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Bergman island (Mia Hansen-Love, 2021)

Bergman island (Mia Hansen-Love, 2021)

Published Feb 24, 2022 Updated Feb 24, 2022 Culture
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Bergman island (Mia Hansen-Love, 2021)

Il n'y a selon moi que deux ou trois choses à sauver dans ce film: la musique, les paysages (très bien photographiés) ... et la bibliothèque de Ingmar Bergman. Pour le reste, il s'agit d'un exercice de style calibré pour plaire à la critique cannoise c'est à dire à une élite bourgeoise internationale ayant par le passé déjà sacré un film qui tournait autour du réalisateur suédois ("Les meilleures intentions" de Bille August en 1992). Mais pour vraiment le connaître, mieux vaut passer son chemin que de regarder ce film prétentieux et creux qui n'est même pas capable de restituer correctement ce qui fait le génie du réalisateur. On a droit au contraire à une vision caricaturale, sinistre et nombriliste qui évacue la part de magie et d'enfance de son oeuvre ("La Flûte enchantée" et "Fanny et Alexandre" en étant les plus beaux exemples) et plus généralement, tout son versant lumineux (la comédie "Sourires d'une nuit d'été" n'est même pas évoquée sans parler des baladins, comédiens et jeunes menant la vie de bohème pleins de joie de vivre qui peuplent nombre de ses films. Quant à "Scènes de la vie conjugale", le film le réduit à un cliché, celui des divorces que celui-ci aurait entraîné alors qu'il est bien plus complexe que cela). Et si le but était de faire de l'ironie sur le culte du cinéaste, c'est raté: Ingmar Bergman n'est certainement pas quelqu'un qui génère un tourisme de masse!

L'aspect inauthentique du prétendu hommage à Ingmar Bergman (hormis la beauté des lieux qui l'ont inspiré) est ce qui m'a le plus agacé tant il sent la posture à plein nez. Si on l'enlève, il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Le couple de scénaristes américains interprétés par Tim Roth et Vicky Krieps est lui aussi l'objet d'une enfilade de clichés (paraît-ils, autobiographiques. Mais on ne fait pas des films que pour soi ou pour l'entre-soi, surtout que ni Mia Hansen-Love, ni Olivier Assayas ne sont Ingmar Bergman): la différence d'âge déjà entre les deux (la deuxième pourrait être la fille du premier), leur très vague crise conjugale à peine effleurée, leurs scénarios bidons (comme l'est celui du film). De celui de monsieur, on ne saura absolument rien sinon qu'il contient des dessins copiés sur le Kamasutra (ou inspirés de Sade?) Quant à celui de madame, il fait l'objet d'une double mise en abyme totalement inutile au vu de la vacuité de son sujet (un couple qui se sépare, se retrouve, se sépare à nouveau etc. joués par Mia Wasikowska et Anders Danielsen Lie, acteurs que décidément je ne vois que dans des films que je n'aime pas etc.) Tout cela se termine en queue de poisson, logique puisqu'il n'y avait rien à dire.  

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