Épisode 10 : Pas intéressée
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Épisode 10 : Pas intéressée
POV Logan
Putain ! J'avais bien failli péter un câble quand j'ai vu le numéro de Steve sur la poitrine de Lili. Cet enfoiré lui avait donné son maillot. Il l'avait revendiqué après m'avoir interdit de l'approcher. Heureusement pour lui que le stade était plein à craquer et que des recruteurs étaient dans les gradins, parce que je lui aurais fait ravaler son sourire suffisant à ce connard.
Je soufflai bruyamment en passant la porte des vestiaires, avant de retirer mon équipement sous les applaudissements et les accolades de mes coéquipiers. Tous, sauf Ryan, Ethan et Steve. Ils célébraient une toute autre victoire. Si le coach n'avait pas été là pour nous féliciter et nous faire son speech d'après-match, j'aurais probablement fait une belle connerie.
― Tu viens chez Ethan, ce soir ? demanda Loïc en me rejoignant sous les douches. Ça fait un bail que t'as pas traîné avec nous. Ça ferait du bien à l'équipe de voir son capitaine ailleurs que sur le terrain.
Il avait raison. Je trouvais toujours une bonne excuse pour ne pas rester après l'entraînement ou pour ne pas les suivre dans l'une de leurs beuveries du vendredi et samedi soir : un devoir, un point avec le coach, une jolie blonde... Mais cette fois, je ne pouvais pas faire l'impasse. Pas après notre victoire.
― Je vais faire un tour, dis-je sans grande conviction.
― Cache ta joie, mec ! s'écria Ethan depuis l'entrée des vestiaires. C'est quoi ton problème ?
― Tu te fous de ma gueule, McFlint ? sifflai-je. Tu me demandes quel est mon putain de problème ?
J'attrapai une serviette posée sur le banc, l'enroulai autour de mes hanches et vins me planter juste devant lui. Je le dominais d'une bonne dizaine de centimètres, mais cela ne semblait pas le déstabiliser. Ni même le perturber. Il me fixait droit dans les yeux, les mâchoires crispées. Les poings serrés. Prêt à rendre coup pour coup. Soudain, une main se posa sur mon épaule, me ramenant à la réalité. Qu'est-ce qui m'arrive, merde ?
― Désolé, mec. Je suis à cran en ce moment, soufflai-je en me passant une main sur le visage.
Ethan se détendit et retrouva son sourire et son air nonchalant.
― Apporte des bières pour ce soir et on s'ra quitte ! me lança-t-il avant de disparaître dans la vapeur des douches.
***
― Putain ! C’est chaud, mec ! s’exclama Ryan en faisant les cent pas devant moi.
J’avais fini par tout lui avouer. Le plan de mon père pour mon avenir. L’implication de mes frangins dans sa stratégie d’entreprise. L’intervention de ma mère… Je ne pouvais plus garder tout ça pour moi.
― Et tu comptes faire quoi ?
Les yeux dans le vague, je bus une gorgée de bière avant d’expirer fortement.
― Me barrer le plus loin possible de ses conneries. Je compte bien obtenir une bourse qui me permettra de trouver une université dans un autre état… et peut-être changer de nom, aussi…
― Tu penses vraiment qu’il va te laisser faire ? Désolé de te dire ça, mais ta famille me fait penser à une putain de mafia. Et d’après tous les films que Steve et Ethan nous obligent à mater, on n’échappe pas à la mafia…
Un rire nerveux me secoua les épaules. Ryan et ses théories complètement dingues… Il m’avait manqué !
― Mon père est peut-être un connard froid et autoritaire, mais faut pas exagérer. Et puis, je vois mal ma mère rester avec un taré de la gâchette.
― Ouai, t’as raison… Ta mère est géniale et douce. Elle n’accepterait jamais d’être impliquée dans des tueries et autres magouilles. Mais quand même… Tu sais qui ton père veut que tu épouses ?
― Aucune idée…
Ryan se laissa tomber sur le fauteuil devant moi et descendit sa bière.
― Quel genre de père pourrait accepter de vendre sa propre fille comme s’il s’agissait d’une simple transaction commerciale ? s’interrogea mon meilleur ami.
C’était une excellente question à laquelle je n’avais pas la moindre réponse. Et je n’avais pas non plus envie d’y réfléchir, j’espérais bien avoir disparu avant même de faire la connaissance d’un tel connard.
