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De la forêt

De la forêt

Publié le 12 avr. 2020 Mis à jour le 12 avr. 2020 Culture
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De la forêt

De la forêt, Bibhouti Bhoushan Banerji, Zulma, 2020 (traduit par France Bhattacharya)

Jeune diplômé et citadin de Calcutta, Satyacharan accepte, pour se sortir d'une situation financière difficile un poste de régisseur de forêts dans le district de Purnea, au Bihar, cinq cents kilomètres au nord de la capitale du Bengale-Occidental. Le jeune homme découvre alors un monde inconnu de lui : des forêts, la nature à perte de vue et des hommes et des femmes très pauvres et souvent heureux. Loin de se morfondre, il découvre son environnement et bientôt se demande même comment il pourrait le quitter.

Cette année, au salon du livre de Paris, l'Inde était invitée. A cette occasion, Zulma avait prévu une série collector designée par le maître des -sublimes- couvertures de la maison David Pearson, à partir de créations originales de Roshni Vyam, peintre indienne. Le résultat est superbe et tant pis pour le salon annulé. Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950) a écrit ce livre en 1937-1939 et il est traduit et publié pour la première fois en français, considéré pourtant comme l'un des premiers grands romans écologiques. Banerji a vécu cette vie de régisseur pendant quelques années à partir de 1925. C'est la description d'un monde disparu maintenant, une faune et une flore incroyables et formidables. Un écosystème qui fonctionne parfaitement bien sans l'intervention humaine.

Le romancier raconte au travers d'anecdotes, de rencontres de gens extra-ordinaires comment les gens vivent en harmonie avec la nature, sans la détruire ou la gêner. On y rencontre des gens pauvres voire très pauvres, souvent satisfaits de leur sort, ne demandant qu'à manger à leur faim. Il ne fait pas l'impasse sur les difficiles conditions de vie dès qu'un événement malheureux survient : la mort d'un homme et c'est toute sa famille qui est menacée de ne plus pouvoir manger. Un événement climatique et c'est toute la population qui peut mourir de faim, ou d'un incendie lorsque la sécheresse s'installe pour de longs mois. Tout est joliment dit, dans une langue emplie d'images, de légendes, de paraboles. B.B. Banerji parle tellement bien de la nature qui entoure son héros que l'on parvient presque à la voir, la sentir, l'entendre lorsqu'il s'agit des oiseaux notamment, la craindre lorsqu'il faut traverser la forêt la nuit...

Banerji s'interroge sur l'irruption de la modernité dans ce monde protégé, sur le sentiment de supériorité des citadins sur ces peuples qui vivent loin du confort. Jusqu'à quand résisteront-ils ? Et la nature jusqu'à quand restera-t-elle aussi belle, préservée ? Plus globalement, c'est l'éternelle question du mal que l'homme fait à la planète, à la faune et la flore et à lui-même. Presque un siècle et ce roman nous parle d'aujourd'hui.

Toutes mes recensions sont sur mon blog http://www.lyvres.fr/

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