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Épisode 15 - Piégée

Épisode 15 - Piégée

Published Dec 3, 2024 Updated Oct 9, 2025 New Romance
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Épisode 15 - Piégée

POV Lili


La semaine s’était écoulée à une vitesse étourdissante, ne laissant aucune place à mes propres préoccupations. Entre le projet pour M. Ferguson, la recherche de mon stage qui semble sans issue et les révisions pour mes examens, je n’avais trouvé que peu de répit. Point positif : je n’avais pas eu le temps de penser à Logan. J’avais fait de mon mieux pour l’éviter, en me réfugiant dans la bibliothèque dès que j’avais une heure de libre ou en déjeunant seule sur l’un des bancs abandonnés derrière le lycée. J’appréciais le calme des lieux, loin des gémissements et des gloussements insupportables de cette garce de Morgan. Loin de ses regards méprisants et triomphants. Mais il ne fallut pas beaucoup de temps à Ryan, Anny, Steve et Ethan pour trouver ma cachette et me rejoindre. Et je les aimais tous pour ça.


― Tu viens ce soir ?


La question de Ryan me tirait de mes réflexions pour la troisième fois en moins de dix minutes. Une nouvelle soirée chez Ethan était prévue. Au programme : alcool, musique et le spectacle écœurant que nous offrait sans cesse depuis une semaine Logan et Morgan. Honnêtement, je n’étais pas d’humeur, mais je n’allais pas me priver de sortie à cause de ces deux-là. Je pourrais y aller simplement pour danser, sans jamais les approcher. Pour me défouler au rythme des basses lancinantes, et peut-être trouver des bras réconfortants pour quelques instants.


C’était illusoire, j’en avais parfaitement conscience. Espérer oublier ce baiser, même le temps d’une soirée, était ridicule. Ne pas penser à ce qu’il m’avait fait ressentir avant que mes démons ne me ramènent vers ce passé sombre était inconcevable. J’étais bien incapable d’arrêter de ressasser les secondes, puis les jours, qui ont suivi : sa confusion, son incompréhension puis son absence et son silence. Depuis ce tête-à-tête dans la salle de bain, il ne m’avait pas contactée. Il n’avait pas cherché à me joindre ni à me voir. N’était-il pas curieux de ma réaction ? De ma fuite ? Ne voulait-il pas comprendre ma douleur ?


― Il ne vient pas… m’annonça soudainement Ryan comme s’il lisait dans mes pensées. Un truc de famille… Et Morgan sera à une soirée pom-pom girl. Donc elle et ses copines ne seront pas là, non plus. Ça va être entre nous. Tranquille et sans histoire. Je te le promets.


Je relevai les yeux de mon livre d’histoire que je fixais depuis une éternité sans en retenir le moindre mot. Un soupir de lassitude m’échappa alors que je refermais mon manuel et je cédai enfin à Ryan. Il était obstiné et il ne me lâcherait tant qu’il n’aurait pas obtenu un oui de ma part.


― Super ! s’exclama-t-il en se levant. Anny arrive, justement ! Je vous laisse vous faire belles et on se retrouve chez Ethan à 19 heures. J’ai quelques trucs à faire avant la fête.


Depuis mardi, il insistait pour me raccompagner chez moi tous les soirs. Il m’avait demandé de l’attendre sur les bancs des supporters pendant son entraînement après les cours. Anny me tenait compagnie, faisant fuir les pom-pom girls curieuses. Nous occupions ces deux heures à travailler, tout en profitant du spectacle.


Mais aujourd’hui, nous avions quitté le lycée à 15 h sans que Ryan ne m’en donne la raison. Son comportement était des plus suspects, cet après-midi. Il évitait mon regard et refusait d’abandonner au sujet de la soirée. Ce n’était pourtant pas la première fois que je choisissais de passer mon vendredi soir seule chez moi, devant d’un bon film, blottie dans mon plaid avec un chocolat chaud à la main.


Juste au moment où je m’apprêtais à lui demander ce qu’il me cachait, la porte d’entrée s’ouvrit brusquement et la voix d’Anny retentit depuis le hall :

― Hello ! Vous êtes présentables ?


Exaspérée, je l’invitai à nous rejoindre dans le salon. Depuis le week-end dernier, tout le monde supposait que Ryan et moi étions ensemble. Oui, nous avions passé une bonne partie de la nuit dans le même lit. Oui, nous étions devenus particulièrement proches. Oui, il se montrait très protecteur envers moi, mais d’une manière fraternelle. Pas comme un amant. Ni comme un petit ami.


