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Hors-Normes (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2019)

Hors-Normes (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2019)

Publié le 28 nov. 2019 Mis à jour le 28 févr. 2021 Culture
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Hors-Normes (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2019)

Avec Eric Toledano et Olivier Nakache, "Le silence des justes" (le nom réel de l'association prenant en charge les autistes) s'est transformé en "La voix des justes". Les Justes, ce sont des hommes et des femmes qui pendant la seconde guerre mondiale ont aidé des juifs persécutés par les nazis de façon désintéressée. Près de huit décennies plus tard, Toledano et Nakache se penchent sur quelques-unes de ces personnes qui font leur simple devoir d'être humain auprès des nouveaux parias de la société. Et ils le font sans misérabilisme, en adoptant le ton de la comédie mais sans rien cacher de la dureté des situations abordées. Leur film est engagé, militant et met le doigt sur ce qui fait mal. A savoir deux inspecteurs du ministère de la santé qui se réveillent 15 ans après pour enquêter sur un réseau parallèle englobant associations, médecins et parents agissant en marge de la légalité auprès d'enfants et d'adultes autistes complètement laissés pour compte. Mais tout en dressant un constat implacable des failles de notre société incapable d'intégrer ces personnes différentes, ne sachant qu'en faire et par conséquent les laissant croupir entre les 4 murs d'une chambre d'hôpital (alors qu'ils ne sont pas malades) ou chez leurs parents désemparés, le film est avant tout, comme dans "Intouchables" un récit qui dégage une formidable chaleur humaine et qui est axé sur des rencontres. Celle de Bruno (Vincent Cassel), le fondateur de "La voix des justes" et de Joseph, jeune autiste Asperger. D'un côté ce qui devait être à l'origine une association juive et que Bruno a transformé en auberge espagnole où se côtoie toute la diversité du monde unie par la problématique du handicap autistique. De l'autre ce jeune homme hyper doué pour réparer les machines à laver (mais que son comportement éloigne du marché du travail) et sa mère désemparée (formidable Hélène Vincent dont le monologue résume si bien la détresse des parents de jeunes autistes livrés à eux-mêmes). Bruno et Joseph, Bruno et Hélène qui ne sait le remercier qu'en lui confectionnant toujours le même gâteau à l'ananas. Bruno et Malik (Reda KATEB), le dirigeant de l'association "L'Escale" qui réinsère les jeunes des cités exclus du monde du travail en les plaçant auprès des jeunes autistes de "La voix des justes". Dylan (l'un de ces jeunes d'origine immigrée) et Valentin atteint d'un autisme sévère. Il porte un casque de boxeur pour l'empêcher de se faire mal quand il se tape la tête contre les murs. Et il se terre dans les recoins comme un animal terrifié. A ces jeunes, "La voix des justes" propose surtout de prendre l'air, eux qui ont passé l'essentiel de leur temps enfermé. Danser, caresser et monter des chevaux, faire des gâteaux, dormir ailleurs que chez eux ou à l'hôpital. Et pour Joseph, faire un trajet complet en RER sans paniquer, se faire embaucher dans une entreprise à l'essai (elle n'est visiblement pas prête à faire plus, faute d'information suffisante).

Le personnage clé du film, c'est Bruno. Tout tourne autour de lui. Bruno est ce juste du XXIe siècle qui tend la main à plus démuni que lui en faisant imploser sa propre communauté. De façon assez ironique, des rendez-vous arrangés lui sont proposés durant tout le film mais c'est de façon totalement imprévue et hors de tout cadre et de toute norme que s'esquisse un début de relation. Et contrairement à nombre de films où j'ai pu le voir, ce n'est pas l'arrogance qui émane de Vincent Cassel mais l'humanité un peu cassée de son père Jean-Pierre lorsqu'il donne une capsule de cyanure au mourant qui partage sa cellule dans "L'armée des ombres" afin d'abréger ses souffrances.

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