide dans un costume trop grand pour elle. Son club théâtre est d'ailleurs à l'avenant. Comment croire un seul instant que ces étudiants inexpérimentés (et dépourvus de tout talent d'acteur pour simuler d'ailleurs) puissent monter un tel projet contre un homme aussi puissant et l'amener aussi loin dans un contexte de danger extrême? Quand on compare avec par exemple l'infiltration dans le QG des nazis de "L Armée des ombres" (1969) ou même avec le bien meilleur "Black Book" (2006) au sujet proche, la comparaison est douloureuse pour le film de Ang LEE. Il en va de même avec les références à Alfred HITCHCOCK, plus que maladroites.

- Enfin il y a à mon sens un problème d'éthique fondamental dans ce film. Je ne supporte pas d'entendre le mot "amour" quand il n'y en a pas. Or beaucoup de critiques ont évoqué "un grand film romantique tragique" ou bien "une histoire d'amour impossible". Là encore la faute au réalisateur. Peu importe la complexité de ce que ressentent les personnages, lui doit être clair dans le message qu'il fait passer. Or il ne l'est pas et affiche une complaisance plus que douteuse envers son personnage masculin assassin, tortionnaire, violeur, collaborateur carriériste et lâche de surcroît. M. Yee peut bien éprouver des sentiments, verser des larmes et s'autodétruire, le fait est qu'il agit en prédateur qui logiquement croque toute crue la jeune Wong incapable de faire le poids face à lui: il lui prend son corps, son coeur et au final sa vie. Seuls les actes comptent. Violence et amour sont incompatibles.

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