Cheminements d'une ame perdue

Mais qui est cette anonyme au bout du fil ? Le titre est particulièrement bien choisi, tant le récit est un fil conducteur entre l’autrice, forcément, mais également celles et ceux qui lisent son roman, et le personnage principal : Juliette. C’est un trio multiple, une mise sur écoute qui place le lecteur dans le costume de l’acteur et du spectateur. 

« Une anonyme au bout du fil » est un roman biographique, à n’en pas douter tant l’encre semble animée de sa volonté propre. C'est un écho dans l’écouteur qui entre en résonance avec l’innombrable. Toutes celles, et ceux, bien que plus rares, qui n’ont pas encore eu la force d’en parler. À ce titre, il entre dans la catégorie des livres thérapeutiques, tant à écrire qu’à lire.

Atrocement somptueux

Juliette se retrouve coincée dans une famille, dans une vie qui n’est pas la sienne. C’est la vie que les autres nous imposent et au sommet de ces autres, ses parents qui voudraient le meilleur pour elle, sans se soucier de ce que peut être le meilleur pour leur fille. Ecorchée, Juliette tente désespérément de chercher une place qui n’existe pas dans un monde sourd à la souffrance.

Avec une plume diablement poétique, Juliette Norel, l’autrice, se dépossède de son existence tragique pour la coucher sur le papier. Elle n’y va pas par quatre chemins. Sa poésie des maux n’empêche pas sa plume de vous plaquer sans ménagement dans une réalité crue, où l’enfance vient se briser les reins sur l’autel des prédateurs. Ils sont nombreux, perfides, lâches, comme toujours, et leur lumière bleue, loin d’être celle d’un rêve, est une lumière électrique qui grésille à chaque fois qu’elle brûle les ailes des papillons.

Coup de cœur

Vous l’aurez compris, « Une anonyme au bout du fil » est une très belle découverte. C’est une de ces pépites que l’on trouve parfois dans la rivière de l’autoédition. Juliette Norel, au travers de ce coup de cœur littéraire, porte à nos oreilles ces voix que l’on occulte. Elle porte à nos yeux le fait qu’il existe aussi la violence de ceux qui minimisent ou taisent. Juliette devient ce témoignage de la résilience, celui qui accompagne le cheminement des âmes perdues vers cette lumière nécessaire au retour de l’estime de soi.

Je mesure, après la dernière page de « Une anonyme au bout du fil », que Juliette n’est pas aussi anonyme que cela, et que j’ai cette chance, inouïe, de pouvoir prolonger mon plaisir avec la suite, « Si je ne t’ai pas, personne ne t’aura », qui vient tout juste de sortir.

Pour aller plus loin

Retrouvez celle qui se cache sous les traits de Juliette Norel et écoutez sa voix, tout aussi sublime que sa plume : Juliette Norel.

Crédits : 

Couverture : Copilot
Illustrations internes : Juliette Norel