

Falcon-Dog 2 - Chapitre 4 ter
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Falcon-Dog 2 - Chapitre 4 ter
Falcon-Dog est seul dans sa chambre, perdu dans ses pensées. Depuis son
affrontement avec la panthère, il ne peut s’empêcher de repenser à la puissance de
ce fauve. Au moment de partir du village du Canyon rouge, le dernier regard de la
panthère, à la fois provocateur et vengeur, l’avait brûlé de honte.
Un super-chien aux pouvoirs de glace est en position de faiblesse
face à un tel monstre de feu. Et cette idée lui est insupportable.
Le golden retriever avait toujours réussi à surprendre son entourage, dès que la
Révoltruffe l’avait recueilli. Prisonnier de la salle givrée, c’était le seul à avoir
survécu aux températures extrêmement basses de l’expérience « Froz », l’objet de
recherche des scientifélins de Suprêmiaou. Cette première prouesse s’était suivie de
l’acquisition de son pouvoir, en avalant ce fameux boîtier électronique capable de
générer du froid ; son corps s’y était parfaitement habitué. Néanmoins, Falcon-Dog
avait dû apprendre à contrôler ses pouvoirs et à canaliser son énergie débordante. On
avait vite remarqué son formidable potentiel lors de ses entraînements, puisque son
niveau montait de jour en jour. Absolument rien ne semblait l’essouffler ou le
décourager.
Il y a quelques jours à peine, Falcon-Dog a rendu visite à l’Orfèvre, dans son
atelier. C’était un conseil de Rétopin, qui souhaitait faire inspecter le boîtier
électronique du super-chien, à l’origine de ses pouvoirs. Il fallait le mettre à jour,
depuis tout ce temps. L’Orfèvre s’est donc servi d’un grand scanner, capable de
visualiser le boîtier, pour vérifier qu’il n’y avait aucun problème. Après de longues
observations et avec l’aide d’un infirmier canin, il a constaté que le corps de Falcon-Dog n’était pas dérangé par ce boîtier, au contraire : sa physionomie lui avait même
permis de produire du froid ! « Il n’y a pas que ton souffle qui peut être glacé, a
expliqué l’Orfèvre. Si tu te concentres suffisamment, tu seras capable de créer de la
glace à la force de tes pattes ! Le secret pour maîtriser de tels pouvoirs, c’est
d’inspirer profondément… Malgré ça, ton seul point faible reste le feu mais, si tu
arrives à trouver ton équilibre intérieur, la glace te protégera. » Falcon-Dog a
parfaitement retenu les conseils de l’Orfèvre.
Mais maintenant, le super-chien pense surtout aux batailles qu’il a menées contre
les félins. Tous ces événements sont si lointains et pourtant toujours aussi proches
de lui aujourd’hui. Avec une pointe de nostalgie, il récapitule tout ce qu’il a acquis :
— Un souffle de glace capable de congeler les ennemis. Une grande vitesse
qu’aucun Canin n’a pu dépasser. Un super-saut qui me permet presque de survoler
mes adversaires. Tous ces pouvoirs m’ont permis d’aider la Révoltruffe, d’être
apprécié de tous les Canins, de vaincre Suprêmiaou. On m’a même donné le titre de
« Falcon-Dog », un honneur décerné aux plus grands héros, apparemment. Mais…
Le flocon qui orne son médaillon doré semble être plus terne qu’auparavant. Sa
cape, en partie brûlée, n’a plus le même prestige. Même sa posture n’est plus celle
du vaillant héros, qui se dresse contre le moindre danger.
— Mais je ne mérite plus tout ça… soupire-t-il. Je ne pourrai jamais vaincre ces
panthères de feu. J’ai toujours misé sur mon souffle glacé mais, à présent, cela ne
suffira plus. Mes ennemis maîtrisent la chaleur et le feu, et ce sont mes points faibles.
Alors, même si je fais partie de l’équipe, je ne serai d’aucune utilité.
Désespéré, le golden retriever se lève péniblement et se force à rejoindre la salle
où s'entraînent les super-chiots. Son visage, pourtant maussade, s’illumine tout-àcoup en voyant Mentalos. Aujourd’hui, c’est à son tour de de se charger des
apprentis : ils se relaient constamment pour qu’ils ne se retrouvent jamais sans
mentor.