Ryan, visiblement amusé par l’attitude d’Anny, se contenta de sourire en hochant la tête. Il se pencha vers moi pour déposer un baiser tendre sur mon front puis quitta la pièce.


Peu après, ma meilleure amie fit son entrée, les bras chargés de sacs, affichant un air insouciant.


― Je ne vous ai pas dérangé, j’espère… souffla-t-elle en se laissant tomber sur le canapé à côté de moi.

― Je te l’ai déjà dit : Ryan est juste un ami. Je l’aime comme un frère. Rien d’autre…


Et j’étais convaincue que c’était réciproque. Surtout avec l’intense béguin qu’il avait pour Camilla. C’était presque incompréhensible qu’ils ne forment pas déjà en couple. Leur attirance mutuelle était évidente, leur affection indéniable, et pourtant.


― Oui, je sais… maugréa Anny. Pour une raison que j’ignore, tu craques sur mon idiot de cousin !

― Je…


Son regard noir – celui qui criait « ne me prends pas pour une conne ! » – mit fin à toute envie de mensonge. J’avais, sans l’ombre d’un doute, des sentiments pour Logan. Une vérité dont je ne pouvais m’échapper.

Après un silence tendu, Anny déballa les sacs, dévoilant des jeans, des shorts et des hauts, tous plus beaux les uns que les autres. Manifestement, elle avait prévu de faire de moi sa poupée et de me vêtir selon ses caprices. Et je n’avais pas l’intention de m’y opposer. Je n’en avais pas la force.


― Alors pour ce soir, j’ai pensé à ce superbe dos nu rouge avec ton skinny blanc que tu caches dans le fond de ton armoire, commença-t-elle. Sinon… Ce fabuleux petit short noir qui te fera des jambes incroyables.


Elle jeta les vêtements sur mes genoux, me laissant comprendre que je devais les enfiler sans discuter. Je touchai du bout des doigts ces pièces de créateurs, mal à l’aise et quelque peu réticente. Ils étaient ridiculement courts et tape-à-l’œil pour moi. Anny, avec sa silhouette fine et élancée, pouvait jouer avec ce style, mais pas moi. Il était hors de question de renoncer à un soutien-gorge. Jamais je ne me risquerais à m’exposer sur la piste de danse avec pour seul maintien un morceau de tissu aussi léger.


Anny s’assit près de moi, en me souriant tendrement, puis posa sa main sur ma cuisse dans un geste réconfortant. Elle pencha la tête, m’observa quelques instants avec une intensité troublante.


― Je tuerais pour avoir un corps comme le tien, Lili. Je suis persuadée que tu serais sexy en diable dans ces fringues, mais si tu ne le sens pas, j’ai ce qu’il te faut.


Elle chercha brièvement parmi le désordre de coton et de dentelle avant de trouver une petite robe noire.


― Tiens, elle sera parfaite pour toi. Elle est courte et, avec tes formes pulpeuses, elle risque d’être plus que mini, mais si tu la portes sur ton jean blanc, ce sera parfait. Tu seras sublime.


Elle sortit une paire de compensés rouges de l’un des sacs et me la tendit.


― Pour compléter la tenue… Allez, viens ! On va se préparer.


Tout refus était inenvisageable. Pour Anny, c’était totalement hors de question. Alors, sans discuter, je la laissai me traîner jusqu’à ma chambre.


― Si ça te dérange pas, je vais prendre une douche avant d’enfiler ma tenue, lui annonçai-je par-dessus mon épaule.

― Non, pas de souci. Mais pas la peine de te laver les cheveux, chantonna Anny, je vais te les attacher et te faire des boucles.


Plutôt que de gaspiller mon temps et mon énergie en négociations, je me suis glissée sous l’eau chaude, bercée par le flot continu des histoires d’Anny sur ses récentes escapades avec le garçon qui faisait chavirer son cœur. Du moins pour cette semaine. Allongée sur mon lit, elle me décrivait son rendez-vous du jour, avec Luc, si mes souvenirs étaient bons, un joueur de basket en première année de fac. J’ignorais comment elle l’avait rencontré, probablement dans un café en ville lors de l’une de ses sorties tandis que je travaillais à la bibliothèque.