Ryan posa la bouteille vide sur la table entre nous, se leva et dit d’une voix ferme et sévère :
― Ce soir, tu vas oublier toutes ces conneries. Tu vas boire, te trouver une bonne petite chatte qui va t’aider à te détendre – je suis sûr que la belle Tina en serait ravie ! - et on essaiera de trouver une solution à partir de demain.
Il me fit un clin d’œil, fier de lui, attendant que j’acquiesce à mon tour.
― Ouai… répondis-je sans grande conviction. Demain…
Je restai assis quelques minutes, seul, à réfléchir à mon avenir. À tout ce que j’avais construit, accompli. Mes années d’entraînement pour devenir le meilleur joueur de la région. Mes heures à la bibliothèque pour m’assurer un dossier irréprochable…
Mes pensées dérivèrent malgré moi vers cette magnifique brune dont le regard me hantait. Les projets de Ryan pour moi ce soir n’étaient pas réalistes. Aucune autre fille ne pouvait m’aider. Pas depuis que je l’avais vue, le jour de la rentrée, entrer dans la cafét’ au bras d’Anny. Souriante et timide. Pas depuis que je l’avais observée se déhancher sur la piste de danse, les yeux fermés. Libre et insouciante. Pas depuis que j’avais respiré son parfum alors qu’elle me résistait. Forte et obstinée. Pas depuis qu’elle avait posé sa main sur ma joue. Envoûtante et réconfortante.
― Et pour ton info, il n’y a rien entre elle et Steve, m’informa Ryan en quittant la pièce. Pour le moment. Elle est comme une sœur pour moi. Pour lui, je suis pas certain… J’étais surpris qu’il lui demande de porter son maillot ce soir. Et encore plus qu’elle accepte. Mais je crois pas qu’elle voit Steve autrement qu’en ami. Alors ne fais rien de stupide. Surtout avec toute cette merde qui te colle aux basques…
Après une brève hésitation, il poursuivit :
― Elle est brisée… D’après Anny, elle fait souvent des crises d’angoisse. En soirée, même avec nous, elle refuse un verre si elle ne nous a pas vu le servir. Et je n’ai vu aucun mec rôder autour d’elle sans se faire repousser violemment par Anny. À tel point qu’on s’est même demandé s’il n’y avait pas quelque chose entre elles. Mais tu connais Anny… C’est impossible !
Anny, lesbienne ? L’idée même me fit sourire. Elle n’avait rien à voir avec Morgan et sa clique de salopes, mais elle était loin d’être innocente et aimait beaucoup trop la compagnie des mecs.
***
La soirée battait son plein. La bière et les cocktails coulaient à flots, la musique pulsait à travers toute la maison. L’ambiance était électrique et festive. Tout le monde était heureux et notre arrivée, à Ryan et moi, ne passa pas inaperçue. Les mecs nous applaudissaient et nous tapaient dans le dos. Les nanas nous faisaient les yeux doux, cherchant désespérément à attirer notre attention pour quelques minutes de bon temps.
Ethan nous accueillit avec deux gobelets rouges pleins à ras bord, et nous entraîna vers le reste de l’équipe dans le petit salon. Une pièce qui n’était réservée qu’à notre petit groupe quand on avait besoin de s’éclipser, seul ou bien accompagné.
Loïc faisait du gringue à une petite rousse que je n’avais jamais vue et Steve était avachi dans le canapé, l’air morose malgré la blonde sur ses genoux.
― ça va, mec ? lui demanda Ryan en se laissant tomber à côté de lui.
Au lieu de répondre, Steve chuchota un truc à l’oreille de la fille assise sur lui. Celle-ci pesta, attrapa la rouquine et toutes les deux partirent, non sans tordre leurs culs rebondis comme pour faire regretter de les avoir rejetées.
― Tu fais chier, mec, s’énerva Loïc en le frappant derrière la tête. Tu pouvais pas juste lui dire de venir me voir ? On laisse pas filer un cul pareil…
― J’en déduis que ta discussion avec Lili ne s’est pas passée comme tu l’espérais, dit Ryan en souriant.
Merde ! Il ne voulait vraiment pas que l’un de nous ne s’approche d’elle. Pourtant, à choisir parmi les mecs de l’équipe, Steve était le plus sérieux et respectueux avec les nanas. Je pensais même qu’il était encore puceau, malgré ses airs de séducteur.
