CHAPITRE 21
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CHAPITRE 21
Une marquise indignée – Une réconciliation en un baiser – Promenade en duo.
Tandis que je sortais du conseil des ministres pour me diriger vers la messe, Athénaïs se glissa à mes côtés, son bras autour du mien, sa taille fine collée à la mienne, sa poitrine dressée sous mon regard, et son minois adorable m’observant à la dérobée. Elle marchait fièrement d’un pas martelant les carreaux. Sa colère grondait à chaque claquement de ses talons. Et j’en connaissais la cause. Baissant les yeux, ne disant mot, j’inspirais son parfum, et finis par relever la tête et glisser un baiser au creux de sa nuque sous les yeux de courtisans qui ne rataient aucun de mes gestes.
— Mon Roi, aurais-tu oublié le chemin jusqu’à mon lit ?
Sa voix impérieuse était chargée de reproches. Je savais qu’en la délaissant quelques jours, j’allais contrarier ma capricieuse marquise. Je posais ma main sur son bras, lui souriant.
— Bien sûr que non, ma mie.
À son expression, je sus qu’il me faudrait plus que cela pour chasser sa colère.
— N’ai-je point ramené ton frère à de meilleurs sentiments à ton égard ?
Philippe était non seulement venu partager mon déjeuner, nous avions pu également discuter. Elle n’y était étrangère.
— Si ma douce, tu as fait des merveilles avec mon frère.
Ses doigts pianotaient dans l’air, composant une musique qu’elle seule entendait, mais j’en percevais les élancées d’impatience.
— Ne t’ai-je pas prêté ma voyante ?
À ces mots, je me figeais. J’avais promis de ne pas me fâcher avec sa voyante, mais celle-ci n’avait répondu à aucune de mes espérances. Ce fut à mon tour de hausser les sourcils.
— Louis, tu m’avais promis de ne point la juger sur ce qu’elle te dirait.
Certes, j’avais fait une telle promesse, mais il était évident que la médium ne croyait en la magie qu’elle disait pratiquer. J’ai toujours été convaincu que la plupart étaient des charlatans, mais le constater de ses yeux demeurait surprenant.
— Ma chère, ta voyante a effectivement été très loin de répondre à mes attentes, mais je ne t’en fais aucun reproche.
Athénaïs me regarda avec un élan d’indignation, ses talons me parurent claquer d’autant plus fort sur le parquet en chêne massif, lustré patiemment par les petites abeilles ouvrières du palais.
— Encore heureux ! Je ne souffrirais Louis de te rendre autant de service et de n’être récompensée que par ta colère.
En disant cela, elle pivota vers moi, et glissa un doigt entre mes sourcils, elle aplanit ma ride du lion qui creusait mon front à cet instant même sans que je m’en rende compte.
— Cesse d’avoir l’air si furieux, mon cher ami. C’est moi qui devrais l’être, pas toi.
À ces mots, elle m’embrassa afin de chasser plus aisément ces traces de colère. Et indéniablement, son baiser fit effet. Ses lèvres impérieuses prirent d’assaut mon cœur et mon âme. Je cédais à ces lèvres délicieuses, laissant sa langue aventureuse pénétrer ma bouche, la conquérir.
Entre ses bras tendres et chauds à la fois, sa poitrine pressée contre mon torse, nos cœurs battant à l’unisson, j’oubliais un instant le tumulte de la guerre, les problématiques financière qui revenaient sans cesse me forçant à choisir entre les canons et les pierres pour Versailles. Ma divine marquise n’avait pas son pareil pour chasser les nuages.
— Bien, à présent que nous sommes réconciliés, dites-moi comment puis-je te contenter ?
Je caressais sa joue, ramenant une mèche blonde tombant devant ses yeux. Le soleil s’attardait dans ses cheveux lui donnant l’air d’un ange. Ma chère marquise en avait la beauté, mais était aussi mutine qu’une fée.
À cette pensée, le spectre d’Henriette revint me taquiner. J’essayais de le chasser, mais telle une obsession ne disparaîtrait jamais vraiment. Le lien entre ces créatures et les messes noires me semblait toujours flou et lointain. Y en avait-il un réellement ? Pourrais-je seulement les trouver ? Philippe avait-il raison en me conseillant de laisser Rome s’en charger ? Il m’était impossible de répondre à ces questions et plus encore d’oublier tout cela. Mais Philippe avait raison, je ne pouvais m’en occuper seul. Cependant, j’avais déjà tant demandé à ma délicieuse marquise.
— Mon Prince, j’entends tes pensées s’entrechoquer, dis-moi ce qui ne va pas.
