Ciels de Grèce (2020) Vonny Dufossé
On Panodyssey, you can read up to 30 publications per month without being logged in. Enjoy29 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Ciels de Grèce (2020) Vonny Dufossé
Que j'aime ce port du bout du monde que le soleil inonde
Si Ciels de Grèce est son premier recueil de nouvelles, Vonny Dufossé a déjà publié plusieurs romans. À son actif on peut trouver des livres de lecture pédagogiques pour les enfants, utilisés en milieux scolaires, et qui font écho à son métier de conseillère pédagogique. Elle a aussi écrit un roman pour la jeunesse, Chiffon ou Les peurs d'un petit chien, qui met en scène un chiot portant un regard inquiet sur la société des hommes. Dans ce roman, un voyage en Grèce est évoqué, et ce n’est pas anodin, vu l’amour que porte l’autrice pour ce pays, où elle retourne régulièrement et dont elle maîtrise la langue. Le livre est publié dans la collection Jasmin littérature des Éditions du jasmin qui publient régulièrement des récits provenant du Monde entier. Découvrir de nouvelles cultures, s’ouvrir à de nouveaux horizons, voilà un mot d’ordre bienvenu.
Un groupe d’amis, membres d’un cours de grec moderne donné par Alékos, se retrouvent en fin d’année dans le quartier des Gobelins pour assister à une projection de films helléniques. Laurent est en particulier heureux de retrouver Bella, qui ne manque pas de l’attirer mais qui est avec Constantin. On retrouve aussi Florence, qui a travaillé dans l’informatique et que Laurent trouve un peu fade. Lui-même est professeur d’histoire et de géographie dans un lycée, tandis qu’Aurélien et Xavier, en couple, sont magasinier et vendeur. Arrivent enfin Gilles, apprenti acteur, et la piquante Pauline, qui s’exercent aux danses traditionnelles grecques. Ils sont tous entre 18 et 25 ans et sont unis par l’amour d’un pays où ils ont passé des instants mémorables qu’ils se racontent à l’envi, et dont les souvenirs parsèment les soirées qu’ils passent ensemble.
Les onze nouvelles que constituent Ciels de Grèce sont toutes intéressantes, chacune d’une façon différente. Pour qui s’intéresse peu ou prou à la nation de Platon et de Melína Mercoúri, c’est un plaisir de retrouver l’ambiance et les couleurs de ce pays. On parvient en lisant les mots de Vonny Dufossé à sentir les parfums des orangers en fleurs, à imaginer la douceur des rayons du soleil qui dardent sur la peau. Quasiment tous les aspects de la Grèce sont évoqués au travers de ces destins, en majorité de français expatriés ou non, mais qui gardent toutes et tous un lien avec la patrie hellénique. Ainsi on va retrouver des villages dans des îles, qui hésitent entre tradition et modernité, mais aussi des touristes en goguette qui s’intéressent modérément à la culture, ou bien des amoureux, des familles, des amis, qui se retrouvent sous les ciels bleus de la Méditerranée.
Plusieurs des nouvelles qui composent Ciels de Grèce retiennent particulièrement l’attention du lecteur, selon sa proximité ou non au sujet qui y est présenté. Du lointain de nos rêves est par exemple très bien construit. Ce segment nous raconte l’histoire de Yannis et de Manos, qui se retrouvent dans une cité universitaire parisienne après avoir été voisins à Athènes. Les deux jeunes hommes partent ensemble à Delphes durant les vacances et redécouvrent les beautés de leur pays natal. Durant ce voyage, Yannis se rend compte de l’attirance qu’il éprouve pour son compagnon, dont la beauté souvent vantée lui rappelle les auriges, ces conducteurs de char de course représentés par de célèbres statues. La fin de l’histoire, très fine et élégante, ne manque pas de surprendre et apporte un éclairage nouveau au récit qui nous a été fait.
Plusieurs des nouvelles de Ciels de Grèce ont un humour tout à fait réjouissant. On pense évidemment à Soirée grecque au Patras club, qui nous raconte avec pertinence les pérégrinations d’une guide touristique en proie aux demandes les plus incongrues de ses clients, toutes et tous aussi pénibles les unes et les uns que les autres. On se laisse aussi emporter par la nostalgie de ce vieil homme ou par la malice de Madame Ana, on se prend d’affection pour ce mari qui se rend compte tout à coup qu’il n’aime plus son épouse. En quelques pages, Vonny Dufossé parvient parfaitement à nous peindre les caractères souvent hauts en couleurs de ses personnages, et ne nous ennuie jamais. Si la plupart du temps les recueils de nouvelles mélangent des histoires de qualité et d’intérêt variable, ici chacun des récits possède sa propre flamme, et l’on s’évade avec délectation dans ces contrées ensoleillées.