― Non, souffla Steve. On est juste amis. En même temps, à quoi je pensais ? Putain ! Au moins, j’ai eu la chance de la voir porter mon maillot pendant le match ! C’était putain de sexy !
Steve affichait un sourire étrange. Je n’arrivais pas à savoir s’il était vraiment affecté ou si c’était plus une question d’ego que de cœur brisé. De mon côté, je n’avais pu retenir un grognement au souvenir de Lili portant son numéro. Heureusement pour moi, personne ne l’avait entendu. Aucun d’eux n’aurait résisté à l’envie de me faire chier et de me faire la morale ! Pourquoi est-ce que je me sentais aussi possessif avec cette fille ?
― Et elle est où, maintenant ? s’inquiéta Ryan.
― À ton avis ? lança Ethan. Sur la piste avec Anny, à faire bander les mecs. J’ai croisé Marc et ses potes. On va devoir encore frapper quelques crétins éméchés, ce soir…
― Pourquoi ? demandai-je surpris par la tournure de la conversation.
Les gars n’étaient pas du genre à se battre. Enfin, à part sur le terrain de jeu, je voulais dire. Et même si Marc, un ancien des Faucons, maintenant à l’université, était un véritable connard, il n’y avait aucune vraie raison pour lui casser la gueule. Surtout un soir de victoire !
― Parce que ce sont tous des hommes des cavernes incapables de comprendre quand une fille ne veut pas d’eux…
Je me suis retourné pour accueillir ma cousine et la serrer dans mes bras.
― Comment vas-tu ?
― Tu le saurais si tu ne jouais pas au con trop bien pour traîner avec nous !
Je reculai, penaud, me frottant nerveusement l’arrière de la tête, les yeux rivés au sol. Oui, j’avais merdé. Avec l’équipe. Avec Ryan. Avec elle. Avec Lili. Mais j’espérai pouvoir me racheter.
― Je sais… soufflai-je. Je suis désolé pour ça…
― ça va ! s’exclama ma cousine. Les Faucons ont gagné grâce à toi, ce soir. T’es pardonné !
Le poids sur mes épaules parut diminuer. Elle s’approcha pour m’embrasser sur la joue et en profita pour ajouter discrètement :
― T’approche pas d’elle. Elle est pas intéressée !
Cette remarque fit tressaillir le coin de mes lèvres. J’aimais ma cousine et j’appréciais son dévouement envers ses amis, mais seule Lili pouvait me repousser et m’empêcher de l’approcher.
Je lui rendis son étreinte en silence, avant que mon regard ne se porte sur la magnifique brune derrière Anny. Elle rayonnait, vêtue d’un jean délavé taille haute et d’un pull cachemire noir moulant. Ses cheveux étaient lâchés et légèrement bouclés.
― Je lui adressai mon plus beau sourire lorsqu’Anny recula enfin.
― Un câlin pour me faire pardonner ? proposai-je en ouvrant mes bras.
Elle leva les yeux au ciel avant de m’envoyer promener :
― Dans tes rêves, Logan ! maugréa-t-elle avant d’aller s’asseoir sur l’accoudoir à côté de Ryan.
Mon meilleur ami se pencha vers elle et lui dit quelque chose de visiblement très amusant. Son rire était doux. Solaire. La plus belle mélodie que j’aie jamais entendue. Et à cet instant, j’aurais tout donné pour être à la place de cet enfoiré de Ryan.
― On se retrouve sur la piste de danse ? s’exclama soudainement Anny alors qu’une nouvelle musique retentissait dans toute la maison. Lili, j’adore ce morceau. Viens, ma belle. On va s’éclater !
Elle lui attrapa la main et l’entraîna dans la pièce d’à côté.
Ryan et Steve se levèrent et les suivirent sans hésiter, les bras croisés sur la poitrine et le visage fermé. Loïc posa son verre sur la table et les rejoignit en riant. Ethan sourit et me donna une tape dans le dos.
― Que la fête commence, mon pote. J’espère que tu es prêt pour se qui t’attend là-bas !
POV Lili
Steve et Loïc s’affairaient à ranger la maison d’Ethan pour la soirée. Anny et moi avions décidé d’arriver un peu plus tôt. Nous avions choisi nos tenues avant le match pour prendre de l’avance et les aider avant qu’une foule de lycéens surexcités ne débarque. Les parents d’Ethan étaient vraiment super de nous laisser leur villa pour nos soirées. Surtout depuis l’incident dans la piscine la semaine dernière !