Je poussais un soupir. Nous étions encore dans les salons de mes appartements, la messe m’attendait, pouvais-je lui parler franchement à cet instant de tout ce qui m’animait, me taraudait ? Non, pas ici, pas alors qu’on pouvait nous entendre. De plus, je ne pouvais envisager de venir à la messe bras dessus bras dessous de ma maîtresse. L’Église comme ma Reine ne supporterait cela, déjà que la rumeur courant de notre passion les dérangeait par l’idée d’un double adultère qu’ils ne sauraient tolérer. Mes doigts s’attardèrent dans le creux de sa nuque, caressant les perles et le camé ornant sa poitrine.
— Pas ici, pas maintenant, plus tard, dans les jardins, je te dirai tout.
Ce fut à regret qu’elle me laissa seul pour la messe, attendant quelques instants avant de s’y rendre à son tour. Je rejoignis le balcon, et elle les courtisans. Je la vis se placer aux côtés de mon frère.
Plus tard, quand nous nous retrouvâmes dans les jardins, la marquise demanda aux mousquetaires de nous suivre de loin. Si elle accepta que les jardiniers s’adressent à moi, ce furent les seuls à pouvoir s’approcher de nous durant cette promenade. Ces exigences m’amusaient, je dois l’admettre, d’autant plus qu’elles rendaient furieux mes ministres. Même Bontemps avait l’air contrarié qu’une favorite puisse ainsi donner des ordres comme si elle était la reine. Indéniablement, ils préféraient la douceur de Louise à l’impétuosité d’Athénaïs.
— Tiens ta promesse, Louis.
Et c’est ce que je fis, je lui racontais le corps découvert au Sanctuaire, les rêves qui m’étaient alors venu, les créatures que je pensais avoir vues enfant et enfin les messes noires et les apostats. Elle m’écouta patiemment, puis quand j’eus fini, elle pinça ses divines lèvres roses.
— Je vois.
Et ce fut tout ce qu’elle me dit à cet instant.
Nous marchions dans le silence, le gravier crissant sous nos pas, les herbes dansant follement, les rides mouvantes à la surface de l’eau des bassins, le parfum des fleurs agitées par le vent, la symphonie des oiseaux chantant nichés dans les arbres environnants, le bourdonnement léger des abeilles butinant. Je me laissais facilement bercer par la beauté somptueuse de ces jardins qui prenaient vie sous nos yeux au printemps. Quelle délicieuse saison c’était, le printemps, mais comme la jeunesse, ces fleurs chargées de couleurs et de parfums étaient fugaces, comme l’avait été ma pauvre Henriette.
— Ma voyante n’a donc pas répondu à tes interrogations. J’espère que tu ne la soupçonnes pas de faire partie de ces adorateurs de satan !
Athénaïs brisa le silence de sa déclaration qui me laissa muet quelques instants. Je fronçai les sourcils en l’entendant et me tournai vers elle.
— Je ne l’accuse de rien, je voulais connaître son opinion sur la magie et les créatures. Penses-tu que j’ai été la proie de mon imagination ?
Ma chère marquise ne souffrait point de l’inquiétude de l’opinion des autres, pas même de la mienne, aussi répondit-elle franchement :
— Louis, je consulte les voyantes, je crois en l’existence des esprits, et même au petit peuple et aux garous. Je ne suis pas certaine que toutes les légendes soient vraies, mais je suis convaincue qu’à l’instar des rumeurs, il n’y a pas de fumée sans feu. Toutes ces légendes que se racontent les gens depuis des siècles ont forcément quelques parts de vérité. Et les remèdes des sorcières fonctionnent, n’est-ce pas ?
Elle inspira, me consultant d’un bref regard avant de poursuivre :
— L’alchimiste Nicolas Flamel est devenu immensément riche et a donné beaucoup aux bonnes œuvres, c’était par ailleurs un fervent chrétien. Croire en la magie ne veut pas forcément dire vouloir faire du mal ou être un mauvais chrétien.
Cette précision semblait venir comme une protection qu’elle tirait sur elle, comme si j’aurais pu la traiter de sorcière alors que je lui demandais son aide ! À la brillance de ses yeux, je sus qu’elle me défiait de lui répondre.
— Mais toi, Louis, tu n’as jamais cru en ces choses-là, bien que tu en as été témoin naguère. Si tu as refusé d’y croire toutes ces années, c'est sans doute parce qu’elles t’effrayaient et que tu n’avais aucun moyen de les appréhender. Peut-être est-ce également parce que tu as été éduqué par le Cardinal qui n’y croyait pas plus que toi. Mais cela ne veut pas dire que l’enfant que tu as été a tout imaginé. Si ces images te reviennent en rêve, c’est qu’il y a une raison, ne penses-tu pas ?
Comme toujours, elle parlait juste, et son esprit allait au plus simple, sans détour. En ne cherchant à me plaire ou à me satisfaire, elle laissait son intelligence s’exprimer librement et m’offrait une pensée aussi claire que de l’eau de roche. Je me demandais pourquoi je ne lui en avais pas parlé plus tôt.