Un quart d’heure plus tard, j’émergeais enfin de l’atmosphère tropicale de ma salle de bain, revêtant l’ensemble audacieux qu’Anny avait sélectionné pour moi. Elle m’attendait à côté de ma coiffeuse, choisissant le fard à paupières qui viendrait parfaire ma tenue. Naturellement, elle était déjà prête à partir. Pimpante, elle avait opté pour une robe dorée au dos échancré et une jupe courte, assortie à des talons hauts noirs. Un smokey eyes subtil, un soupçon de blush sur les pommettes, des lèvres luisantes et sa chevelure brune longue élégamment coiffée en un chignon négligé. Elle savait comment se mettre en valeur et j’admirais l’assurance qu’elle dégageait.


― Parfait ! soupira-t-elle en me détaillant du regard. Viens t’asseoir maintenant. Je n’en aurais pas pour longtemps. On va faire simple ce soir. Rien de trop travaillé.


Les quinze minutes qui suivirent furent rythmées par les coups de crayon et de peignes sous la voix cristalline d’Anny.

***


La soirée que Ryan avait jurée tranquille s’était avérée être une véritable fête étudiante avec alcool à volonté et une foule survoltée sur la piste de danse improvisée en plein milieu du salon. À peine 20 heures et déjà les premiers ravages causés par la bière et le whisky bon marché étaient visibles.


Ethan, adossé au mur en face, nous interpella dès notre arrivée. Souriant, il passa un bras autour de nos épaules, nous pressant contre lui puis déposa un baiser sur le sommet de nos têtes. L’odeur de parfum féminin, sucré et entêtant, qui l’entourait était presque insupportable, et je ne pus m’empêcher de grimacer de dégoût. Il était indéniable qu’une de ses groupies s’était frottée à lui peu de temps avant qu’il ne pose ses lèvres sur nous.


― C’est bon, tu peux nous lâcher, rouspéta Anny en le repoussant. Tu pues la garce en mal d’amour !

― Ne sois pas jalouse, s’esclaffa Ethan. Elle ne t’arrivait pas à la cheville !


Le visage d’Anny se crispa momentanément avant de se figer dans une expression neutre. Soulagement fugace ou colère refoulée ? Difficile à dire. Elle excellait dans l’art de dissimuler ses véritables émotions, mais j’étais convaincue qu’il y avait quelque chose entre ces deux-là. Juste quand je m’apprêtais à poser la question à Anny, Ryan apparut à mes côtés. Il glissa sa main sur ma taille, m’embrassa tendrement sur le front avant de me chuchoter à l’oreille :


― Tu es sublime, ma Lili. J’ai quelque chose à te montrer à l’étage. Tu pourrais me suivre, s’il te plaît ?


Son sourire timide, presque embarrassé, ne se reflétait pas dans l’azur de ses yeux. Sa demande était tout aussi inattendue et étrange que son comportement. Sentant mon hésitation, il ne me laissa pas le temps de résister ni de l’interroger : il attrapa mon poignet et m’entraîna dans les escaliers, sous le regard amusé d’Ethan et Anny. Quelle ironie ! Moi qui avais promis à ma meilleure amie qu’il n’y avait rien de romantique entre Ryan et moi… Inutile d’espérer qu’elle me croie après ça.


― Où m’emmènes-tu, Ryan ?

― Fais-moi confiance, Lili… Tu ne crains rien, dit-il par-dessus son épaule.


Un rire nerveux s’échappa de mes lèvres. La confiance que j’avais en lui s’effondrait à chaque pas. Son attitude mystérieuse, la pénombre, les ricanements autour de nous, tout me paraissait bien trop similaire à mes cauchemars.


― Stop, Ryan. S’il te plaît, le suppliai-je tentant de le ralentir.

Mon souffle se brisa, non pas à cause de l’effort, mais de la peur qui s’installait. La panique m’étouffait un peu plus chaque seconde, pesant lourdement sur ma poitrine douloureuse.


Ryan me serra la main, un geste qui semblait plus désespéré que réconfortant, sans prononcer un mot pour dissiper mes angoisses. Silencieusement, il me guida à travers un couloir sombre, celui-là même qui menait à la salle de bain où Logan et moi nous étions embrassés la semaine dernière. Un frisson glacé me parcourut les bras et mes jambes, tremblantes, m’abandonnaient peu à peu.


― Ryan. Je ne me sens pas bien…


Il s’arrêta enfin devant une porte et se tourna vers moi, son expression empreinte de regret. Une main sur mon épaule, l’autre sous mon menton, il me força à lever les yeux vers lui.


