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Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest, Milos Forman, 1975)

Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest, Milos Forman, 1975)

Veröffentlicht am 25, Apr., 2020 Aktualisiert am 25, Apr., 2020 Kultur
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Vol au-dessus d'un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest, Milos Forman, 1975)

Hymne à la liberté et à la résistance, grand film humaniste qui n'a pas pris une seule ride en 45 ans et qui garde intacte toute sa puissance émotionnelle et son caractère de brûlot politique. Le film possède d'ailleurs plusieurs niveaux de lecture (comme souvent avec les bons films).

Sur le plan historique tout d'abord, la métaphore politique est limpide. Le film date de 1975 (guerre froide) et son réalisateur, Milos Forman a fui la Tchécoslovaquie juste après le printemps de Prague réprimé dans le sang par les soviétiques. L'hôpital psychiatrique aux allures de camp de concentration c'est la Tchécoslovaquie et Mildred Ratched l'infirmière tyrannique personnifie le pouvoir communiste. Quant à McMurphy (Jack Nicholson) c'est bien sûr Milos Forman lui-même, un résistant et un rebelle qui tente par tous les moyens de s'évader et de faire évader ses camarades soumis (le peuple tchécoslovaque), tente de leur redonner le goût de la vie et de la liberté avec à chaque escapade un retour de bâton plus terrifiant que le précédent. L'hôpital psychiatrique était d'ailleurs largement utilisé par l'URSS pour enfermer et détruire la personnalité des opposants à coup de médicaments, d'électrochocs et de lobotomies (ce qui arrive finalement à McMurphy).

Mais le film de par son caractère universel symbolise la résistance à toutes les oppressions y compris occidentales. Ainsi les malades mentaux sont en réalité plutôt des hommes en souffrance qui n'arrivent pas à se conformer aux normes sociales. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Danny de Vito et Christopher Lloyd qui débutaient au cinéma ont ensuite fait des films avec Zemeckis (A la poursuite du diamant vert pour le premier, Qui veut la peau de Roger Rabbit et la trilogie Retour vers le futur pour le second). Zemeckis développe une thématique autour de la normalité et de la folie dans son oeuvre et cite directement le film de Forman au début de la mort vous va si bien. Quant au personnage de Big Chief, il incarne le sort du peuple indien tout entier, aliéné et muselé par la domination des blancs (y compris McMurphy) à laquelle il oppose une farouche résistance passive. L'évolution de McMurphy qui passe au cours du film du petit voyou égoïste au leader charismatique et manipulateur en lutte frontale avec Ratched puis à la figure christique sacrificielle altruiste permet au final un miracle, celui de libérer l'indien (en lui? Sa part la plus noble sans doute...)

Enfin l'hôpital psychiatrique incarne également l'abus parental. Mildred Ratched a tout de la mère castratrice qui abuse de son pouvoir, culpabilise et infantilise ses patients "pour leur bien" (pour reprendre l'expression d'Alice Miller.) D'ailleurs elle finit par se confondre avec la mère de l'un des patients, Billy qui interdit à son fils de devenir un homme. On peut rajouter que si sa confrontation avec McMurphy révèle de profondes similitudes entre eux (le narcissisme, la quête de pouvoir et d'attention, le rapport déréglé à la sexualité) on ne peut pas les mettre sur le même plan. Ratched joue sur les sentiments négatifs de ses patients pour mieux les contrôler alors que McMurphy joue sur leurs sentiments positifs et après avoir occupé le centre de la scène accepte au final de s'effacer du tableau (on peut y voir une attitude réflexive de l'artiste sur lui-même).

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