Histoires d'amour et d'autisme (Love on the spectrum, Cian O'Clery, 2019)
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Histoires d'amour et d'autisme (Love on the spectrum, Cian O'Clery, 2019)
Entre documentaire sur les infinies variations de l'autisme et émission de télé-réalité de dating façon "L'Amour est dans le pré", "Love on the Spectrum" qui se décline pour l'instant en une saison de cinq épisodes est une série australienne qui vient de faire son apparition sur Netflix. Elle ne manque pas totalement d'intérêt mais elle est bancale. Si l'on exclue les considérations mercantiles, l'idée de départ est plutôt bonne puisqu'elle consiste à aider les autistes à trouver l'âme soeur tout en faisant mieux connaître ce trouble auprès des neurotypiques (les non autistes soit l'immense majorité des spectateurs). De fait les portraits des candidats sont tous intéressants et permettent de mieux comprendre la diversité des troubles du spectre autistique (TSA), un handicap encore très mal connu en France. L'autisme se décline en effet sur un spectre, des formes les plus "légères" aux formes les plus sévères. Ce sont les personnes dont les troubles sont les moins accusés qui sont mises le plus souvent en avant dans les médias car elles peuvent parler et "jouer le jeu" social, du moins en surface, j'y reviendrai. L'autre intérêt de la série est de montrer le rôle positif que jouent les thérapies comportementales dans l'intégration des personnes autistes. En effet le coaching propre aux émissions de télé-réalité est utile dans le sens où il permet aux autistes de décrypter le langage non-verbal qu'ils n'ont pas acquis naturellement et qui est important dans la relation amoureuse et à l'inverse d'adopter un comportement approprié dans cette situation.
Néanmoins tout cela reste en surface. L'adaptation comportementale est insuffisante à ouvrir aux autistes le champ des rencontres amoureuses. On remarque qu'à la fin de la série, aucun des candidats n'a réussi à établir une relation avec les partenaires qui leur ont été présentés. Cet échec est camouflé par le portrait de deux couples autistes déjà constitués (qui n'ont pas eu besoin de l'émission donc). En effet le problème est plus profond car les autistes ont non seulement du mal à capter les signaux d'intérêt qu'une autre personne peut leur envoyer et à adopter un comportement approprié mais beaucoup n'arrivent pas non plus à savoir ce qu'ils ressentent vis à vis d'elle, du moins à court terme. La série "Atypical" également diffusée sur Netflix décrit très bien la difficulté à régler le curseur émotionnel qui est soit sur "off" (aucune émotion n'est ressentie) soit sur "100%" (la personne est au contraire submergée par l'émotion). Le coaching ne peut rien face à cette difficulté à accéder à ses émotions et ne parlons pas du speed dating qui est l'inverse de ce qu'un autiste a besoin (du temps). J'ajoute que la série a un autre gros défaut, elle présuppose que les autistes ne peuvent s'entendre qu'avec d'autres autistes puisque les rencontres se déroulent exclusivement entre personnes ayant des TSA. Ce communautarisme est démenti par la réalité. Il existe de nombreux cas de couples mixtes mais surtout cela occulte le fait que l'immense majorité des autistes, y compris légers, faute de prise en charge reste célibataire à vie.