― Personne ne va te faire du mal, m’assura-t-il d’une voix douce. D’accord ? Je te promets que tout ira bien. C’est juste pour discuter…


Il ouvrit la porte et me poussa à l’intérieur de la pièce avant de refermer derrière moi. Je me précipitai vers la poignée, mais c’était trop tard. Elle était verrouillée. Ryan m’avait enfermée dans cette chambre. Pourquoi ? Pourquoi faire une chose pareille ? Il connaissait mes plus secrets les plus terribles, mes blessures les plus profondes. Mes démons les plus tenaces. Comment pouvait-il me trahir ainsi ?


― Ryan ! Ce n’est pas drôle ! Ouvre-moi, maintenant !


Mes cris désespérés et mes coups résonnaient, malgré la musique qui pulsait à travers les murs. Comment était-il possible que personne ne m’entende ?


Mes joues étaient inondées de larmes amères et ma gorge brûlait d’avoir trop hurlé. Résignée, je me laissai glisser le long de la porte, cherchant refuge sur le sol froid, mon esprit assailli par l’angoisse.

Soudain, je le perçus. Une respiration profonde, puis un murmure inquiétant, ou plutôt un bruissement, juste de l’autre côté du lit. Je n’étais pas seule. Il y avait quelqu’un, ici, dans cette chambre, avec moi. Ce n’était pas simplement un jeu. C’était un piège. Malsain et terrifiant.


Dans la pénombre oppressante, j’observais, je guettais les alentours, cherchant une ombre, une présence… mais rien ne surgit. Personne n’apparut avant qu’une lampe de chevet ne s’illumine, dévoilant le visage épuisé de Logan. Ses cheveux étaient en désordre et son t-shirt froissé, comme s’il m’avait attendu ici depuis des heures. J’aurais dû comprendre que tout ceci était sa faute, son parfum flottait dans l’air. Mais j’étais trop engourdie par l’angoisse qui m’enveloppait pour reconnaître son odeur.


― Lili, je ne te veux aucun mal…


Sa voix, rauque et posée, me glaça le sang. Il se leva lentement, avançant vers moi, mais s’immobilisa aussitôt. La peur dans mes yeux ne lui échappa pas. Acculée contre le mur, mon corps gelé tremblait d’effroi tandis que des souvenirs horribles resurgissaient : le sourire diabolique d’Éric ; ses mots empreints de douceur aussi menaçants que des lames ; ses mains calleuses et ses gestes brusques…


Je secouais la tête pour chasser ces visions terrifiantes. Ce n’était pas Éric. Je n’étais pas dans cette chambre avec lui. Je n’avais rien à craindre de Logan. Ryan ne m’aurait jamais laissée seule ici si je courais le moindre danger.


― Je veux juste te parler, Lili. Je peux m’approcher ?


Me parler ? Une vague de colère me submergea. Il avait eu de nombreuses occasions de le faire cette semaine. Il aurait pu venir me voir samedi après l’entraînement, avec les autres. Un message ou un appel aurait pu tout changer. Même lors du cours d’informatique lundi matin, il aurait pu aborder le sujet. Mais non, pas une seule fois, il n’avait pris l’initiative. Pas un mot. Pas un regard. Trop occupé à mettre sa langue au fond de la gorge de Morgan.


Je me sentais totalement submergée, recroquevillée sur moi-même, comme une proie désespérée. L’obscurité de mes pensées m’engloutissait peu à peu, piégeant mon esprit entre frustration sourde et panique glaciale. Une larme solitaire glissa sur ma joue, suivie d’un soupir ténu qui s’échappa de mes lèvres sèches. Ce fut la seule réaction véritable qu’il obtint de moi avant de s’avancer vers moi. Les mains levées comme pour m’apaiser.


Le bruit de ses chaussures crissant sur le carrelage à chacun de ses pas ressemblait à un cri dans la nuit, faisant frissonner chaque centimètre de mon corps.


Sans précipitation, comme pour ne pas me brusquer, il s’assit sur le sol en face de moi, à un mètre de distance.


― Regarde-moi, Lili. S’il te plaît…



Texte de L.S.Martins (120 minutes chrono sans relecture).

Image par Henryk Niestrój de Pixabay : Lampe De Rechange Chambre Meubles - Photo gratuite sur Pixabay

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