Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner, Nora Twoney, 2017)
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Parvana, une enfance en Afghanistan (The Breadwinner, Nora Twoney, 2017)
Dans un avis précédent sur "Les Hirondelles de Kaboul" (2019) postérieur à "Parvana, une enfance en Afghanistan", je déplorais la fascination des occidentaux pour le sinistre régime des Talibans en Afghanistan dans le domaine du cinéma d'animation contribuant ainsi à ancrer toujours un peu plus dans le cerveau des "têtes blondes" (expression révélatrice de stéréotypes racisés qui ne disent pas leur nom) la confusion entre islam et islamisme radical. Si cette confusion est largement partagée dans le monde adulte abreuvé de médias répétant en boucle que l'Occident est la civilisation des Lumières et sous-entendant que les pays musulmans abritent celles de l'obscurantisme et du terrorisme, il est préoccupant de voir se perpétuer ces croyances simplistes (et racistes) dans le domaine des oeuvres pour la jeunesse même si un Michel OCELOT travaille à déconstruire ces stéréotypes et jeter des ponts entre les cultures non sans égratigner celle des dominants au passage.
Ce préalable effectué, "Parvana" qui est très beau esthétiquement évite cependant la plupart des pièges dans lesquels tombe "Les Hirondelles de Kaboul" (2019). Il y a plusieurs raisons à cela. Le point de vue qui est celui d'une enfant débrouillarde, énergique et courageuse (que l'on a comparée à Kirikou, pourquoi pas dans le sens où sa détermination déteint sur ses proches qui sortent de leur passivité), l'absence de misérabilisme qui en résulte, la justesse des portraits des personnages qui évite le jugement facile*, les allers-retours entre réel et imaginaire qui font sens et subliment ce qui pourrait être insoutenable, la proximité de l'intrigue avec celle de "Osama" (2004) qui est un film réalisé par un afghan, l'engagement de Deborah Ellis, l'auteure canadienne du livre auprès d'associations qui travaillent à l'éducation des afghanes au Pakistan et le recueil de témoignages qui ont servi à construire l'histoire de Parvana, sa ressemblance enfin avec Malala Yousafsai, rescapée des talibans réfugiée en Angleterre et militante pour l'éducation des filles.
* Par exemple Idrees, l'adolescent taliban qui incarne la bêtise et la violence du jeune fasciste qui abuse de son pouvoir devant ceux qu'il peut opprimer n'est plus qu'une chiffe molle entre les mains de ses pairs et un gamin pathétique dont on entrevoit le destin funeste lorsque la guerre éclate.