Mon crime
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Mon crime
Mon crime, Rodolphe Bringer, Oxymoron
Le narrateur, journaliste, crie dès les prologue avoir perpétré un crime dans son jeune temps. Un crime qu'il ne renie pas, qui ne lui donne aucun remords. En ce temps, là, avant la seconde guerre mondiale, il était journaliste, en quête de bons articles. Interrogeant un prêteur sur gages, icelui s’énerve, sort un revolver, le journaliste le boxe et part. Le lendemain, son patron le met sur l'affaire d'un meurtre, celui du prêteur. C'est alors qu'il comprend qu'il est mort suite à l'uppercut. C'est son ami l'inspecteur Carbon qui enquête, dilemme supplémentaire pour le jeune homme.
Rodolphe Bringer (1869 ou 1871-1943) fut journaliste, collaborateur de pas mal de journaux satiriques, dont le tout récent Canard Enchaîné. Très attaché à sa région, le Tricastin, il y retourne définitivement dès 1925 et continuera d'y écrire. Il fut un écrivain réputé et célébré, oublié de nos jours. Il créa le personnage du Commissaire Rosic, et écrivit un nombre important de romans policiers et d'autres genres.
Mon crime a cela de bien qu'il n'est pas commun. Le narrateur est le coupable, ne veut pas que ça se sache, mais cherche à ce que personne ne soit accusé à sa place. Il faut dire que le décédé est une crapule, un escroc notoire dont la disparition fait plus de bien que de mal. Alerte, vif ce court roman alterne les passages descriptifs en langage correct et passe dans les dialogues à l'argot, au familier teinté de vocabulaire châtié ("congrûment" = de manière convenable). C'est bien tourné et bien trouvé cet angle différent des autres polars, au point qu'on se demande si et comment le journaliste parviendra à orienter son ami policier vers une solution qui satisferait tout le monde.
Par rapport à tout ce que j'ai lu ces dernières semaines dans le genre policier populaire, Rodolphe Bringer, se hisse en haut de la liste.
"J'avais un mort à me reprocher, j’étais un meurtrier, j'avais commis un crime, mais du moment que j'échappais à la Justice aucun remords ne me venait de mon forfait !... Comme l'avait dit Carbon, j'avais débarrassé Paris d'une belle fripouille, et ce Lévy était en vérité un de ces hommes dont la disparition peut être considérée comme une œuvre d'intérêt public !... Un jour ou l'autre ce vilain monsieur eût été arrêté, condamné, et il eut terminé au bagne une vie de rapines, de voleries et de friponneries !... C'était bel et bien, à tout prendre, un service que j'avais rendu à la société."