Face au premier groupe de panthères, Lisa et Billy ne rencontrent pas de

difficultés majeures pour le moment. Ils parviennent à assommer – grâce aux

Mossues de Billy – et à épuiser leurs adversaires, tandis que les soldalmatiens font

bloc. La « formation niche » n’est pas la meilleure pour attaquer, mais elle est idéale

pour créer un rempart infranchissable.

Serrées près du bord du fleuve, les panthères

n’ont pas assez d’espace pour contre-attaquer. L’une d’entre elles est même tombée

dans le fleuve, comme le souhaitait Lisa. Une panthère de moins, ce n’est pas rien !

Quant aux loups sacrés, ils utilisent leurs pouvoirs de brume pour brouiller la vision

de leurs ennemis. Ces derniers ne parviennent plus à attaquer aussi efficacement

qu’avant.

– La stratégie fonctionne mieux ici que pour l’autre groupe de panthères…

constate Lisa en jetant un coup d’œil au loin.

Toujours en train de chevaucher le Père des loups, elle prend le temps d’observer

les sabradors au combat. Ils sont de moins en moins nombreux à être encore en état

de se battre… Pourtant, les Bazookaniches font de leur mieux pour projeter des

bombes sur les panthères ; même le Commandentier est là pour participer à l’assaut !

Il se sert de son bon vieux canon-à-os pour soutenir les troupes et essaie de les

encourager de sa grosse voix :

– En avant soldats ! On va mater ces matous, z’allez voir ! On a battu l’armée de

Suprêmiaou, alors on peut s’occuper de ces gros chats. La Révoltruffe ne se laissera

pas faire, nom d’un chat de gouttière !

Mais cette fois-ci, rien n’y fait. Face à des panthères si nombreuses, il va falloir

abandonner la lutte contre ce groupe-ci. Très vite les trois sabradors restants se

retirent et se réfugient de l’autre côté. Le second groupe de panthères est désormais

hors de contrôle.

Lisa pousse un soupir de déception et, comme si cette mauvaise nouvelle ne

suffisait pas, elle lève la tête et écarquille les yeux de stupeur.

– Qu’est-ce qu’ils font encore là-haut ?! Ils doivent vite redescendre !

Une dernière aéro-niche est toujours en vol, afin d’essayer de larguer quelques

bombes électriques. Cette manœuvre est risquée car les projectiles pourraient

atteindre les Canins. D’autant plus que ce vaisseau constitue une cible facile pour

les panthères noires, qui se tiennent toujours en position de tir sur le Chaudron.

À l’intérieur de cette aéro-niche, c’est l’Orfèvre qui insiste pour continuer le

bombardement. Il veut absolument affaiblir les panthères de feu malgré les

avertissements du pilote, qui tremble de peur :

– Je vous le répète, nous courons un grave danger ! À tout moment, les panthères

noires peuvent …

– Pensez à nos alliés, qui risquent de se faire encercler par les panthères ! s’agace

l’Orfèvre. Croyez-moi, je peux les atteindre d’ici. Donnez-moi encore un peu de

temps, c’est tout. Nous devons aider les troupes à tout prix !

Très embarrassé, le pilote obéit aux consignes du teckel. Il se tient seul avec lui

dans cette aéro-niche. Les deux Canins risquent leur vie, autant l’un que l’autre.

Le pilote prie pour que les panthères noires n’aperçoivent pas leur vaisseau…

mais soudain, le tonnerre résonne. En une fraction de seconde, l’aéro-niche est

projeté en arrière et prend feu. L’Orfèvre fait de son mieux pour s’accrocher, tandis

que le pilote est en panique totale.

– Redressez, vite ! s’écrie le teckel en tremblant.

– Je ne peux plus diriger l’appareil ! Les commandes ne répondent plus !

Le vaisseau perd de l’altitude et descend à une vitesse dangereuse, en tournant

sur lui-même. Telle une météorite, l’aéro-niche enflammée s’écrase violemment

dans une impressionnante déflagration, sous le regard apitoyé de tous les Canins.

– C’est l’Orfèvre ! hurle Lisa jusqu’à se briser la voix. Nooon !

Touché en plein cœur, Billy tombe à genoux et lâche ses armes. La boule au

ventre, il repense au vieux teckel et à son sourire espiègle. L’Orfèvre était comme

un ami pour lui. Le moral de Lisa et Billy s’effondre brusquement après avoir assisté

à tant de violence. Le chihuahua est soudainement pris d’une colère qui ne lui

ressemble pas : il lance brutalement l’une de ses Mossues en direction d’une

panthère, qui se retrouve projetée dans le Sandroc avec la force de l’impact. Mais

cela ne satisfait pas Billy pour autant, il est toujours aussi maussade.

La Révoltruffe est en deuil, face à la disparition de son plus grand armurier ainsi

que d’une vingtaine de Canins.

Jusqu’ici, le Dernier combat ne se déroule pas vraiment comme prévu…