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Des rêves à tenir (2020) Nicolas Deleau

Des rêves à tenir (2020) Nicolas Deleau

Published Oct 3, 2020 Updated Oct 3, 2020 Culture
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Des rêves à tenir (2020) Nicolas Deleau

Le progrès n'est que l'accomplissement des utopies 

De ses multiples expériences, l’écrivain Nicolas Deleau en tire des récits, dont le dernier en date, Des rêves à tenir, nous embarque tout d’abord dans un port de Bretagne. À plus de 45 ans, l’homme a déjà vécu plusieurs vies : celle de professeur, d’écrivain, et surtout de voyageur. Peut-être est-ce lié à ses ancêtres pêcheurs, le fait est qu’il aime parcourir le Monde. Après ses études en Bretagne puis à l’École normale supérieure, il choisit les îles Kergelen pour durant plus d’un an fair son service national. Il exerce ensuite son métier d’enseignant en Angola et en Éthiopie, puis à Pondichéry. Ces voyages nourrissent son premier recueil de nouvelles, La dent d'orque et autres voyages autour de mes bibelots, puis il publie son premier roman, Les rois d’ailleurs, où un bar de Dunkerque, que l’on retrouve en filigrane dans son dernier récit, inspiré par les livres de Gabriel Garcia Marquez, tient une place prédominante.

Dans un village de Bretagne, le vieux Job revient, lui qui était parti trente ans plus tôt sans crier gare. Il entre dans la cabane d’Armel, un autre disparu de ce port calme en ce dimanche d’hiver. Quelques jours après son arrivée, plusieurs habitués se retrouvent au bar du coin, le Vorlen, quand il fait son apparition. Après un moment d’étonnement, les conversation reprennent, tandis qu’il joue avec un pantin en forme de danseuse. Le groupe qui s’est réuni ce jour ça s’appelle Les partisans de la langouste, qui compte la jeune et belle Gwen, le charpentier Yann, Bic, Gilles, mais aussi ceux qu’on surnomme les jumeaux ainsi que le narrateur. Bic leur annonce qu’une journaliste de radio parisienne a entendu parler de leur organisation et souhaite en faire un reportage. Une discussion s’amorce alors sur la façon dont ils vont parler d’eux, et sur la personne qui va prendre la parole pour les représenter.

L’intrigue principale de Des rêves à tenir est tout simplement basée sur un principe de solidarité et de fraternité. La petite bande des Partisans de la langouste est formée de gentils pieds-nickelés emplis de bonnes intentions. Leur raison d’exister est en priorité de protéger la nature, et en particulier les espèces en voie de disparition. San aucuns moyens, ils mènent des petits coups d’éclat à l’échelle locale, qui on ne sait comment réussit à attirer l’attention d’une journaliste. Non sans malice, ils font découvrir au lecteur ravi leurs gentils méfaits qui ne font en réalité aucun mal à personne mais tentent d’attirer l’attention sur leur cause. Ce n’est que par une suite de petits évènements a priori insignifiants que Nicolas Deleau parvient à faire prendre malicieusement à leurs actions une envergure qui les dépasse, et qui leur permet sans qu’ils s’en rendent compte d'atteindre leurs idéaux.

Ainsi on se demande un peu durant la première partie de Des rêves à tenir où cette histoire va bien nous mener pour finalement nous embarquer vers une aventure joyeusement utopiste, où grâce à l’aide de plusieurs autres personnes, bientôt rejointes par beaucoup d’autres, des pirates vont venir en aide à des migrants. C’est cocasse, c’est assez peu réaliste, et c’est sous-tendu par un message politique certes naïf mais efficace. L’idée de base est que l’entraide ne peut se faire que par des volontés individuelles qui s’unissent, et que les États, en l’occurrence les pays européens, sont inutiles voire néfastes. Si ce constat est par trop simpliste, il permet de mettre autant les responsables politique que les lecteurs face à leurs propre responsabilités. On ne peut que se demander en lisant les aventures des protagonistes ce qu’on aurait fait à leur place, et ce que l’on accomplit au quotidien face à la misère du Monde.

Mais Des rêves à tenir ne s’arrête pas à ce simple état de fait, le roman s’aventure aussi dans des univers tantôt fantastiques tantôt romantiques. L’univers fabuleux du roman est porté par le personnage de Job, par le fait qu’il semble disparaître et que seul le narrateur ne s’en aperçoive.Cette veine surnaturelle est très bien tenue par Nicolas Deleau, qui nous fait gentiment croire à cette présence fantomatique,  parvenant à instaurer un suspense sur sa nature et la cause de cette progressive disparition. Les histoires romanesques que charrient ce personnage nous font voyager et participe du charme exotique qui petit à petit opère. Quant à l’histoire d’amour qui est plus qu’esquissée, elle se révèle pudique et néanmoins forte. On en vient à la fin du roman à presque regretter cette petite bourgade et ses habitants hauts en couleurs qui nous ont emporté par leurs rêves candides et leur humble bravoure.

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