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Pat Garrett et Billy le Kid (Pat Garrett and Billy the Kid, Sam Peckinpah, 1973)

Pat Garrett et Billy le Kid (Pat Garrett and Billy the Kid, Sam Peckinpah, 1973)

Publié le 16 sept. 2020 Mis à jour le 16 sept. 2020 Culture
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Pat Garrett et Billy le Kid (Pat Garrett and Billy the Kid, Sam Peckinpah, 1973)

"Pat Garrett et Billy the Kid" avait beaucoup d'atouts (entre autre son background historique, sa photographie, sa musique, une partie de son interprétation, de belles idées de mise en scène et de montage) pour être un grand film dans sa portée comme peut l'être par exemple la saga du Parrain qui transcende aussi bien l'époque de sa réalisation (les années 70 pour les deux premiers volets, 1990 pour le troisième) que son genre (gangsters) pour devenir une tragédie humaine intemporelle et universelle. On pourrait en dire autant de nombre de westerns classiques ou baroques comme théâtres des passions humaines à l'oeuvre. Mais "Pat Garrett et Billy the Kid" n'en fait pas partie. Il a selon moi au moins deux défauts assez rédhibitoires.

D'une part une narration relâchée, presque "je m'en foutiste" qui fait traîner le film en longueur et rend ses enjeux presque absurdes. Les exemples abondent mais je n'en citerai qu'un, la scène où le Kid s'évade de prison, en prenant tout son temps, mais vraiment tout son temps, à croire que le Far west était un espace propice à la flânerie presque bucolique. Autre exemple de ce manque de rigueur, "l'amitié" entre Pat et Garrett n'est pas montrée de façon convaincante alors qu'elle est pourtant basée sur des faits réels. Ca n'aurait pas eu d'importance si l'idée la plus intéressante du film à savoir que la quête de Pat consiste en fait à tuer la partie libre et sauvage de lui-même pour rentrer dans le moule de la civilisation (corrompue) avait été incarnée avec plus de conviction. Mais elle ne l'est que par intermittences. Le plus beau plan de ce point de vue reste celui où après avoir tiré sur le Kid il tire sur son propre reflet dans le miroir. Enfin, cette narration brouillonne se remarque également dans le fait que le personnage joué par Bob DYLAN semble ne jamais trouver une place satisfaisante dans le récit. Tout le monde l'épargne alors que ça tire à qui mieux mieux dans tous les coins et on ne sait pas pourquoi, pas plus qu'on ne sait ce qu'il fabrique là, autrement que comme symbole.

Cela m'amène au deuxième défaut du film. Comme nombre de ceux qui ont été réalisés à cette époque, il porte l'empreinte des idéaux post soixante huitard, lesquels s'incarnent dans le personnage du Kid et de sa bande. Ils ne sont pas pacifiques certes mais ce sont des "bandits joyeux, insolents et drôles qui attendaient que la mort les frôle" pour reprendre la chanson de Bernard Lavilliers "On the road again". Bref, les motards de "Easy Rider" (1968) confrontés à la haine de "Ploucland" ne sont pas loin, d'ailleurs Pat (James COBURN) est montré comme un croque-mort qui veut enterrer ses idéaux de jeunesse pour comme il le dit "finir peinard". Sauf que ce plaquage forcé est très simpliste. Billy est joué par un beau gosse au sourire charmeur (Kris KRISTOFFERSON) à des milliards de lieues des trognes burinées de Sergio LEONE et son comportement hédoniste fait croire que les lois humaines sont celles de la jungle (ou plus exactement celles de la mafia) et qu'à l'inverse ce sont celles de la jungle qui sont humaines (même pas comme Robin des bois d'ailleurs car il est trop égoïste pour cela, ne pensant qu'à prendre du bon temps avec ses potes). Cela me fait d'autant plus rager que l'appropriation capitaliste du bien commun par le système des enclosures transplanté d'Angleterre est bien montré mais la critique est rendu inopérante par cette glorification du hors la loi, instrumentalisé au profit d'un discours contestataire bêta. Enfin, si le progressisme d'un film se mesure à la façon dont il traite la gent féminine, celui-ci est l'un des plus réacs que j'ai vu. je l'ai trouvé proprement imbuvable. Toutes (ou presque) sont des putes interchangeables servant d'objets de plaisir et réduites au silence de surcroît (mais avec le smile!!). La seule exception, la femme de Pat est une pisse-froid qui lui fait la morale et qu'il ne touche donc même plus, CQFD.

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