Lettre d'amour à l'amour lui-même
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Lettre d'amour à l'amour lui-même
Mon cher amour, Je ne puis vous donner de prénom, puisque depuis l’instant où je vous connais, vous les endossez tous, pour les éclipser tous.
Mon cher amour, Vous êtes partout, tout le temps à la fois.
Vous êtes dans chaque parfum qui me frôle, dans chaque frémissement du vent dans les cimes, dans chaque feuille, dans chaque brindille, dans les battements d’ailes des papillons et dans l’envol des libellules.
Votre voix, si suave, si profonde, si douce et puissante à la fois, résonne dans chacun de mes silences, dans chaque respiration. Vous m’êtes devenu indispensable, indissociable de celle que je découvre être devenue depuis un mois, une semaine ou toute une éternité.
Et déjà depuis notre première seconde, celle où l’on s’est dans cette vie retrouvés, je ne vois plus que par vous. Je n’aspire plus qu’à nous.
Cette forme d’amour-ci, je l’ai parfois lue dans les romans que je dévorais enfant, et puis j’ai maudit les hommes d’en avoir perdu le message, d’en avoir gâché la substance, de m’avoir volé ce mirage auquel je croyais devoir, pour toujours, renoncer. Je m’étais juré, ou plutôt j’avais juré à la statue de la plage de Saint-Nazaire que plus jamais je ne tomberais amoureuse, parce que je dois bien vous l’avouer, je croyais alors l’avoir déjà été.
J’ai donc fait le serment à ce fier soldat d’acier que j’armerai de tôle mon cœur égratigné pour ne plus jamais offrir à quiconque le loisir de l'écorcher.
Le temps a passé, j’ai tenu ma promesse.
J’ai rencontré des hommes, évidemment. Certains m’ont aimée, beaucoup.
Beaucoup trop puisque la réciproque n’était pas vraie et je leur ai fait mal parce que je ne savais pas faire bien.
J’ai commis des erreurs parce que je naviguais dans le noir, sans jamais avoir vraiment appris à aimer, autrement qu’à travers les pages de mes auteurs préférés et j’ai souffert aussi.
Non pas d’amour, mais plutôt du deuil presque impossible à faire d’un idéal perdu.
Alors, j’ai écrit. J’ai disséqué ma vie, mon cœur sur papier, pensant avoir tout vu, tout compris, vécu le pire sans connaître le meilleur et savoir me faire une raison.
Pourtant, la nuit, lorsque la carapace tombe, je chuchote mes vœux aux étoiles, complices, pour qu’elles les rapportent à l’Univers et qu’ils les exaucent peut-être dans une autre vie, qui sait ?
Oh sans trop y croire, disons, juste un peu...
Comme on formule un souhait quand une comète traverse la voie lactée, ou que l'on souffle ses bougies, au soir de son anniversaire.
Je me suis concentrée sur autre chose, en essayant de garder le cap, sans boussole pour ne pas perdre le nord, en funambule sur un fil devenu familier.
Et une nuit, un ange, ou peut-être une de mes bonnes étoiles est venu déposer sur mon oreiller, d’invisibles petits cailloux, volés sans doute au petit Poucet, pour me guider à travers le tumulte, à travers l’obscurité. Au détour de la toile, une sorte d’intuition qui ne dit pas son nom m’a poussée, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, à pianoter quelques mots sur mon clavier.
Et puis Vous. Et puis Nous. Une connivence. Une ressemblance. Une attirance. Et deux âmes puis deux corps qui s’aimantent. Et ma peau qui s’éveille enfin, sous la courbure de vos lèvres, sous la douceur de vos doigts, sous la chaleur de votre cou, de votre corps, de votre tout. Et, soudain, le soleil se lève pour la toute première fois et le monde chante plus fort et les couleurs sont plus vives et tout est infiniment plus joli.
Mais, parfois, certains démons se débattent et luttent pour remonter à la surface, certaines peurs m’enlacent de leurs bras quand je suis privée des vôtres.
Mon amour, je sais que parfois je pique, je blesse avec les mots, parce qu’ils sont la seule défense que je n’ai jamais possédée et que mon cœur mis à nu sous l’effet de votre plume sort parfois les herses et déclare la guerre de peur de souffrir, encore, à ne plus savoir qui je suis.
Mon amour, quelles que soient les batailles, quelles que soient les tempêtes, je sais du plus profond de mon âme que jamais je ne souhaiterai m’éloigner de vous, puisque j'ai besoin de vous, comme de respirer.
À jamais vôtre,
Juliette
Cedric Simon 24 giorni fa
Pour vous la primeur. Comme vous l'exprimez si bien, l'Amour est don. Ne peut-être possession.
En espérant que vous aurez autant de plaisir de ce poème, que moi à la lecture de votre lettre.
La tempête
Elle vient dans toute sa splendeur
Elle s’approche d’abord en douceur
Elle faufile autour du foyer
Elle s’arrondit pour se lover
Sa force se retient tout d’abord
Avec elle, tu trouves ton accord
A la haute marée, elle se lève,
Aux basses eaux, elle est en trêve
Tu te laisses bercer à l’abri,
La vie ne t’a donc rien appris
Avant de sentir sa violence
Qui emporte tes rêves d’arrogance
Sur ton être, tout s’effondre, se brise,
Ne reste que sa force incomprise,
Tu la croyais des lieux, éprise
Par toi, tu la pensais soumise,
Elle se lève, s’en va, elle t’achève
Elle sait de tous temps, tout comme Eve
Tu pensais, te croyais Adam
De ton amour, grand combattant,
De ta vie, ne reste que des ruines
Sous les cendres de ton égoïsme
Juliette Norel 24 giorni fa
merci pour ce privilège et pour ces mots si soyeux, très joli poème!
Jean-Christophe Mojard 25 giorni fa
Toujours croire en l’Amour et souffler ses murmures aux ailes des papillons. En effet, il se peut que l’un d’eux, en portant son message, soit un peu plus audacieux et fasse frissonner les étoiles d’où tombent les poètes.
——
… C’est à Paris que je retombe !
J’arrive – excusez-moi ! – par la dernière trombe.
Je suis un peu couvert d’éther. J’ai voyagé !
J’ai les yeux tout remplis de poudre d’astres. J’ai
Aux éperons, encore, quelques poils de planètes !
[ Cueillant quelque chose sur sa manche ]
Tenez, sur mon pourpoint, un cheveu de comète !
[ Il souffle comme pour le faire envoler ]
(Cyrano de Bergerac, Acte 3 scène XIII)
Juliette Norel 25 giorni fa
et bien voilà... il me faut simplement demander à l'univers de m'envoyer Cyrano 🌹
Jean-Christophe Mojard 25 giorni fa
Souvent sous un balcon, le poète se cache, sous des traits Montaigu ou derrière un Christian.
Juliette Norel 25 giorni fa
quand on habite une maison: il se cache où ce poète ? 😇
Jean-Christophe Mojard 25 giorni fa
Un rebord de fenêtre et un peu d'imagination.
Juliette Norel 25 giorni fa
oui.. j'aime beaucoup cette réponse 🙏🏼
Jackie H 25 giorni fa
Magnifique texte, magnifique déclaration d'amour et de foi 😯👍🏻❤️
Juliette Norel 25 giorni fa
merci Jackie 🥰