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Damian
À la fin du concert, alors que je quitte la scène sous les acclamations, je ne peux m'empêcher de chercher son regard à nouveau. Elle est toujours là, ses yeux brillants d'émotion, mais il y a aussi une lueur de confusion, peut-être d'incompréhension. Je me demande ce qu'elle pense, si elle a ressenti ce que je voulais lui transmettre, si elle a compris que cette chanson était pour elle, et elle seule.
Les coulisses sont animées, tout le monde félicite le groupe pour la performance, mais je suis ailleurs, pris dans mes pensées, mes émotions à vif. Les bruits autour de moi deviennent lointains, étouffés par le tumulte de mon esprit. Je ne peux pas rester ici, entouré de monde, alors que tout ce que je veux, c'est la trouver, lui parler, lui dire enfin tout ce que j'ai gardé en moi, tout ce que j'ai tenté de cacher derrière les mots et les mélodies.
Je me faufile à travers les couloirs, évitant les félicitations et les accolades, jusqu'à ce que je la trouve, seule dans un coin, perdue dans ses pensées. Elle semble isolée du chaos environnant, comme si elle était dans une bulle où rien d'autre ne compte. Je m'arrête à quelques pas, incertain de ce que je dois dire ou faire. Le silence entre nous est chargé de tout ce qui n'a pas encore été dit, de tout ce qui doit être exprimé.
Je fais un pas vers elle, puis un autre, jusqu'à ce que je sois assez proche pour qu'elle lève les yeux vers moi. Nos regards se croisent, et je vois dans ses yeux un mélange d'émotions que je ne parviens pas à déchiffrer entièrement. Il y a de la surprise, du doute, peut-être même un peu de peur, mais aussi quelque chose de plus doux, une sorte de compréhension muette. Quelque chose qui me pousse à aller de l'avant, malgré l'incertitude, malgré la crainte de dire quelque chose de mal.
— Arya... murmuré-je, ma voix à peine un souffle, comme si je craignais de briser ce moment fragile.
Elle reste silencieuse, mais ses yeux parlent pour elle, une question non formulée dans son regard. C'est un instant suspendu, où le temps semble s'étirer, nous isolant de tout le reste. Je prends une profonde inspiration, sentant que c'est maintenant ou jamais, que je dois saisir cette chance ou risquer de la perdre à jamais.
— Cette chanson... Elle était pour toi. Toutes ces paroles, tout ce que j'ai chanté ce soir... C'est ce que je ressens pour toi.
Son expression change légèrement, une surprise mêlée d'incrédulité, mais aussi quelque chose de plus doux, de plus profond. Elle reste silencieuse, et je continue, mes mots se bousculant pour sortir. J'ai besoin qu'elle comprenne, qu'elle voie au-delà des apparences, au-delà de la façade que je montre au monde.
— Je sais que tout cela peut sembler fou, et peut-être que ça l'est. Mais depuis que je t'ai rencontrée, je n'arrête pas de penser à toi. Tu es entrée dans ma vie et tu as tout chamboulé, et je ne sais pas quoi en faire. Mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas te perdre. Pas maintenant.
Le silence qui suit est presque insupportable, chaque seconde semblant s'étirer à l'infini. Je peux sentir mon cœur battre dans ma poitrine, chaque pulsation marquant l'attente, l'espoir, la peur. Je scrute son visage, cherchant une réaction, un signe, quelque chose qui pourrait me dire si j'ai fait le bon choix en me dévoilant ainsi.
Et puis, doucement, elle sourit. Un sourire timide, presque hésitant, mais qui éclaire son visage d'une manière qui me fait comprendre que peut-être, juste peut-être, il y a encore une chance pour nous. Ce sourire, si simple, mais si chargé de signification, me donne l'espoir que tout n'est pas perdu, que ce que nous avons partagé n'était pas vain.
— Damian, je... je ne savais pas. Je ne savais pas que tu ressentais tout ça, murmure-t-elle, sa voix douce mais teintée de cette même confusion que je ressens.
Je m'approche un peu plus, osant enfin franchir la distance qui nous séparait. Chaque pas me rapproche d'elle, de cette vérité que je ne peux plus nier.
— Maintenant tu le sais, dis-je simplement, espérant que ce soit suffisant, que ces mots puissent combler l'espace entre nous. Je cherche à capter son regard, à m'assurer qu'elle comprend la sincérité de mes sentiments, que ce n'est pas juste une impulsion, mais une réalité que j'ai longtemps réprimée.
Elle hoche la tête, et son regard se fait plus intense, plus assuré. Il y a quelque chose dans ses yeux qui me rassure, qui me dit qu'elle est en train de peser mes mots, de les accepter.
— Oui, maintenant je le sais, répond-elle doucement. Mais je ne sais pas encore ce que ça signifie pour nous.
Je comprends ce qu'elle veut dire. Rien n'est simple, rien n'est acquis. Mais le fait qu'elle soit prête à entendre, à envisager la possibilité, c'est déjà plus que ce à quoi j'aurais pu rêver. Ses mots résonnent en moi, remplis d'une prudence compréhensible, mais aussi d'une ouverture que je n'aurais jamais espérée.
— On n'est pas obligés de tout comprendre tout de suite, dis-je en souriant légèrement. On peut juste... avancer, un pas à la fois.
Elle sourit à son tour, et je sens un poids immense se lever de mes épaules. Ce sourire, bien que timide, est une promesse. Peut-être que ce ne sera pas facile, peut-être que ce sera compliqué, mais je suis prêt à essayer, à affronter tout ce qui viendra, tant qu'elle est à mes côtés. Ce moment, ce simple échange, me donne la force de croire que tout est encore possible.
Alors que le décompte du nouvel an se fait retentir en fond, je me penche légèrement vers elle. Mes intentions sont claires, mais sans précipitation. Je veux que ce geste soit aussi naturel que tout ce que nous venons de dire, aussi vrai que les sentiments que j'ai exprimés. Mes lèvres trouvent les siennes, et en cet instant, tout ce qui m'entoure disparaît. Le monde entier se réduit à cette connexion, ce baiser doux mais chargé de toutes les émotions que nous avons refoulées jusqu'ici.
C'est un baiser qui scelle un pacte silencieux entre nous, une promesse de ne plus fuir, de ne plus se cacher derrière des mots ou des gestes non exprimés. C'est un moment de pure vérité, où tout ce que j'ai voulu dire, tout ce que j'ai ressenti, passe par ce contact, par cette proximité que nous partageons enfin.
Lorsque je recule, doucement, nos regards se croisent à nouveau, et cette fois, il n'y a plus de doute, plus d'incompréhension. Ce que je vois dans ses yeux, c'est un reflet de mes propres sentiments, une certitude tranquille que, quel que soit le chemin que nous allons emprunter, nous le ferons ensemble.
— Un pas à la fois, répète-t-elle, sa voix à peine un murmure, mais chargée d'une détermination nouvelle.
Je souris, cette fois avec une confiance que je ne pensais plus pouvoir ressentir. C'est un nouveau départ, une chance de faire les choses différemment, de construire quelque chose de réel, de durable. Et je sais que, tant qu'elle est là, tout est possible.
Nous restons là, simplement ensemble, savourant la simplicité de l'instant, la chaleur de nos corps proches, le battement régulier de nos cœurs qui semble enfin s'accorder. Rien d'autre ne compte, rien d'autre n'a jamais compté autant que ce que nous venons de partager.
Le monde extérieur, les acclamations lointaines, les bruits de fête, tout cela est secondaire. Ce qui importe, c'est nous, ici et maintenant, prêts à affronter l'avenir, un pas à la fois.