Le Rideau déchiré (Torn Curtain, Alfred Hitchcock, 1966)
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Le Rideau déchiré (Torn Curtain, Alfred Hitchcock, 1966)
Je n'avais jamais vu "Le Rideau déchiré" qui fait partie des films de la fin de carrière de Alfred HITCHCOCK soit une période de relatif déclin (si on excepte "Frenzy") (1972). Et puis je suis peu friande d'intrigues d'espionnages sur fond de guerre froide. Néanmoins si "Le Rideau déchiré" est nettement plus bancal que ses films les plus célèbres, on est loin de l'oeuvre insignifiante. La preuve: dans "Lust, Caution" (2007) de Ang LEE il y a une scène qui fait directement écho à la plus emblématique de "Le Rideau déchiré" (1966). Il s'agit d'un meurtre qui s'avère particulièrement laborieux, nécessitant de s'y reprendre à plusieurs fois et de plusieurs façons. L'intention est la même dans les deux films: montrer que tuer un homme n'a rien d'évident quand on est inexpérimenté."Les Amants sacrifiés" (2020) de Kiyoshi KUROSAWA sorti récemment repose également sur une intrigue qui reprend celle du "Le Rideau déchiré": une femme découvre l'inquiétante opacité de l'homme qui partage sa vie dans un contexte de guerre au point d'être rejetée par lui. Preuve que Alfred HITCHCOCK savait encore surprendre, innover et inspirer, même dans ses films mineurs. On peut aussi citer une autre scène expérimentale très réussie de poursuite dans un musée et deux morceaux de bravoure dans un bus puis un théâtre (une séquence qui rappelle fortement "L Homme qui en savait trop") (1956).
Néanmoins après l'échec de "Pas de printemps pour Marnie" (1964), Alfred HITCHCOCK n'avait plus les coudées aussi franches pour réaliser les films qu'il voulait et a perdu la plupart de ses collaborateurs les plus emblématiques. Surtout il s'est vu imposer les acteurs principaux avec lesquels il n'avait guère d'affinités. Et cela se ressent, particulièrement avec Paul NEWMAN qui a l'air de traverser le film complètement anesthésié alors qu'il est censé prendre des risques déments et sacrifier sa fiancée. J'aime beaucoup Julie ANDREWS mais le fait est que Alfred HITCHCOCK ne savait pas trop quoi faire d'elle. Par conséquent, elle est sous-exploitée. Cette faiblesse au niveau de l'interprétation dessert le film qui souffre inévitablement de passages à vide entre les moments réussis.