Lambchop – Trip 2020 - La rose aux tons purpurins épanouie en pleine lumière.
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Lambchop – Trip 2020 - La rose aux tons purpurins épanouie en pleine lumière.
C'était mieux avant (c'est ce que nous disons à chaque fois) heureusement cet adage n'est pas toujours vrai pour nous les assoiffés de musique... D’autres musiciens et auteurs sont bien là, accompagnés par les anciens, relancés par eux ou influencés et la roue tourne avec tous ceux qui continuent à élancer la machine des sons... Pour nous emporter à chaque fois encore plus haut.
Il y a l'éternel retour, et Lambchop de Nashville pour beaucoup d'entre vous et ceux qui le connaissent (leur carrière débuta il y a trente ans déjà), reviens toujours sarcler le même lopin de terre, oui, mes amis, vous avez entièrement raison, et pourtant pour moi, Lambchop, à chacune de ses nouvelles livraisons, offrent à mes oreilles toute une variété de tons. Et, oui, le sentiment de déjà vu prime, mais c'est celui d'un ami que l'on retrouve au coin d'un bon feu chaleureux. Il nous raconte ses histoires mélancoliques, et sa musique, même avec ses enluminures électroniques à l'heure d'aujourd'hui, est toujours champêtre; au fil des ans et de chacun de ses albums, je redécouvre encore quelque chose... Pourtant, je ne saisis pas toutes les subtilités contenues dans les paroles de ses chansons mais, pour moi, le mystère persiste et ses chansons feutrées continuent à se presser contre mon cœur, glissant leur douceur, leur lumière, avec ses transparences et ses voilages si pâles.
Ici, dans cet album Trip le bien nommé "Voyage", fait de reprises -entre autre Stewie Wonder- que chaque musicien du groupe de Kurt Wagner, alternativement, a choisies, tout Lambchop résonne, à la fois familier et en même temps complètement inédit, cela murmure, cela se pose, se réveille ou s’éveille, pareille à cette rose, aux tons pastels, qui sur la pochette de l’album s’épanouit magnifiquement parmi toute cette lumière jaune irradiante.
Rien que sa voix déjà... La voix de Kurt, rauque et quasi épuisée, toujours à bout de souffle… Mais dont les graves profonds imprègnent chaque morceau. Dès les premières notes, ses plaintes, l'air de rien, m'effleurent le tympan, tout doucement... Et le sortilège se perpétue. A chacun de ses albums, je tends l'oreille pour attraper tout ce qui en émane, ces contenus riches et pauvres à la fois, la mélodie est nue, fragile...
Dans cet album, j'entends aussi parfois Robert Wyatt
et le regretté Mark Hollis – en solo ou avec Talk Talk-
(ces grands parmi les grands qui savaient, en abandonnant toute cette douleur avec la souffrance qu'ils contenaient, et en l'expurgeant, vous construire des morceaux, en épopées quasi silencieuses qui s'en venaient se fracasser contre nos corps, ébahis à chaque fois par le tonnerre, survenant entre chaque murmure et mots susurrés.)
Du même donc, de la répétition, de la variation, c'est avec tout cela que sa musique se construit. Et dans ces textures, en ces soieries, la voix de Kurt, comme un phare éclairant les brumes mélodieuses, nous ramène jusqu'au bon rivage, où nous pouvons accoster, au terme du morceau. Je pense justement à ce fameux morceau, qui m'a quant à moi sidéré, de treize minutes "Reservations" des autres amis Wilco -tiré de leur album et chef d'oeuvre "Yankee Hotel Foxtrot (2002)" (tout comme s'il répondait en adressant une missive à un ami perdu – Jeff Tweedy l’ossature de Wilco).
Comme Kurt, je suis aussi un peintre et c'est peut-être cela qui me fait ressentir les motifs de ses chansons d'une façon particulière, car je sens en elles des teintes, des coloris, des motifs, des compositions fines et délicates, avec des jeux d'ombre particuliers, des dessins aux traits sinueux qui s'entrelacent parmi les courbes des mélodies.
Et voilà, je l'ai écouté tout en écrivant ces impressions et le temps, fugace, est passé, l’album s’est achevé l’air de rien en étendant à sa suite une pénombre à peine ajourée.
Alors, je réactive le lecteur et les notes de piano, étendues, résonnent encore entre chaque silence abandonné parmi ces notes blanches.