― Hello ! s’écria Anny. Je vais t’aider, Loïc. Steve, tu peux aller récupérer les fûts de bière que mon frère nous a achetés, s'il te plaît ? Lili, je te laisse l’accompagner ?
Elle m’adressa un clin d’œil avant de s’éloigner. Quelle garce ! J’avais très envie de l’étrangler avec le maillot de Steve que je malmenais entre mes doigts.
Steve s’approcha de moi, les mains dans les poches. Visiblement tout aussi mal à l’aise que moi.
― Tu es absolument magnifique ce soir, Lili. Ce maquillage te donne une allure sauvage et mystérieuse, me complimenta-t-il alors que nous nous dirigions vers la voiture stationnée dans l’allée.
― Merci, répondis-je nerveuse. Écoute… Steve…je…
Je m’interrompis prenant une profonde inspiration avant de lui faire face.
― Tiens, ton maillot…
― Garde-le, me dit-il avec un sourire timide qui ne se reflétait pas dans ses beaux yeux bleus. Pour le match prochain.
Et merde ! Anny, tu vas me le payer !
― Les gens pourraient se faire de fausses idées. Et ta réputation de tombeur pourrait en prendre un sacré coup. T’imagines si tes groupies pensaient que tu n’es plus sur le marché ? Tu ne tiendrais pas deux jours !
Je ris, espérant que mon ton léger suffirait à adoucir le message. Je ne voulais pas le perdre. Pas en tant qu’ami.
Il leva les mains en signe de reddition avant d’annoncer :
― J’ai compris, ma chérie. Ne m’en veux pas d’avoir tenté ma chance… Amis ?
Soulagée, j’acquiesçai et me blottis dans ses bras.
― Merci, Steve, marmonnai-je heureuse.
― Pas de souci. Et tu peux garder le maillot. Juste pour faire chier Logan.
Ses épaules tressautèrent d’un rire silencieux. Je le tapai gentiment sur le torse, affichant un air faussement offensé, puis me dégageai de son étreinte d’ours.
***
Danser était sans aucun doute l’une de mes activités préférées. Surtout avec Anny. Avant elle, je n’avais jamais eu de meilleure amie. Ni même d’ami, d’ailleurs. Tout cela était nouveau pour moi. Nouveau et incroyablement agréable et précieux.
Les yeux fermés, je profitais de ces instants de pur bonheur. Mon corps vibrait au rythme de la musique. Je pouvais sentir Anny se trémousser à mes côtés. Elle venait de prendre la place d’un mec un peu trop collant. Un homme des cavernes comme elle s’amusait à les appeler. Depuis que mon père lui avait révélé mon terrible secret, elle jouait les gardes du corps. Juste pour me permettre de respirer. Juste pour me protéger. Et c’était vraiment impressionnant de voir ce petit bout de fille menacer tous ces garçons de leur « broyer les noix » quand ils s’approchaient un peu trop. Même si je savais pertinemment que ce qui les incitait réellement à reculer, c’étaient les visages menaçants de Ryan, Steve et Ethan sur le bord de la piste lorsqu’ils entendaient la voix d’Anny tonner au-dessus du brouhaha.
Une main étrangère vint se poser sur ma taille et je sentis un souffle chaud près de mon oreille. Avant même de comprendre qui en était le propriétaire, j’assénai un coup de tête dans le nez de l’imbécile bien trop téméraire qui avait osé me toucher.
― Putain, Lili !
Je me retournai pour découvrir Logan, le visage en sang derrière moi, un sourire aux lèvres malgré la douleur. Je le pris par le bras, tout en balbutiant des mots d’excuse, et je le conduisis jusqu’à l’une des salles de bain à l’étage. Sans réfléchir, j’attrapai une serviette et je l’appliquai sur son nez, avant de fouiller dans les placards à la recherche de n’importe quoi pouvant stopper les saignements.
Installé sur le bord de l’immense baignoire, Logan m’observait m’affoler alors qu’il restait parfaitement calme, presque amusé par mon agitation.
― Détends-toi, Lili. Je n’ai rien de cassé. Je te le promets. Si tu pouvais juste me donner du coton et un peu de glace, s’il te plaît.
― Oui… Bien sûr… marmonnai-je ne sortant deux boules de ouate d’un des bocaux en verre posés sur le lavabo de marbre blanc. Voilà… Et de la glace…
― Dans la cuisine, m’indiqua Logan en se redressant.
