Un petit aperçu du Brésil et de Salvador
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Un petit aperçu du Brésil et de Salvador
28 juin 2022
Il est peut être temps de vous faire une brève présentation du Brésil ; « enfin ! » Me direz vous ? Oui, enfin… :-)
Le Brésil. Pays immense, un continent à lui tout seul même ! De 8.550.000 km2 (la France = 762.000km2, soit 11 fois la France, 5eme plus grand pays au monde, quasi 50% de l’Amérique du Sud) pour 215 millions d’habitants, divisé en 5 grandes régions et 26 états. Première économie d’Amérique latine, 8eme PIB mondial (la France est 10eme), il se caractérise par une très forte inégalité de répartition des richesses, accaparées par de très grands propriétaires terriens (les latifundos) et favorisé par une très forte corruption de la classe politique et de la police.
Cette corruption qui a provoqué la chute de la présidente Dilma Roussef, successeure du très populaire Lula après le scandale Petrobras, la compagnie nationale pétrolière, et la suspicion de surfacturation des grands travaux publics en échange de rétrocommissions aux politiques en charge de l’attribution des marchés. 303 députés/ 513 et 49 sénateurs/81 mis en cause ! Je ne vous dis pas l’ampleur du scandale…et les combines qui ont mené à la révélation de ce scandale. Ce ras le bol qui a ensuite favorisé l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2018, président national-populiste, militaire d’extrême droite, ouvertement raciste, sexiste et homophobe, climatosceptique, évangeliste nostalgique de la dictature, et qui a pour modèle Donald Trump… Je vous laisse imaginer la catastrophe, et bien sûr l’absence de lutte réelle contre la corruption, bien au contraire…Sans compter la destruction accrue de la forêt amazonienne, et la négation des droits des peuples autochtones…
Quant à la pauvreté, elles se retrouve dans ces immenses favelas, habitations de briques et de tôles à l’intérieur ou en périphérie des villes, favorisée par l’exode rural des paysans privés de leurs terres et le boom économique du Brésil avec un développement anarchique.
Colonisé par les Portugais, après la signature du traité de Tordesillas imposé par le Pape pour mettre fin à la rivalité Espagne/Portugual, traçant une ligne méridienne à 370 lieues à l’ouest du Cap Vert : à l’ouest pour l’Espagne (Pérou, Bolivie, Equateur..), à l’ouest pour le Portugal. Contrairement aux anglais, les portugais ne réprimèrent pas les relations entre colons et indigènes ou esclaves, donnant lieu à un métissage et une société multiethnique unique, allant du caboclo (blanc+indien) au mulato (blanc+africain) et au cafuzo (indien+africain). L’exploitation des indiens et l’essor de la traite négrière furent à la base du développement du pays, pour la production et l’export de bois et de canne à sucre d’abord, puis pour l’extraction d’or et de diamants, puis la culture du café et la production de caoutchouc. L’esclavage est aboli en 1888.
(NB : pour mieux comprendre la tragédie de la colonisation, de l'esclavage et de l'exploitation des ressources premieres en Amérique latine, je vous invite à relire l'article : une contre histoire du café, que j'avais écrit en Colombie, basé sur le livre passionnant d'eduardo galliano : le veines ouvertes de l'Amérique du Sud )
Salvador da Bahia de Todos os Santos, 3eme ville du pays (3 millions d’habitants) située à la pointe d’une immense baie, capitale de l’état de Bahia, fut le port principal d’arrivée des esclaves. Elle fut la capitale du Brésil pendant 200 ans environ, de 1549 à 1763, puis perdit son titre au profit de Rio. Cela fait de cette ville une ville multi-ethnique par excellence, avec une forte prépondérance de la culture afro-brésilienne, 80% de la population étant descendante d’esclaves. On la surnomme la Rome noire du Brésil pour ses innombrables églises.
C’est le berceau du Candomblé, syncrétisme entre animisme africain et catholicisme romain, où pour pouvoir continuer à pratiquer leur foi, les esclaves ont camouflé leurs divinités (les orixàs) dans les figures saintes du catholicisme. C’est aussi le berceau de la Capoeira, art martial déguisé sous forme d’une danse, accompagnée de 3 instruments, manière pour les esclaves d’exprimer leur colère et contenir leur sentiment de révolte.
C’est enfin une ville très festive, qui a son propre carnaval, ses propres styles musicaux nourris de l’héritage africain, comme la batucada, mais on y danse aussi la samba de Roda, le frevo, le forro, ou le trio elétrico. Ils sortent actuellement d’une semaine entière de festivités pour la San Juan, rues bondées de monde, et comptent bien remettre ça le week end prochain semble t il ! Bref, une ville fortement imprégnée de son histoire et de son héritage esclavagiste.
Que dire des brésiliens ? Très chaleureux et accueillants, d’un abord facile démonstratif et tactile, interpellant facilement dans la rue. Le fameux « Tudo Bem ? » qu’on te lance avec le pouce levé vers le haut. Ici, il y a le culte du corps, hommes bodybuildés et femmes refaites par la chirurgie plastique, qui cohabite avec une obésité importante, conséquence de la mal bouffe et de la sédentarité. Beaucoup sont fortement tatoués sur l’ensemble du corps, bras, jambes et parfois visage aussi, c’est assez remarquable. Population jeune, beaucoup de jeunes, mais pays dont la transition démographique est terminée, avec un taux de fécondité à 1,81 actuellement.
La religion y est très vivante : 1er pays catholique au monde, mais aussi le candomblé qui compte autant de personnes s’y référant. A côté, beaucoup d’autres pratiques, passant par les différentes églises nouvelles et notamment l’influence de plus en plus importante des évangélistes, le spiritisme, le chamanisme, différents syncrétismes et autres possibles sectes.
Et la musique. Partout tout le temps. Le brésilien vit dans la musique toute la journée…et toute la nuit. Ici, la musique est une façon de vivre, et chaque région a ses spécificités : citons la samba bien sûr, la bossa nova, le rap (swing et festif), la batucada ou l’axé-music à Bahia, le pagode de Rio, le forro du Nordeste, le sertaneja ou le frevo de Recife, le berça de Belem…. Je fais style, mais je serai incapable de vous dire à quoi ça ressemble ! Et enfin le MPB (musica popular brasileira) qu’on entend à tous les coins de rue, dans les restos ou les taxis, sur les smartphones que les jeunes écoutent de manière ouverte en déambulant dans la rue.
Voici donc un petit aperçu du Brésil, qui j’espère vous en aura fait ressentir un peu la teneur et l’ambiance. Pour ma part, je découvre tout ça, je m’en imprègne, je déambule dans la rue au gré de mon inspiration, dans la vieille ville chargée d’histoire et d’églises, battements de percussions par ci, MPB par là,…. Et je compose avec mon portunol comme on l’appelle ici, métissage d’espagnol et de portugais…je suis dans le thème.