Un mariage en dix actes (2020) Nick Hornby
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Un mariage en dix actes (2020) Nick Hornby
Évidemment j'étais jaloux, mon orgueil en a pris un coup
La relation qu'entretient Nick Hornby avec le cinéma et la télévision n'est pas nouvelle du tout. Son premier roman Carton jaune avait été adapté en Angleterre avec Colin Firth dans le rôle principal puis aux États-Unis avec les frères Farrelly à la réalisation et au casting Drew Barrymore. Son excellent deuxième roman, Haute fidélité, a été adapté par Stephen Frears, quant à À propos d'un gamin, il fut adapté avec Hugh Grant. Plus tard le très intéressant Vous descendez ? a bénéficié lui aussi d'une version cinématographique, directement sortie en DVD dans l’Hexagone, tout comme l'adaptation de Juliet, naked en VoD. Mais l'auteur a également écrit des scenarii pour des long-métrages tels qu'Une éducation. Avec Un mariage en dix actes, initialement série sur la BBC, il reprend la collaboration initiée avec Frears, qui réalisa les épisodes écrits par Hornby.
Tom et Louise se retrouvent dans un pub situé en face de la thérapeute de couple qu'ils vont consulter pour la première fois. Nerveux, Tom a déjà entamé sa boisson et s'est attaqué aux mots croisés d'un quotidien. Ils commencent des dialogues à bâtons rompus, dissertant sur Emmanuel Kant et s'échangeant des nouvelles de leurs enfants. Car Tom a quitté le domicile conjugal après qu'il a appris la liaison que Louise a entretenu avec un autre homme. Tom pose d'ailleurs de nombreuses questions sur la fréquences de leurs rapports et la durée de cette incartade. Louise souligne que si elle en est arrivée là c'est qu'ils ne couchaient plus ensemble et qu'une routine s'installait dans leur couple. Ils comparent alors les relations de couple à des courses à pieds, certaines s'apparentant à des sprint et d'autres à des marathons.
Comme à son habitude, Nick Hornby utilise dans Un mariage en dix actes l'humour comme moteur de son récit. Les dix chapitres du roman ont pour titre une métaphore du couple qui sera développée plus tard. Ainsi, le mariage sera comparé à un marathon, et les références sexuelles qui vont en découler sont assez savoureuses. Tout comme le parallèle que fait l'auteur entre le divorce que sont en train de discuter nos deux quadragénaires avec le Brexit qu'est en train de vivre la nation. On sent que cette actualité a inspiré Hornby, qui analyse durant un court et piquant dialogue les dissensions qui ont pu s'opérer entre les partisans du maintien dans l'Union européenne et leurs adversaires. Le romancier utilise l'humour, parfois à bon escient parfois moins, sur de nombreux sujets contemporains, comme la série Call the midwife ou bien le conflit syrien.
L'efficacité narrative d'Un mariage en dix actes donne toute sa saveur au roman. Ou plutôt devrait-on dire à l’œuvre, car à la lecture la dimension audiovisuelle de l'écriture se ressent. Ce n'est d'ailleurs pas forcément un aspect négatif, la brièveté de l'ensemble apporte un petit côté primesautier pas du tout déplaisant. Nick Hornby n'est pas en train d'écrire son Grand Œuvre, et il en est bien conscient : l'objectif, on le sent tout-à-fait, est de parvenir à un divertissement qui s'avère complètement charmant. Les deux personnages sont bien campés, on en apprend petit à petit suffisamment sur eux pour s'attacher à leurs qualités tout comme à leurs défauts. Les habitués de l'écriture de Nick Hornby s'amuseront de retrouver dans le personnage de Tom les traits de caractère qu'il instille souvent dans ses personnages masculins, qu'il titille gentiment.
La construction d'Un mariage en dix actes participe aussi de l'intérêt que l'on peut porter à lecture du roman. L'idée originale est assez bien trouvée : observer un couple toutes les semaines avant sa séance de thérapie a de quoi allécher le lecteur curieux. D'autant plus que la mécanique est double puisque les deux protagonistes observent les personnes qui sortent de chez leur psychologue et imaginent ce qui les a amené à en arriver là. Cet effet-miroir leur permet d'entamer la discussion et finalement participe à la séance qu'ils s'apprêtent à vivre. Évidemment, après s'être moqué de leurs comparses, des interactions vont s'opérer entre les différents patients, et la projection va pouvoir opérer. Encore une fois, la plume de Nick Hornby nous offre une petite parenthèse amusante et légère qui est tout-à-fait bienvenue.