OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire (Nicolas Bedos, 2021)
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OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire (Nicolas Bedos, 2021)
Il fallait beaucoup de talent pour rendre sympathique un personnage détestable et pour faire rire de sujets délicats, un rire plus subversif qu'il n'y paraissait au premier abord d'ailleurs. Je me doutais que le troisième film des aventures de l'OSS 117 avec Jean Dujardin allait pâtir de l'absence de la Hazanavicius touch, notamment son élégance, sa culture cinématographique et son sens du pastiche aussi soigné qu'incisif. Je ne me trompais pas. "Alerte rouge en Afrique noire" est le film laborieux d'un élève appliqué, maladroit et confus qui ne trouve ni le bon rythme ni le ton juste. Par conséquent on a affaire à une sorte de sous James Bond (abondamment pompé) longuet, répétitif, pas drôle et parfaitement inutile. Son pitch copie également le quatrième Die Hard car il repose sur l'association d'un has been (OSS 117) et d'un petit jeune dans le vent des années quatre-vingts (OSS 1001). Sauf que la crise d'identité d'un homme dépassé par son époque était déjà dans les deux premiers volets et était traitée avec beaucoup plus de finesse (sa bisexualité refoulée notamment). Le charme du personnage de Jean Dujardin s'efface ici au profit d'une caricature de beauf bien lourde et Pierre Niney en geek métrosexuel n'est guère plus convaincant. Tout le reste est à l'avenant que ce soit le traitement ridicule de la Françafrique (qui était pourtant un sujet en or) ou des personnages (masculins et féminins) qui n'ont aucune consistance, aucune saveur et dont OSS 117 se fiche d'ailleurs royalement. Le scénario (pourtant écrit par le même auteur que les deux premiers volets) semble ne pas savoir où il va et ce qu'il veut raconter. Au final, ce qu'on retient de ce OSS 117, ce sont ses problèmes envahissants de quéquette qui se retrouvent jusque dans la chanson favorite du président Bamba (son grand complice), "Les Sucettes". Quand on n'est pas un obsédé de la chose, on trouve juste tout cela mufle, indigeste et profondément malaisant. Avec Michel Hazanavicius, seuls les propos d'OSS 117 étaient odieux, non les actes, car en bon connaisseur des principes du cinéma burlesque, il savait qu'il fallait préserver l'innocence du personnage pour que la mayonnaise prenne. Nicolas Bedos le salit en le rabaissant au stade de porc lubrique (ce qui vaut aussi pour les personnages féminins qui "ne pensent qu'à ça" dès le premier regard) et en le rendant indifférent au sort d'autrui, alliés comme ennemis. Et ce n'est pas les références à "L'île aux enfants" qui répareront les dégâts.