Épisode 15 - Piégée
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Épisode 15 - Piégée
POV Lili
La semaine était passée à une vitesse étourdissante. Entre le projet pour M. Ferguson, la recherche de mon stage et la préparation pour mes examens, je n'avais pas eu beaucoup de temps pour moi. Point positif : je n'avais pas non plus beaucoup de temps pour penser à Logan. Je l'avais évité autant que possible, me réfugiant dans la bibliothèque et déjeunant seule sur l'un des bancs abandonnés derrière le lycée. J'appréciais le calme des lieux, loin des gémissements et des gloussements de cette garce de Morgan. Loin de ses regards méprisants et triomphants.
— Tu viens ce soir ?
La question de Ryan me tirait de mes réflexions pour la troisième fois en moins de deux heures. Encore une soirée chez Ethan. Encore une soirée à regarder Logan enfoncer sa langue dans la gorge de sa dernière conquête. Je n'étais pas d'humeur à supporter ce spectacle écoeurant. Peut-être pourrais-je y aller juste pour danser. Pour me défouler au rythme des basses lancinantes et même trouver des bras réconfortants pour quelques instants. Aucune chance ! Impossible que je ne cesse de penser à ce baiser. À ce qu'il m'avait fait ressentir avant que mes démons ne me ramènent vers ce passé sombre que j'ai si souvent tenté d'oublier. Impossible que j'arrête de ressasser les minutes qui ont suivi. Ni même les jours. Nous n'avions pas parlé depuis notre tête-à-tête dans la salle de bain. Il n'avait pas cherché à s'excuser, ni même à s'expliquer. Pas qu'il en avait besoin, il n'a rien fait que je ne désirais pas, mais pourquoi n'est-il pas curieux de ma réaction ? De ma fuite ?
— Il ne vient pas... m'annonça soudainement Ryan comme s'il lisait dans mes pensées. Un truc de famille... Et Morgan a une soirée pom-pom girl. Donc elle et ses copines ne seront pas là, non plus. Ça va être une soirée tranquille, sans histoire. Je te le promets.
Je relevai les yeux de mon livre d'histoire, incapable de me rappeler le sujet de la page que je fixais depuis des heures. Dans un soupir de lassitude, je cédai. Ryan était obstiné et il ne me laisserait pas tranquille tant qu'il n'aurait pas obtenu un oui de ma part.
— Super ! s'exclama-t-il en se relevant. Anny arrive, justement ! Je vous laisse vous faire belles et on se retrouve chez Ethan à 19 heures. J'ai quelques trucs à faire avant la fête.
Depuis une semaine, il me raccompagnait chez moi tous les soirs. Habituellement, je l'attendais sur les bancs des supporters durant son entraînement, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, nous avions quitté le lycée directement après le dernier cours, sans passer par le stade. Il avait refusé de m'en donner la raison et son comportement était des plus étrange depuis. Il avait évité mon regard tout l'après-midi et insistait lourdement pour que je vienne à cette soirée. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je passais un vendredi soir seule chez moi, profitant d'un bon film, blottie dans mon plaid avec un chocolat chaud à la main.
La porte s'ouvrit brusquement et la voix d'Anny s'éleva :
— Hello ! Vous êtes présentables ?
Exaspérée, je l'invitai à nous rejoindre dans le salon. Depuis le soir où j'ai embrassé Logan, tout le monde supposait que Ryan et moi étions ensemble. Oui, nous avions passé toute une nuit dans le même lit. Oui, nous étions devenus particulièrement proches. Oui, il se montrait très protecteur envers moi, mais d'une manière fraternelle. Pas comme un amant. Ni comme un petit ami. Ryan se contenta de sourire en hochant la tête. Il s'approcha pour déposer un baiser tendre sur mon front puis quitta la pièce.
Peu après, ma meilleure amie fit son entrée, les bras chargés de sacs, affichant un sourire insouciant.
— Je ne vous ai pas dérangé, j'espère... souffla-t-elle en se laissant tomber sur le canapé juste à côté de moi.
— Je te l'ai déjà dit : Ryan est juste un ami. Je l'aime comme un frère. Rien d'autre...
Et je savais que c'était réciproque. Surtout avec l'énorme béguin qu'il avait pour Camilla. C'était un mystère pour moi qu'ils ne soient pas déjà en couple. Ils
étaient visiblement épris l'un de l'autre, c'était si évident. Et pourtant.
— Oui, je sais... maugréa Anny. Pour une raison que j'ignore, tu craques sur mon idiot de cousin !
— Je...
Sonregard noir — celui qui criait "ne me prends pas pour une conne !" — interrompit brusquement mon mensonge. J'avais évidemment des sentiments pour Logan, c'était indéniable. Je ne pouvais pas le nier. Ni à elle. Ni à moi-même.
