Les « Stacks » à Duncansbay Head
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Les « Stacks » à Duncansbay Head
On fait un grand bond au-delà des falaises de Holborn Head, un pas de géant au-dessus de la grande baie de Thurso, chère aux surfers et on prend la direction du fameux John O’ Groat’s qui passe aux yeux des touristes pressés pour « l’extrémité nord des îles britanniques ». Le bout du bout ! En saison, les cars bondés s’arrêtent tous là, au pied de « la dernière maison ». Les visiteurs empressés, bardés de technologie, multiplient les selfies, courent dans tous les sens, embrassent le panneau « The last house », s’extasient : « I’ve been there ! »
Certains filent prendre le ferry, quittent le « Pentland Firth », mettent le cap vers un archipel situé au-delà du « land’s end ». Un archipel au nord de John O’ Groat’s et pourtant britannique... Il y a même des maisons, des hameaux, des villages et des villes au milieu de ces terres qu’ils croyaient réservées à la marée haute, aux mégalithes et aux ruines de vieux châteaux.
Si on préfère « le coup de vent » à l’agitation du quai ou aux quelques magasins de cartes postales et de pulls shetland, on suit la côte et on monte par le sentier ou par la route jusqu’au parking des « Stacks of Duncansbay » : ces immenses rochers entartrés de guano, qui apparaissent à l’horizon de la mer et de la côte rocheuse, sont souvent comparés à des incisives de géants ou à des chicots. Tout est affaire de point de vue !
Sous le cabinet dentaire du ciel blanc ou gris, ils subissent en tout cas le coup de roulette des tempêtes et le plombage de la pluie, de la grêle, de la bruine. Mais quand, sous l’éclat des néons, la blouse des nuages se déchire, l’effet d’anesthésie se dissipe et tout le palais encore endolori se réveille.
On ouvre grand la bouche, presque béat. On a le nez qui coule, de l’écume ou des embruns sur les lèvres. Les jambes tremblent et les cuisses frissonnent. Et on se précipite en se tenant la mâchoire. Au-dessus des rochers sans cesse aiguisés et qui sentent le clou de girofle, on s’élance. Dans l’herbe mouillée, par le sentier, on écarte le bras. On dégringole en ricanant avec les goélands. Et on pousse des cris et on grince des dents tellement c’est bon de se sentir libre…