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Brillant comme une larme (2020) Jessica L. Nelson

Brillant comme une larme (2020) Jessica L. Nelson

Published May 24, 2020 Updated May 24, 2020 Culture
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Brillant comme une larme (2020) Jessica L. Nelson

Comme une étoile filante

À bientôt 40 ans, l’auteure de Brillant comme une larme a exercé de nombreuses fonctions dans les milieux littéraires. Après une naissance dans la Drôme, plus précisément à Romans-sur-Isère, Jessica L. Nelson a fait Science Po Paris avec une spécialisation dans la publicité. Elle tisse sa toile dans les milieux de l’édition et du journalisme, officiant comme critique dans plusieurs médias, dans la presse comme dans l’audiovisuel. En parallèle elle fonde un site Internet sur la littérature et une maison d’éditions, qui se spécialise dans les rééditions. Elle écrit aussi deux romans avant celui-ci, mais aussi de nombreuses nouvelles, un essai sur l’anorexie et plusieurs romans pour enfants. Elle s’applique ici à retracer la vie et la carrière fulgurante de Raymond Radiguet, et en filigrane la vie mondaine des années folles à Paris.

Dans un appartement parisien, en avril 1923, cinq convives viennent de terminer leur repas. Chez Valentine et Jean Hugo, arrière-petit-fils de l’écrivain, sont attablés Georges Auric, Jean Cocteau et Raymond Radiguet. Adepte de spiritisme, Jean propose qu’ils organisent une séance sur le champ. Ivres et repus, les participants, habitués à leurs agapes au Bœuf sur le toit et aux bals organisés par le comte de Beaumont hésitent puis finissent par accepter. Un peu en retrait, Radiguet semble d’humeur maussade mais Cocteau, un peu jaloux, ne manque pas de noter les regards concupiscents qu’il porte à Valentine. Autour d’un guéridon, ils commencent à évoquer les esprits et n’ont pas beaucoup de succès. Ils veulent savoir si Le diable au corps obtiendra le Prix du Nouveau monde, et se rendent vite compte que la présence de l’auteur semble un obstacle à leurs desseins.

L’objectif de Jessica L. Nelson dans Brillant comme une larme semble être de faire revivre une époque, celle de l’immédiate après-guerre. Cette période, qui sera par la suite connue comme le début des années folles, a vu défiler dans la capitale française pléthore d’artistes qui se réunissaient à Montmartre ou à Montparnasse. Ce moment de l’Histoire revêt un attrait tout particulier pour de nombreux écrivains, et on sent que l’auteure éprouve une attraction envers les personnages qu’elle dépeint. On ne saurait lui en tenir rigueur, et il faut bien dire que la mythologie qui entourent les bals organisés durant ces années, ainsi que la légèreté, due en grande partie à la volonté d’oublier une période sombre, celle de la guerre, mérite l’intérêt qu’on lui porte. Reste que cela n’a pas beaucoup d’originalité, et que cela a été traité dans beaucoup d’œuvres littéraires ou audiovisuelles.

De même, Brillant comme une larme n’est pas le premier ouvrage traitant de la vie de Raymond Radiguet, loin s’en faut. Ici, Jessica L. Nelson prend le parti de s’éloigner des faits stricto sensu et de romancer une vie qui ne manque pas de péripéties, tout en s’appuyant sur des éléments précis de la biographie de l’auteur. Pour ce faire, elle use et abuse de name dropping, à tel point que la lecture de son roman en devient parfois indigeste. Chacune des pages du livre et truffée de noms des personnalités de l’époque, que Radiguet côtoyait au quotidien, mais qui surchargent le récit. Peut-être est-ce une façon pour l’auteure de nous dépeindre le caractère fragile du jeune homme, qui a un tel besoin de réussite sociale qu’il s’entoure du plus possible de célébrités, et qui s’oublie dans les frivolités afin de faire taire la mélancolie qui l’étreint.

Au-delà de ces obstacles formels, le style de Brillant comme une larme est assez élégant, sans toutefois se distinguer par une prose exceptionnelle. Le roman se lit assez facilement, et sans déplaisir, mais sans réellement dépasser la simple fascination qu'exercent sur nous ses protagonistes, que Jessica L. Nelson parvient cependant tout à fait à nous transmettre. Elle décrit assez justement la personnalité de Raymond Radiguet et l'attrait qu’il pouvait visiblement transmettre à ses contemporains. Le caractère précoce de sa trajectoire, et les relations qu’il a pu nouer avec de nombreuses femmes, et évidemment avec Jean Cocteau, semblent tout à fait conformes à ce qui a pu être écrit. La façon dont il est dépeint n’est d’ailleurs pas que flatteuse : on sent apparaître au fil des pages les aspérités du personnage, qu’on a parfois du mal à apprécier. Cet aspect aurait d'ailleurs mérité d'être creusé.

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