― Non, bouge pas d’ici, lui ordonnai-je ne le forçant à se rasseoir. Je reviens. J’en ai pour cinq minutes.
Je pris une serviette propre et sortis. Les couloirs et les escaliers dégueulaient de couples dont les gémissements obscènes étaient à peine couverts par la musique. Je dus pousser plusieurs personnes pour atteindre la cuisine. La fête se poursuivait comme s’il ne s’était rien passé. Comme si je n’avais pas explosé le nez du quarterback des Faucons. Parfait ! J’avais tellement honte d’avoir réagi ainsi.
Ça avait été instinctif. Je rejouais la scène dans ma tête, me demandant ce qui ne tournait pas rond chez moi. N’importe quelle fille normale se serait laissé faire, écoutant ce qu’il voulait. Ou bien elle se serait fondue contre le torse musclé de cet Adonis, sans la moindre résistance. Au pire, elle lui aurait dit de reculer en le repoussant ou en éloignant sa main intrusive. Mais moi, j’avais décidé de reproduire un geste d’autodéfense violent comme si j’avais été agressée. Je savais que je n’avais rien à craindre, pourtant. Que ni les garçons, ni Anny n’auraient laissé quelqu'un m’approcher. Quelqu'un me faire du mal. Mais quand j’avais ressenti la chaleur de son corps dans mon dos, j’avais perdu pied. J’avais paniqué.
― De la glace, vite… marmonnai-je en ouvrant l’énorme glacière sur le plan de travail.
Je déposai la serviette à plat avant d’y jeter plusieurs glaçons. Je la repliai avec soin pour que la glace ne s’échappe, puis je retournai auprès de Logan.
Il n’avait pas bougé. Il était resté là où je l’avais laissé. Beau comme un dieu, malgré le sang qui tachait son t-shirt et le coton rouge qui sortait de ses narines. Il tourna les yeux vers moi et m’offrit un sourire qui transforma mes jambes en guimauve. Comment pouvait-il avoir un tel effet sur moi ? Je le connaissais à peine et le peu que j’avais appris sur lui me montrait que je devais le fuir. Que pour mon bien, je devais mettre la plus grande distance entre nous deux.
Je venais de rejeter Steve alors qu’il avait tout du gendre idéal selon mon père. Ok, c’était un dragueur, mais ça faisait partie de son personnage. Il n’était pas du genre à enchaîner les conquêtes. Pas comme Ryan et Logan. J’aurais pu tomber sous son charme, si seulement je n’avais pas succombé à celui du quarterback des Faucons.
― Où as-tu appris un tel mouvement ? me demanda Logan en posant délicatement la poche de glace improvisée sur son visage.
― Au cours de selfdefense. Je m’y suis inscrite dès mon arrivée en ville. J’en avais marre d’être une victime, confessai-je. Je suis vraiment désolée… je…
Il se leva, lança tomber les glaçons dans le lavabo et réduit la distance qui nous séparait. Ses yeux verts me dévoraient. Son regard sondait mon âme et embrasait ma peau.
― Tu n’es pas une victime, Lili, murmura-t-il en caressant ma joue du bout des doigts.
― Tu ne sais rien de moi, lui rétorquai-je sèchement en reculant.
Mon dos vint heurter le mur froid de la salle de bain.
― Je ne demande que ça…
Il s’approcha de moi, ne me laissant aucune échappatoire. Mon cœur battait la chamade, pourtant, je n’avais pas peur. Sa présence me rassurait, m’appelait. Il se pencha jusqu’à ce que je sente ses lèvres effleurer le lobe de mon oreille et ajouta :
― De quoi as-tu peur ?
Il fit glisser la pulpe de son pouce le long de ma gorge dénudée, lentement. Je retins mon souffle alors qu’il tirait sur ma nuque pour me rapprocher. J’essayais de ne pas lui montrer que j’appréciais sa manière de me toucher. Que son souffle chaud me donnait des frissons.
― De rien, réussis-je enfin à articuler. Tu ne m’intéresses pas…
― Ce n’est pas ce que ton corps me dit…
Il posa un léger baiser dans mon cou. Puis un autre sur ma clavicule. Je n’osais plus ciller. Je voulais le repousser. Lui dire d’aller se faire voir. De me laisser tranquille. Mais je n’étais pas assez saoule pour me berner moi-même.
Texte de L.S.Martins (120 minutes chrono, sans relecture).
Image par Pete Linforth de Pixabay