un exemple d’intérêt de diversité « sociale »
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 27 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
un exemple d’intérêt de diversité « sociale »
Cerveau&Psycho article psychologie comportementale
Mai 1992, je démarre une nouvelle mission informatique dans une administration.
J’intègre un service de gestion informatique constitué d’une cinquantaine d’agents. Parmi eux, il y a un groupe d’une bonne dizaine qui jouent au squash entre midi et 14H. Je venais juste d’arrêter ce sport que je pratiquais depuis 1983, et j’avais même passé 2 années à me tester en compétition. Je suis très enthousiaste à jouer avec eux, mais les équipes sont fortement constituées et soudées et on ne me propose pas de jouer alors qu’il y a quand même un club interne. Je fais quelques séances tout seul, je sais bien faire car j’ai découvert le squash en prenant 20 heures de cours par un ancien champion de France.
(je n’ai malheureusement pas remis la main sur les schémas d’entraînement, des dessins que j’ai conçus à cette époque avec framework, pour proposer des séances d’entraînement).
Au bout de 2 mois, j’ai la chance qu’un agent accepte de jouer avec moi, son partenaire attitré étant absent (maladie ou formation, je ne sais plus). Ils sont tous les deux de mon âge, je les ai précédemment un peu regardé jouer, ils courent bien mais avec moins de technique que moi. Par contre ils se connaissent très bien et leurs niveaux sont équilibrés, ils font des parties qui durent longtemps parce qu’il faut gagner avec 2 points d’écart. Et sans trop forcer, je gagne facilement ce premier agent qui accepte de jouer avec moi. Il est lucide sur les coups gagnants que je lui assène. Deux jours après, son partenaire habituel est de retour, ils jouent ensemble et celui qui a goutté à ma technique « taule » littéralement son copain. Une heure après ce match, celui-ci vient me voir avec vigueur et me demande de jouer avec lui dès le lendemain. Il veut comprendre et progresser aussi vite que son partenaire. J’ai définitivement été intégré au groupe, et lors du tournoi amical interne de fin de saison en avril 1993, je suis en finale contre le plus fort et le plus hargneux qui gagne systématiquement les tournois depuis plusieurs années (en plus il les snobe et joue ailleurs dans un autre club). Tous les autres joueurs qui assistent à la finale m’encouragent. Je gagne facilement le premier set, mon adversaire se bat pourtant comme un diable. Avant le deuxième set, il file aux toilettes (un autre me dira après coup qu’il sait qu’il se dope). Il va gagner le 2° set parce que je suis trop confiant, mais en déployant toute son énergie il va saigner du nez (trop de pression de sa substance énergisante). On temporise 15 minutes, puis on reprend et je gagne le 3° set mais c’est plus accroché. Il va gagner le 4° set alors que les spectateurs me soutiennent pour que je l’achève, en fait je me sens davantage dans le jeu et la « leçon » que dans le combat à mort. On passe par un 5° set, il me demande de boire de ma boisson (du simple schweppes agrumes, et les autres me diront après que j’aurais absolument dû refuser), ce que j’accepte car il me fait pitié en étant si essoufflé. Je suis moins dans le combat guerrier et plus dans l’échange. On approche du final, on est a égalité, cela fait plus de 90 minutes qu’on se défonce, et brusquement ma combativité n’a plus de raison d’être, je laisse filer les 4 derniers points. Les autres se sont bien rendus compte que je l’ai fait un peu exprès, ils m’en veulent de ne pas avoir fait mordre la poussière à cet énergumène, mais ils vont tous rester copains avec moi alors que l’autre ne me proposera jamais de jouer, même amicalement contre lui.
Et puis, je change de mission et d’entreprise. En 1996 j’intègre une PME de 19 personnes, on parlerait de start-up aujourd’hui. Hormis les dirigeants, ils sont tous plus jeunes que moi. Je sympathise avec un ingénieur informatique embauché en même temps que moi (je suis responsable qualité logiciel) qui a 10 ans de moins. Il est sportif et s’ennuie car il a arrêté le kick-boxing à cause du boulot. On parle squash, car on a un terrain de tennis contre notre bâtiment et ils sont plusieurs à jouer entre midi et 14H. Il en fait partie, mais comme il est parmi les meilleurs, il n’arrive pas à se défoncer. Il accepte ma proposition d’essayer le squash. Après la première séance, il m’avoue qu’il est surpris, il pensait que c’était plus dur et il ne s’est pas régalé autant qu’il l’imaginait. Je comprends alors ce qu’il voulait vraiment : se défoncer physiquement plutôt que d’apprendre à jouer au squash. Et comme il était débutant, je lui avais fait des balles faciles, au milieu du terrain et pas des amortis ou des smashs le long des murs. Je lui promets une autre séance toute différente, il me croit. Il n’en est pas revenu, en 3/4 d’Heure, il était rouge pivoine, il courrait partout, il s’étalait par terre pour glisser plus vite pour rattraper mes amortis ou mes coups qui plaçait la balle loin de lui. J’avais assez de technique et de pédagogie pour lui faire des coups difficiles mais pas « assassins ». Et il avait une santé de fou, on faisait deux séances par semaine, il ne progressait pas forcément mais il « s’éclatait » et s’il maîtrisait mieux ses déplacements, j’avais toujours suffisamment de technique pour durcir mes coups, il s’en fichait de perdre tout le temps du moment qu’il « défonçait » les murs.
Ma dernière partie de squash remonte à juin 2018, contre mon fils pompier de Paris. On s’est régalé et il m’a gagné de peu mais il a un certain atout avec une vision extraordinaire (une vision excellente est à 10 sur 10, il a 12 ! et il fait du triathlon).
Depuis les années 2000, je m’étais maintenu en forme en pratiquant tennis-de-table et badminton, avec quelques périodes au niveau compétition locale.
La diversité des mentalités, des compétences, des motivations, est une richesse qu’il faut toujours garder à l’esprit. Et quand elle se présente, il faut la privilégier à la routine.
Quant à la haine et au mépris, qui font partie de la diversité, il faut aussi les croiser pour savoir s’en prémunir.