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La princesse des glaces (2008) Camilla Läckberg

La princesse des glaces (2008) Camilla Läckberg

Published May 25, 2020 Updated May 25, 2020 Culture
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La princesse des glaces (2008) Camilla Läckberg

 Romance niaise pour crime tordu

En France, on a découvert La princesse des glaces en 2008, quelques années après Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes, qui était le premier roman publié par les éditions Actes noirs, émanation polar des éditions Actes sud. Ce n’est pas le cas dans le pays d’origine de Camilla Läckberg et de Stieg Larsson. En Suède, Läckberg a été l’une des pionnières du renouveau du polar quand, à moins de 30 ans, elle publie son premier roman. Celui-ci sera suivi, quasiment chaque année, par une suite reprenant ses personnages principaux, Erica Falck et Patrick Hedström, une écrivaine et un policier habitant la modeste ville balnéaire de Fjällbacka. Une dizaine de livres ont maintenant parus dans cette série, tandis que l’autrice a entamé une autre saga, dont le personnage principal est un collègue de Patrick. Devenue personnalité locale, Läckberg a aussi écrit des livres pour enfant et des livres de cuisine.

Le retraité Eilert Berg habite avec son épouse Svea dans la bourgade de Fjällbacka, à quelques kilomètres de Göteborg. Le couple se battent froid depuis maintenant de longues années et Eilert rêve de se libérer de l’emprise de sa compagne. Le petit pactole qu’il a secrètement accumulé depuis quelques années va bientôt pourvoir lui permettre de réaliser ses projets d’évasion dans un pays du Sud. Lors de sa promenade matinale, il a pris l’habitude de rendre service à se charmante voisine Alexandra, en surveillant de temps en temps sa maison lorsqu’elle est absente. Ce jour d’hiver, il trouve la porte d’entrée entrouverte, et éprouve un sentiment étrange en entrant dans la maison froide. Il parcourt alors toutes les pièces, vides, et atteint bientôt la salle de bains, où il trouve le corps inerte de la propriétaire dans la baignoire, les veines tailladées.

Le mystère entourant les disparitions de La princesse des glaces permet de tenir en haleine la lectrice ou le lecteur jusqu’à la fin. On a envie de savoir qui a commis ces meurtres, et pourquoi. La résolution est emberlificotée et nous est péniblement racontée. Pourtant le fond de l’histoire est assez passionnant et mériterait un traitement autrement plus percutant. Les motivations de ces actes sont, on le comprend très rapidement, liées à des secrets de famille et à une culture du non-dit qui racontent beaucoup de choses sur la Suède. La culture de ce pays, et finalement de n’importe quelle petite communauté où tout le monde se connaît, peut facilement pousser à ce genre de perversités, tout du moins dans l’esprit des auteurs. On se dit par exemple qu’un Claude Chabrol se serait régalé d’une telle histoire, et aurait pu en faire une critique acerbe de la bourgeoise de province.

Dans La princesse des glaces rien de tout cela. On a l’impression que finalement Camilla Läckberg se fiche éperdument de son histoire policière, ce qui est fortement dommageable pour un thriller. Aucune émotion ne transparait de ce roman où les personnages sont esquissés et ne peuvent pas vraiment susciter d’intérêt, alors que leur lourd passé pourrait les rendre attachants. Visiblement, ce qui intéresse plus l’autrice scandinave est de nous dépeindre une histoire d’amour naissante entre une femme perdue familialement et sentimentalement et un homme forcément beau, sensible et intelligent. On se croirait durant la plupart du roman dans un livre de la collection Harlequin, où les pensées des personnages sont constamment dirigées vers l’être aimé, idéalisé, et où l’on se retire doucement de la chambre à coucher dès que l’action se pimente légèrement.

On se dit alors que La princesse des glaces n’a absolument rien à voir avec les trois premiers romans de la saga Millenium. Ceux-ci parviennent à nous faire frissonner, et nous donnent à voir des personnages de chair et de sang, tandis que le premier livre de Camilla Läckberg est peuplé de fantômes qui n’existent jamais. L’écriture de la romancière est empesée, elle emploie sans cesse des expressions toutes faites, et enfile des perles page après page. De plus, elle lance de nombreuses pistes, technique classique des écrivains de polars pour susciter l’intérêt des lectrices et des lecteurs, mais ne les exploitent finalement quasiment jamais. On pense par exemple à l’introduction des chapitres, une technique éculée qui nous met dans la tête d’un personnage inconnu, mais qui ici ne mène absolument nulle part. Le roman s’avère n’être finalement qu’une grande déception, alors qu’il pourrait avoir de nombreux atouts.

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Christelle Bordet 3 years ago

on est d'accord, on va au bout mais que c'est poussif !

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