3 jours à Quiberon (Emily Atef, 2018)
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3 jours à Quiberon (Emily Atef, 2018)
Au lendemain du visionnage du film sur Arte (dont j'avais entendu parler et pas qu'en bien), je suis dominée par un sentiment de déception, teinté d'une pointe d'agacement. La démarche esthétique est certes cohérente avec le projet: montrer Romy SCHNEIDER au travers du photo-reportage en noir et blanc réalisé par Robert Lebeck lors du séjour de la star dans un hôtel cinq étoiles à Quiberon en 1981. Ces clichés ont été ensuite publiés dans le magazine allemand "Stern" et étaient accompagnés d'une interview accordée à un jeune journaliste allemand, Michael Jürgs. Sur ce plan-là, il n'y a rien à dire, la reconstitution est réussie, on se croit bien revenu à l'époque de la fin des années 70-début années 80 quand les gens avaient la clope au bec du matin au soir et enfilaient les verres d'alcool, le tout sans censure ni interdictions aucune. De ce point de vue-là, les problèmes d'addiction de Romy Schneider étaient symptomatiques de ceux de la société toute entière, celle-ci étant simplement bien plus excessive et conjuguée à la prise de médicaments pour lutter contre les souffrances liées à la célébrité. On remarquera d'ailleurs que le fait d'être une femme et d'être jugée par la presse allemande est un facteur aggravant. La société allemande tolère bien plus mal qu'en France (et c'était encore pire à l'époque) qu'une femme ayant des enfants travaille car elle était accusée de les délaisser (on les qualifiait de "mères-corbeaux", bonjour la culpabilité).
Néanmoins on ne peut réduire Romy Schneider à la vision négative qu'en avait l'Allemagne qui n'avait visiblement jamais pardonné à la star d'avoir renié "Sissi" (1955)" au profit d'une carrière dans le cinéma d'auteur européen (et surtout français). La raison profonde de cette relation compliquée entre l'actrice et son pays d'origine aurait pu être l'objet d'un film passionnant. Au lieu de quoi on a droit à des questions superficielles dignes de la presse people et inutilement agressives. Pourquoi s'en prendre d'ailleurs à une femme visiblement dépressive? L'attitude du journaliste allemand interroge le spectateur mais n'est pas plus interrogée que le reste. Bref le scénario semble n'être qu'une adaptation littérale du photo-reportage et reste en surface. De plus, le côté forcément poseur de l'exercice (Romy est mitraillée de photos pendant tout le film par un photographe qui est aussi un amant de passage) transforme l'actrice en monstre d'ego. Que peut-il sortir de vraiment intime d'une personne qui est suivie H24 par un photographe et un journaliste? On a donc l'impression de voir quelqu'un qui joue un rôle, celui d'une petite fille gâtée, capricieuse et cyclothymique et cela finit par lasser tant au final le film échoue à dire ce qu'elle était au-delà de l'image créée par le cirque médiatique. C'est dommage car Marie BÄUMER présente une réelle ressemblance avec son modèle (de loin surtout) ce qui était un atout considérable pour la recréer.
Comble d'ironie, la réalisatrice n'a cessé de clamer que son film n'était pas un biopic. Je le confirme mais ce n'est pas un compliment.