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Le battement d'ailes d'un Morpho Bleu

Le battement d'ailes d'un Morpho Bleu

Pubblicato 27 nov 2024 Aggiornato 1 dic 2024 Biography
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Le battement d'ailes d'un Morpho Bleu

Je ne sais pas si j’ai vraiment déjà été amoureuse, pour de vrai, je veux dire.

Tu sais, comme dans les romans ou dans les films, de cet amour qui te fait perdre le nord, tout en te permettant de trouver, enfin, ta boussole. Qui t’invulnérabilise en te faisant sentir toute petite. Fragile. Vulnérable.

Mais comme protégée, en apesanteur, et paradoxalement exposée à tous les vents.


Je ne sais pas, ou plus.


Les visages se confondent, les parfums s’estompent, restent seulement quelques pas de danse, quelques frissons, semblables à des frôlements d’ailes de papillon, si légers qu’au matin tu penses presque les avoir rêvés.


Je croyais me l’être toujours interdit. Trop dangereux. Trop précaire.


Parce qu’en réalité, je suis tellement sensible qu’un rien ne m’égratigne.

Alors, je verrouille le cœur, pour éviter les impacts. Pourtant, je te promets que j’y ai cru à plusieurs reprises.

Ou alors, j’ai tellement voulu y croire que je m’en suis convaincue.


Tu sais, et si je dis ceci ce n’est pas pour me dédouaner de quoi que ce soit, mais je n’ai pas eu le parcours classique de mes copines adolescentes. Au moment où elles idéalisaient leur première fois, de la façon la plus douce et romantique qui soit, j’en étais déjà à tâcher de réparer l’offense ultime, le braquage à épées armées de ce que j’avais de plus cher finalement, et je mentais aux autres et à moi-même pour construire ma propre légende.

Je pensais alors qu’en ensevelissant au plus profond mes démons, je finirais par oublier jusqu’à leur existence.

Et dans ce schéma d’auto-préservation, je me suis coupée de mes émotions. En tout cas, d’une grande partie d’entre elles.

Ce n’est pas que je n’avais plus de cœur, c’est seulement que les hommes y étaient interdits de cité.

Certains l’effleuraient, le frôlaient, le touchaient avec leur sincérité, mais venait toujours le moment où je sortais les herses, remontais le pont-levis et lâchais les crocodiles.

Il y en a un qui a su m’apprivoiser, sans que je ne comprenne encore comment il s’y est pris, exactement.

Pourtant, quand je l’ai rencontré, il était tout ce que j’exècre, encore aujourd’hui. Il était mon opposé en tout point. Et j’étais le sien.

Ça aurait pu ressembler à Roméo et Juliette, la dague et le poison en moins, mais il y a eu trop de sang sur l’innocence perdue.

J’ai poursuivi mon chemin en faisant attention à mieux choisir ceux qui m’accompagneraient sur ma route.

Et je crois que c’est précisément là que le bât blesse.

Parce que si la raison choisit, le cœur, lui, dicte ses choix, les impose, quand on l’écoute.


Ma raison à moi fait de nombreuses erreurs de jugement, parce que biaisée sans doute par toutes mes écorchures.

J’aurais pu continuer comme ça. Oublier les frissons, rester maître du jeu, toujours. Mais j’ai ouvert la boîte de Pandore.

Avec une plume trempée dans un encrier. Je crois que c’est précisément à ce moment que tout a commencé.

J’ai tout raconté. Moi. Sans esquives, ma vérité toute nue, enjolivée de quelques rubans et de douces dentelles.

Mes romans, en codex pour livrer mon âme criblée de balles mais qui choisit la lumière et la choisira toujours. Ça, je te le jure. Puisque de la noirceur j’ai longtemps arpenté les sentiers, et que je choisis son pendant en connaissance de cause, même si c’est la voie la plus dure.

Toujours est-il que toutes les barricades que j’avais érigées depuis cette adolescente maudite tombent une à une.

D’abord lentement, puisque je me suis longtemps cachée dans l’ombre d’une anonyme mais je crois que quelque chose avait germé depuis des années sans que je ne m’autorise à laisser le jour entrer en grand.

Ces derniers mois m’ont métamorphosée. Comme si l’Univers entier conspirait.


Quelques phrases, puis des centaines et mon cœur qui s’ouvre en corolle sous la caresse d’un regard envoûtant qui floute, chaque jour, les contours de chacune de mes certitudes. Et c’est délicieux, troublant, ensorcelant.

Mais parfois ça fait peur, ça donne le vertige, ça fait trembler, de douceur, de désir et de frayeur.

Parce qu’une voie endormie, ensuquée par un sommeil de mille ans, hurle à mon oreille alors que j’ignorais même qu’elle en connaissait le chemin que si un jour la magie s’évapore, la nuit de mon âme sera encore plus difficile à supporter parce qu’alors j’aurais goûté à la caresse du soleil et que c’est un éclat impossible à oublier.


Xoxo,

Juliette


(image créée par Copilot et retravaillée avec Canva)

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