Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
 Un banc au bord de l’abîme

 Un banc au bord de l’abîme

Published Apr 2, 2021 Updated Apr 2, 2021 Travel
time 2 min
2
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comment
lecture 98 readss
2
reactions

On Panodyssey, you can read up to 30 publications per month without being logged in. Enjoy29 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

 Un banc au bord de l’abîme

Les plus beaux des bancs sont en Écosse, et dans les endroits les plus escarpés ou les plus inattendus, ils s’imposent comme des évidences. Paisibles, entêtés, au-dessus d’un gouffre d’écume, sur le versant d’une montagne, au seuil d’une lande, au milieu des fougères, au pied d’un château tout en haut d’un tertre, ils te tiennent la conversation. Et tu t’arrêtes, tu t’assieds dans cet intime périmètre ou tu poses tes pieds, tu t’accoudes, tu t’étires le dos et tu mesures la majesté du paysage. Tu n’as qu’à te laisser aller.

Les bancs sont humbles et recueillis. Ce sont des entonnoirs à rêveries. Pendant que, fourbu, tu penches la tête en arrière, tu vois le grand ciel au-dessus de toi, eux ils te versent dans le fond des yeux et dans les poumons, un savoureux bol d’air et un second souffle. C’est pour cette raison peut-être que la plupart d’entre eux sont dédiés à des gens disparus qui aimaient venir dans ces lieux où ils continuent de venir pour l’éternité.

Sur la colline qui mène à Holborn Head, Mel et Annie t’attendaient ce soir-là et tu n’en savais rien. Pendant des années, elles ont gravi tous les dimanches et jours de fête le sentier pour s’ébattre dans l’herbe folle qui court jusqu’au ras de la falaise. L’océan relie d’un immense trait bleu les côtes des îles Orcades et celles du Caithness. Là où est installé le banc, le vent souffle fort et l’herbe tremble de voir les flots blancs. Les grosses mottes de mousse dissimulent des trous béants et des accès directs sur le vide.

L’endroit est exaltant. La prairie fraîche et verte, abondamment fleurie en été, donne envie de courir et de décoller. De s’élever au-dessus des roches, au-dessus des hautes falaises et de se laisser porter par les courants ascensionnels, sans jamais redescendre vers le sol accidenté.

            C’est à la frontière de cette ivresse que Mel et Annie s’assoient encore sur leur banc. Sobre, silencieux et raisonnable, il veille et il écoute la mémoire des lieux. Sur le dossier, cette plaque rappelle leurs deux noms…

« Remembering Mel and Annie laughing for life in the long grass »

 

lecture 98 readings
thumb 0 comment
2
reactions

Comments (0)

You can support your favorite independent writers by donating to them

Prolong your journey in this universe Travel
Moi, la Belgique et la France
Moi, la Belgique et la France

Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de débuter un conflit entre ces deux pays par des vannes de mauvais goût...

Elysio Anemo
7 min
Au hasard de la découverte
Au hasard de la découverte

Dans le vaste univers du voyage, on croise toutes sortes de gens. Il y a ceux qui ont tout simplement la bougeotte et...

Jackie H
5 min
Le voyage pour mode de vie
Le voyage pour mode de vie

Ce serait une hérésie, dans le cadre de ce qui veut être une "anatomie du voyage", de passer sous silenc...

Jackie H
7 min

donate You can support your favorite writers