Après un bref silence tendu, Anny ouvrit les sacs et en sortit des jeans, des shorts et des hauts, tous plus beaux les uns que les autres. Manifestement, elle avait prévu de faire de moi sa poupée et de m'habiller selon ses préférences. Et je la laisserais faire. Je n'avais simplement pas l'énergie de résister.
— Alors pour ce soir, j'ai pensé à ce superbe dos nu rouge avec ton skinny blanc que tu caches dans le fond de ton armoire, commença-t-elle. Ou alors... Ce fabuleux petit short noir qui te fera des jambes incroyables.
Elle lança les vêtements sur mes genoux, me faisant comprendre que je devais les enfiler sans répliquer. Je caressai du bout des doigts les pièces de créateurs, mal à l'aise et quelque peu réticente. Ils étaient bien trop courts et tape-à-l'œil pour moi. Anny, plus menue et élancée, pouvait se le permettre avec ses formes subtiles. Mais pas moi. Il était hors de question de renoncer à un soutien-gorge. Jamais je ne me risquerai à me trémousser sur la piste de danse avec pour seul maintien un bout de tissu aussi léger.
Anny s'assit à côté de moi, posa sa main sur ma cuisse et sourit. Elle pencha la tête, m'observa quelques instants puis me rassura :
— Je tuerais pour avoir un corps comme le tien, Lili. Je suis persuadée que tu serais sexy en diable dans ces fringues, mais si tu ne le sens pas, j'ai ce qu'il te faut.
Elle chercha brièvement parmi le désordre de coton et de dentelle avant de trouver une petite robe noire.
— Tiens, elle sera parfaite pour toi. Elle est courte et, avec tes formes pulpeuses, elle risque d'être plus que mini, mais si tu la portes sur ton jean blanc, ce sera parfait. Tu seras sublime.
Elle sortit une paire de compensés rouges de l'un des sacs et me la tendit.
— Pour compléter la tenue... Allez, viens ! On va se préparer.
Tout refus était impossible. Inconcevable pour elle. Ainsi, sans discuter, je me traînai jusqu'à ma chambre.
— Si ça te dérange pas, je vais prendre une douche avant d'enfiler ma tenue, lui annonçai-je par-dessus mon épaule.
— Non, pas de souci. Mais pas la peine de te laver les cheveux, chantonna Anny, je vais te les attacher et te faire des boucles.
Plutôt que de gaspiller mon temps et mon énergie en négociations, je me suis glissée sous l'eau chaude, bercée par le flot continu des histoires d'Anny sur ses récentes escapades avec le garçon qui faisait chavirer son cœur. Du moins pour cette semaine. Allongée sur mon lit, elle me décrivait son rendez-vous du jour, avec Luc, si j'avais bien saisi, un joueur de basket en première année de fac. J'ignorais comment elle l'avait rencontré, probablement dans un café en ville lors de l'une de ses sorties alors que je travaillais à la bibliothèque.
Un quart d'heure plus tard, je sortais enfin de l'atmosphère tropicale de ma salle de bain, revêtant l'ensemble audacieux qu'Anny avait sélectionné pour moi. Elle m'attendait à côté de ma coiffeuse, choisissant le fard à paupières qui viendrait parfaire ma tenue. Naturellement, elle était déjà prête à partir. Pimpante, elle avait opté pour une robe dorée au dos échancré et une jupe courte, assortie à des talons hauts noirs. Un smokey eyes subtil, un soupçon de blush sur les pommettes, des lèvres luisantes et sa chevelure brune longue élégamment coiffée en un chignon négligé. Elle savait parfaitement comment se mettre en valeur et j'admirais l'assurance qu'elle dégageait.
— Parfait ! soupira-t-elle en me détaillant du regard. Viens t'asseoir maintenant. Je n'en aurais pas pour longtemps. On va faire simple ce soir. Rien de trop travaillé.
Les quinze minutes qui suivirent furent rythmées par les coups de crayon et de peignes sous la voix cristalline d'Anny.
***
La soirée tranquille promise par Ryan s'est avérée être une véritable fiesta avec alcool à volonté et une foule survoltée sur la piste de danse improvisée en plein milieu du salon d'Ethan. Il était tout juste 19 heures passées et pourtant, où que je regarde, je pouvais déjà voir les premiers ravages causés par la bière et le whisky bon marché.
Steve, adossé au mur en face, nous interpella dès notre arrivée. Souriant, il passa un bras autour de nos épaules, nous serra contre lui et déposa un baiser sur le sommet de nos têtes à chacune. Il sentait le parfum féminin, et je ne pus réprimer une grimace de dégoût. Il était indéniable qu'une de ses groupies s'était frottée à lui peu de temps avant qu'il ne pose ses lèvres sur nos cheveux.
