Ce que disent les fleurs (What the Daisy said, D.W. Griffith, 1910)
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Ce que disent les fleurs (What the Daisy said, D.W. Griffith, 1910)
Un court-métrage qui résume parfaitement le paradoxe Griffith, cinq ans avant "Naissance d'une nation": une grande maîtrise formelle au service d'un récit raciste.
La beauté du film provient de plans fixes composés comme des tableaux vivants. On se croirait chez les frère Lumière, sauf que chez Griffith il y a une succession de plans et donc un montage. Néanmoins, les cadres choisis pour filmer l'action sont peu nombreux et reviennent souvent: un champ de marguerites, une forêt avec des cascades en arrière-plan, un jardin, un escalier, l'entrée d'une maison, la roulotte et la tente des bohémiens.
Mais ces plans, esthétiquement superbes, n'ont pas été choisis au hasard. Ils ont une valeur symbolique. La maison, le jardin et le champ sont le domaine des fermiers. L'escalier relie ce domaine "civilisé" à celui des pulsions sauvages symbolisées par le gitan, la forêt et ses cascades. Ce dualisme est en effet mis au service d'un récit qui met en scène la phobie des relations interraciales. Il tourne autour de deux jeunes filles romantiques (dont l'une est jouée par Mary Pickford qui n'avait alors que 18 ans). Dédaignant les ouvriers agricoles qui les courtisent, elle sont tentées par l'aventure avec un beau gitan qui s'est installé avec les siens non loin de chez elles. Sauf que celui-ci passe de l'une à l'autre sans scrupules et devient violent lorsque le père tente de défendre la "vertu" de ses filles. Pourchassé par les ouvriers agricoles en colère (le lynchage n'est pas loin), il est obligé de s'enfuir et les jeunes filles finissent dans les bras des fermiers. La terreur suprême des racistes, celle du métissage est donc écartée, voilà ce que disent in fine les marguerites dont la blancheur n'échappe à personne en dépit de l'image en noir et blanc. %MCEPASTEBIN%