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Écrire, c'est ajouter la préméditation au crime du langage

Écrire, c'est ajouter la préméditation au crime du langage

Publié le 18 déc. 2022 Mis à jour le 18 déc. 2022 Culture
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Écrire, c'est ajouter la préméditation au crime du langage


Photo de Andrew Medhat sur Unsplash

 

Écrire c’est ajouter la préméditation au crime du langage.

C’est aussi le faire à main armée. La peine encourue est alors plus sévère, nous risquons d’être lu et pour longtemps. Je plaide donc coupable pour ce qui suit.

De nos jours, écrire, est devenu un jeu d’enfant. Est-ce pour cela que notre vocabulaire s’en est appauvri ? Sous couvert de simplification, nous saturons les couleurs de nos mots, faisant disparaître pas là même les nuances et les saveurs de notre langue. La malbouffe de l’écrit se couche désormais sur nos écrans et laisse dégouliner le gras de son langage.

Ce nivellement par le bas entraîne dans son sillage une exponentielle augmentation des ego. À la manière des baudruches, ces melons cognitifs remontent comme des bulles en surface, avant d’éclater et répandre le gaz nauséabond de leur pensée, souvent unique ; si tant est qu’il en reste encore.

Critiquer de façon constructive un texte, quel qu’il soit, relève de l’inconscience numérique, voire du suicide social. Encore récemment, pour avoir démontré qu’un poème qualifié de senryū n’en était de toute évidence pas un, je me suis retrouvé au pilori, jeté en pâture à un mouvement féministe. Le rapport ? Aucun. Mais, l’autrice, sous couvert d’un pseudonyme japonais, et suivie par une masse d’abonnées, en savait donc plus que moi sur l’art du haïku, du muki, et du senryū. D’autant plus que j’étais un homme, de ceux qui « typiquement » veulent « assurer leur domination intellectuelle », etc. Et, cerise sur le gâteau, cette dame en plus de faire partie de la branche radicale du féminisme, était également membre d’un mouvement LGBT +. J’ai pris cher.

Qu’importent mes écrits offerts dans un recueil collectif pour soutenir les violences faites aux femmes.

Qu’importe d’avoir permis à une amie d’échapper aux griffes de son ex-mari.

Qu’importe d’avoir fait condamner mon père pour celles faites à ma fille.

Qu’importe si je n’ai plus de famille à cause de cela.

Qu’importe d’avoir un enfant bisexuel et de l’avoir soutenu en ses choix.

Qu’importe, j’ai critiqué, je suis un homme, je ne suis pas japonais, je n’ai pas assez de followers, donc je suis condamnable à la peine capitale.

Et, roulement de tambour : tous les « qu’importe » sont en fait des masques derrière lesquels je me cache pour mieux me comporter comme un pervers tapi dans l’ombre…

Nous en sommes en là.


Photo de C D-X sur Unsplash

 

Écrire, c'est soigner le mal par le mal

Caché derrière des écrans, tout devient trop facile, trop accessible. Le corollaire est que les auteurs deviennent capricieux ouf, j’ai écrit au masculin.

Une amie éditrice se retrouve, elle aussi, en proie à la vindicte sociale, parce qu’un auteur, extrêmement suivi sur les réseaux sociaux, ne parvient pas à vendre autant de livres que son nombre d’abonnés. Pour avoir lu son œuvre, c’est un récit de niche. L’auteur se voyait pourtant en tête de gondole, dédicaçant son ouvrage aux maîtres du polar. Je n’ai pas encore récupéré mes bras lorsqu’ils sont tombés en apprenant ça.

Lorsque je disais qu’écrire était un crime du langage, vous voyez qu’il y a une certaine véracité, au figuré comme au propre, de mes propos. Insultes, cyberharcèlement, menaces physiques, nous sommes bel et bien dans le registre judiciaire.

Écrire reste pourtant une nécessité. C’est le remède bien connu du traitement du mal, par le mal. Pour autant, à ce traitement curatif d’écriture, il est nécessaire, voire obligatoire, d’y adjoindre un adjuvant. L’adjuvant sans vouloir faire mon savant, je prends les gants, c’est le « traitement auxiliaire, destiné à renforcer ou compléter la médication principale », © 2022 Dictionnaires Le Robert - Le Petit Robert de la langue française.

Quel est donc cet adjuvant au traitement qui pourrait, peut-être, soigner le mal écrire et l’égocentrisme de notre société ? J’ose à peine appuyer sur les touches de mon clavier pour écrire le mot : la lecture.

Je vous souhaite donc de bonnes lectures, que ce soit en visitant mes différentes publications, ou celles des nombreuses autrices et auteurs qui peuplent Panodyssey.

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