Anomalisa (Charlie Kaufman et Duke Johnson, 2015)
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 27 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Anomalisa (Charlie Kaufman et Duke Johnson, 2015)
Ah là là mais que ce film est déprimant, froid et misogyne! Au moins dans "Lost in translation" (2004) qui possède une trame proche, la fraîcheur et l'énergie du personnage féminin joué par Scarlett JOHANSSON, la drôlerie et la tendresse désabusée du personnage masculin interprété par Billy MURRAY qui lorgnait du côté de Charles CHAPLIN équilibrait le récit, les rapports entre les personnages, apportait du piment. Mais "Anomalisa" baigne dans une tonalité monocorde, celle de la grisaille soulignée par la voix identique de tous les personnages à l'exception du héros, Michael Stone qui pourtant leur ressemble et de Lisa qui finit par leur ressembler. Cette convention-intention brouille bien plus le récit qu'elle ne le clarifie d'ailleurs car dans un premier temps, j'ai cru que Michael Stone aimait les trans. Ceci étant, ça aurait été original au moins. Mais Stone représente au contraire le mâle occidental bourgeois hétérosexuel en crise tout ce qu'il y a de plus plan-plan et Lisa est une cible idéale. Tous deux sont des êtres que la solitude accable et qui donc ont besoin de s'illusionner sur leur rencontre, rencontre balisée de bout en bout par la soumission de l'une qui semble passer son temps à s'excuser d'exister et le comportement de séducteur (très) fatigué du second qui prend et puis jette, une fois obtenu l'objet de son désir qui en perd alors tout intérêt. Inutile de dire que l'empathie pour des personnages aussi médiocres est limitée. Par ailleurs, le choix de raconter cette histoire somme toute d'une grande banalité en animation stop-motion me laisse perplexe. Je ne vois pas la plue-value qu'elle apporte. Il n'y a pas besoin de cette technique pour dépeindre un monde robotisé et uniformisé dans lequel un col blanc occidental riche et célèbre but so so unhappy cherche une aventure entre deux avions. Elle rend l'atmosphère encore plus cafardeuse et déshumanisée. C'est triste de voir que l'animation pour adulte doit pour trouver sa légitimité et son public singer les films live qui se prennent au sérieux: on y fait donc une gueule d'enterrement et on y baise le plus platement du monde alors que dans ce domaine, il y aurait tant de territoires à explorer. Et je ne pense pas tant au kamasutra en disant cela qu'à ce que l'imagination peut produire pendant l'acte. Pedro ALMODÓVAR en donne une petite idée dans "L'Amant qui rétrécit" (le film muet inséré dans "Parle avec elle") (2002) qui n'est pas un film d'animation mais qui utilise des trucages permettant de vivre cette expérience d'une autre façon qu'illustrative. Charlie KAUFMAN me déçoit beaucoup, il avait montré une toute autre envergure dans "Eternal sunshine of the spotless mind" (2004). Peut-être est-il davantage fait pour être scénariste que réalisateur.