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Le goût de l’éphémère

Le goût de l’éphémère

Publié le 30 juin 2022 Mis à jour le 6 juil. 2022 Voyage
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Le goût de l’éphémère

30 juin 2022

L’éphémère… quel joli mot que celui là je trouve ! Il porte une légèreté, une délicatesse, un aspect précieux, une forme d’évanescence, de ce qui apparaît puis se dissout comme de la fumée. Il me plaît en tout cas, pour tenter de poser en mots ce que je perçois avec un peu plus d’acuité aujourd’hui.

 

Dans le processus de la vie, tout est impermanent. Tout est transitoire. Tout est éphémère. Quelle que soit l’échelle du temps à laquelle on se réfère. La vie c'est le mouvement. Et si nous regrettons souvent que les belles choses, les beaux moments ne durent pas, par l’attachement que nous développons vis à vis d’eux, c’est pourtant ça qui semble faire la beauté et la subtilité de la vie.

C’est parce qu’un évènement, un phénomène apparaît, venant divertir la monotonie de notre quotidien, qu’il aiguise si bien notre attention, et nous séduit par sa singularité et son unicité. Le passage d’un oiseau à notre proximité. L'éclosion dune fleur. La chaleur d’un rayon de soleil entre deux nuages, ou la beauté d’un coucher de soleil. La saveur d’un bon repas, ou de la première gorgée de bière. L’émotion que l'on ressent, le temps d’une chanson. L’expérience d’un voyage, cette parenthèse qu'on s'accorde dans le quotidien de notre vie. La rencontre authentique d’une personne avec qui nous parvenons à développer une affinité…

Et c’est en nous reliant le plus intégralement possible à ce moment de rencontre qui s’offre à nous que nous pouvons éprouver l’intensité du plaisir, percevoir la beauté de l’instant, nous orienter vers un état de bonheur et de plénitude, l'espace d'un instant. C’est dans la profondeur de cette rencontre que nous nous rencontrons vivant, pleinement relié à ce qui nous entoure.

Alors bien sûr, nous avons aussi nos propres responsabilités à assumer, nos contraintes, nos problèmes, nos difficultés, nos besoins à assouvir, qui font que non, on ne peut pas vivre toujours et uniquement dans un état contemplatif de ce qui est. Nous devons alors reprendre notre chemin, reprendre le cours pratique de notre vie, ressourcé de ce que nous venons de ressentir. Savoir s'arrêter un instant, mais aussi savoir reprendre le cours de son chemin fait aussi partie de la vie.

S'il est essentiel de vivre le plus pleinement possible ces moments en connexion avec ce qui est, il importe de ne pas nous attacher à eux sous la forme d’une possessivité et d’une dépendance. Car alors, nous restons accrochés à ce qui n’est déjà plus. Nous pouvons seulement nous nourrir de cette rencontre authentique quand elle se présente, tenter de la vivre le plus possible et le plus longtemps possible en pleine conscience, accepter de la voir émerger puis s’évanouir, et espérer et oeuvrer pour pouvoir la retrouver peut-être une nouvelle fois sur notre chemin. A l’image d’un super week end entre amis, qu’on se promet de remettre le plus tôt possible.

On retrouve là la conception cyclique du temps, où tout se meurt puis renait, le cycle de l’eau et de la météo, le cycle du soleil et d'une journée, le cycle des saisons et d’une année…si différente de la dimension linéaire du temps qui prédomine dans notre société. Vision peut être plus juste et apaisante que de percevoir les événements en cycle plutôt qu'en début et en fin ?

C’est parce que l’éphémère est impermanent qu’il est si beau et si précieux, et qu’à chaque fois qu'il se represente, nous avons l’occasion d’en redécouvrir sa saveur et d’en refaire l’expérience. Autrement, sous une autre forme, sous un autre jour. Avec une autre maturité d’esprit.

Ce qui Est Est.

Ce qui n’Est plus n’Est pas.

Ce qu’on aimerait qui soit n’Est pas ( ou en tout cas, pas encore)

La suite, c’est l’Inconnu, l’Imprévisibilité et le Mystère de la Vie.

 

« Ne rien prévoir sinon l’imprévisible. Ne rien attendre sinon l’inattendu »

Christian Bobin

Merci Aline pour ces quelques mots 

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