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Antoinette dans les Cévennes (Caroline Vignal, 2019)

Antoinette dans les Cévennes (Caroline Vignal, 2019)

Publié le 22 mai 2021 Mis à jour le 22 mai 2021 Culture
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Antoinette dans les Cévennes (Caroline Vignal, 2019)

Pour mon premier film en salle depuis le déconfinement, je me suis offert la comédie qui avait fait le buzz juste avant qu'il ne soit plus possible d'aller au cinéma. Franchement, j'ai été déçue. Non que le film soit désagréable, il se regarde avec plaisir, on ne s'ennuie pas du tout mais je trouve le résultat conformiste et inconsistant. En fait c'est une question de dosage. J'aime bien les contes, le western,Éric ROHMER, le "road movie" à pied et à dos d'âne avec une touche biker mais je trouve qu'il n'y a pas assez de tout cela. Ces pistes existent mais à peine entrevues, elles se referment aussitôt: frustrant! J'aurais aimé que la réalisatrice se perde et nous perde sur l'un de ces chemins de traverse. Par exemple en suivant cette énigmatique cowgirl sortie de nulle part qui vient soigner la cheville foulée de Antoinette, sans contact, juste par l'énergie rassemblée dans ses mains à la manière du Qi-Gong. Associée à la chanson "My rifle, my Pony and me" interprétée par Dean MARTIN dans "Rio Bravo" (1959) qu'on entend en générique de fin ça aurait vraiment eu de la gueule car les paysages majestueux des Cévennes se prêtent à cette atmosphère. Ou bien, autre piste possible, celle de Marie RIVIÈRE dont la présence rappelle "Le Rayon vert" (1986), l'un de mes films préférés de Éric ROHMER dans laquelle son personnage, Delphine errait comme une âme en peine d'un lieu de vacances à l'autre, boule de solitude mal-aimable parce que ne se sentant nulle part à sa place mais ayant assez de force de caractère pour refuser de se couler dans un rôle social préétabli. Ou encore, tiens, la petite Pauline, triste héroïne de la Comtesse de Ségur victime d'une mauvaise mère et n'ayant pour seul confident et ami que l'âne Cadichon, la sagesse même, à rebours du "bonnet d'âne". Des portraits de femmes sortant des sentiers battus, ayant une véritable identité que ce soit dans le genre "Johnny Guitar" (1954) ou "La Marquise d O..." (1976) ou "Thelma et Louise" (1991) et sa fin sans compromis. Que nenni. "Antoinette dans les Cévennes" prend bien soin de rester sur le sentier balisé du bon gros vaudeville qui tache avec sa maîtresse aux rêves de pacotille dont la situation est en réalité plutôt sordide (elle fait partie à son insu d'une tractation conjugale, son amant est le père de l'une de ses élèves de CM2, bref c'est malsain) et l'émancipation, toute relative. Certes, elle trace son chemin toute seule mais l'image qu'elle renvoie est quand même celle de la pauvre fille perdue qu'on regarde avec condescendance et qu'il faut aider, soigner, porter. Quant à la fin, elle est ambigüe (comme ça, zéro risques). Va-t-elle guider à son tour ou bien retomber dans ses vieux travers?

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