— C'est bon Steve, tu peux nous lâcher, rouspeta Anny en le repoussant. Tu pues la garce en mal d'amour !
— Ne sois pas jalouse, s'esclaffa Steve. Elle ne t'arrivait pas à la cheville !
J'ai aperçu une lueur dans le regard d'Anny que je ne pouvais pas identifier. Était-ce du soulagement ? De la jalousie ? Impossible de le dire. Elle disparut en un instant, laissant place à une expression neutre. Je devrais explorer cela plus tard. Ryan nous avait rejoints et avait glissé sa main sur ma taille avant de m'embrasser tendrement sur le front.
— Tu es sublime, ma Lili. J'ai quelque chose à te montrer à l'étage. Tu pourrais me suivre, s'il te plaît ?
Son sourire timide ne se reflétait pas dans le vert océan de ses yeux. Sa requête était aussi insolite que son attitude. Mais il ne me laissa aucune chance de résister ou de le questionner. Il me prit par la main et m'entraîna dans les escaliers, sous le regard ébahi d'Anny et Steve. Bien joué ! Moi qui avais assuré à ma meilleure amie qu'il n'y avait rien de romantique entre Ryan et moi... Elle ne me croira jamais après ça.
— Où m'emmènes-tu, Ryan ?
— Fais-moi confiance, Lili...
Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres. Lui faire confiance n'avait jamais été un problème jusqu'à présent. Mais la situation actuelle était bien trop similaire à mes cauchemars. Ma respiration s'accéléra, non pas à cause de l'effort ou de la vitesse à laquelle il me faisait traverser la maison d'Ethan, mais parce que la panique s'installait en moi, pesant lourdement sur ma poitrine douloureuse.
Ryan ne fit rien pour apaiser mes craintes. Sans aucune explication, il se contenta de me guider à travers un couloir obscur, le même qui menait à la salle de bain où Logan et moi avions échangé un baiser la semaine précédente. Un frisson parcourut mes bras et mes jambes commencèrent à flageoler.
Lorsqu'il s'arrêta enfin devant une porte et se tourna vers moi, son expression était empreinte de regret. Il déglutit avec difficulté, ouvrit la porte et d'une voix chargée d'anxiété implora mon pardon. Les mots n'eurent pas le temps de quitter ma bouche qu'il me poussa à l'intérieur de la pièce et referma derrière moi. Je me précipitai sur la poignée, mais c'était trop tard. C'était verrouillé. J'étais enfermée dans une chambre inconnue.
— Ryan ! Ce n'est pas drôle ! Ouvre-moi, maintenant !
Mes cris et mes coups demeurèrent sans réponse. Il m'avait abandonné là, pour je ne sais quelle raison. Heureusement, Anny ne me laisserait pas seule bien longtemps. Elle viendrait probablement me libérer de ce jeu étrange.
Un murmure. Non, plutôt un bruissement de l'autre côté du lit me fit sursauter. Je n'étais pas seule. Non, pas encore... Dans la pénombre, je guettais une forme, une présence, mais rien n'apparut jusqu'à ce qu'une lampe de chevet s'allume, dévoilant le visage de Logan. Il semblait avoir attendu ici depuis un moment. L'atmosphère était imprégnée de son parfum, un mélange d'agrumes et de brise marine, que je n'avais pas remarqué, trop distraite par la peur.
— Lili, je ne veux aucun mal...
Sa voix était rauque et posée. Il se leva et fit un pas vers moi, mais il avait dû lire la panique sur mon visage. J'avais déjà vécue ça. Je m'étais déjà retrouvée dans ce genre de situation. J'avais accordé ma confiance à la mauvaise personne et j'avais tout perdu. Je secouais la tête, incapable de formuler la moindre de mes pensées et me laissai tomber sur le lit. Je n'avais pas la force de lutter et, peut-être qu'au fond, je savais aussi que je n'avais rien à craindre de lui.
— Je veux seulement te parler, Lili. Je peux m'approcher ?
Me parler... il avait eu tout le temps de le faire cette semaine. Cependant, pas une seule fois, il ne s'était approché. Il ne m'avait pas adressé la parole une fois depuis notre baiser. Bien trop occupé à se perdre dans la bouche de Morgan. Un soupir s'échappa de mes lèvres et ce fut la seule réaction qu'il obtint de moi.
Puis, j'entendis des pas et le grincement d'une chaise sur le plancher. Sans précipitation, pour ne pas me brusquer, il s'installa en face de moi, à un mètre de distance.
— Regarde-moi, Lili. S'il te plaît...
Texte de L.S.Martins (120 minutes chrono sans relecture).
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