— Mentalos… se dit-il. Tu as toujours été là pour les autres. Toujours. Et pour
moi aussi.
Son héros, son sauveur, son idole. Ce super-chien aux pouvoirs remarquables et
d’une modestie incomparable avait été le premier à lui faire confiance. Dès le
moment où Falcon avait acquis son pouvoir, alors qu’il venait tout juste d’être libéré,
Mentalos s’était fié à lui pour congeler un grand nombre de gardes félins d’un seul
coup. Le jeune golden retriever découvrait son souffle glacé, tout nouveau pour lui,
mais progressait très vite : son super-chien préféré avait vu avant les autres son
immense potentiel.
— Il est occupé, je ne vais pas le déranger maintenant, se dit Falcon-Dog en
s’éloignant. Je ferai mieux de rejoindre le nouveau secteur. Peut-être que je pourrais
m’y entraîner un peu.
En effet, un tout nouvel endroit vient tout juste
d’être aménagé : destiné spécialement à l'entraînement
contre les panthères, il s’agit d’une grande salle,
imitant un décor sauvage, entourée de deux énormes
lance-flammes. Ces machines redoutables peuvent
pivoter, changer de cible et cracher de petits jets de feu
ou de longues gerbes flamboyantes. Autrefois
destinées à la défense de la base Spectror, elles sont
aujourd’hui adaptées pour simuler un affrontement avec les panthères. Ce nouveau
secteur d'entraînement est désormais ouvert. Il suffit juste d’activer l’une des deux
manettes pour lancer une simulation, avec un ou deux lance-flammes.
Falcon-Dog y entre librement et constate le travail fourni pour aménager ce lieu :
— Ils ont placé des faux arbres, des rochers, de la terre, du sable, et même creusé
un petit cours d’eau !
Il relève la tête et pousse un sifflement, impressionné : l’un des deux lanceflammes colossaux se trouve en face de lui. Il est aussi massif qu’une panthère, aussi
haut qu’une panthère, aussi intimidant qu’une panthère, aussi brûlant qu’une
panthère. Et aussi provocateur… Après avoir rapidement réfléchi, Falcon-Dog se
décide à passer à l’action sans tarder.
— À nous deux, la panthère ! lance-t-il en activant une manette.
Dans le gigantesque atelier de l’Orfèvre, quelques bougies sont allumées. Elles
diffusent leur lueur pâle sur les murs recouverts des plans des meilleures armes de
la Révoltruffe. Le vieux teckel, courbé sur son bureau, n’interrompt jamais son
travail appliqué. Pressé par le temps dans ce contexte urgent, il redouble d’effort et
de concentration pour concevoir un nouvel équipement. L’armurier est tellement
absorbé dans ses tâches qu’il ne remarque même pas qu’il vient de faire tomber une
bougie, qui roule jusqu’à sa gamelle.
Ses esquisses sont d’une telle précision et d’un tel réalisme que l’on visualise
parfaitement l’arme comme si elle était déjà construite ! Ce nouveau modèle de
bouclier est destiné à protéger celui qui le porte des flammes soufflées par les
panthères.
— Saperlicroquette, j’ai enfin fini ! conclut l’Orfèvre, comme à chaque fois qu’il
termine un croquis. Avant de se mettre à la conception, il me reste à trouver la
matière adéquate qui constituera ce bouclier. Réfléchissons…
Sur son bureau, il remarque enfin que sa gamelle est soumise aux flammes de la
bougie renversée depuis quelques minutes. Trop paisible pour paniquer, l’armurier
se contente de la contempler avec fascination. Il retire délicatement la bougie, saisit
sa gamelle avec une pince, l’observe sous tous ses angles de son œil assidu. Tandis
qu’il murmure « Ça alors ! » ou encore « J’aurais dû y penser… », quiconque
rentrerait dans son atelier le prendrait pour un fou… mais cet armurier est le meilleur
d’Ethélys et le plus passionné.
— Je sais comment concevoir le plus performant de tous les boucliers !
fanfaronne l’Orfèvre en levant ses petites pattes. J’ai toutes les idées qu’il me faut.
Allez, au boulot !

