Épisode 21 : Contestation
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Épisode 21 : Contestation
- Eh bien il était temps ! Le moins qu'on puisse dire, c'est que tu m'as bien fait attendre !
Le diable fait à Siegfried un de ces larges sourires dont il a le secret.
- Je viens tout de suite quand on me le demande poliment.
Siegfried serre les poings, mais il prend une profonde inspiration et il se calme. Il a beau avoir envie de dégainer son épée et de faire à son interlocuteur cette prise sous le menton dont il a le secret dès que quelqu'un commence vraiment à l'embêter pour se moquer ainsi de lui, il sait aussi que ce n'est pas dans son intérêt de commencer la négociation ainsi. Il reste conscient qu'il a quelque chose à obtenir et que son adversaire est a priori plus fort que lui, alors il se retient.
- Et puisque nous parlons de politesse, commence par enlever ton casque.
- Ça s'appelle un heaume. Et ma visière est relevée. Tu peux voir mon visage.
- Désolé, mais ce n'est pas suffisant. J'aime voir la tête de mes interlocuteurs à découvert. Eux peuvent voir la mienne. Je te croyais mieux instruit des usages du monde, comte Siegfried. Ne t'a-t-on donc pas appris que se découvrir la tête est une marque de politesse et un signe de respect ?
- C'est aussi un signe de confiance.
- Dois-je en déduire que tu n'as pas confiance en moi ? Si c'est le cas, pourquoi m'appelles-tu ? Ou bien cela veut-il dire que tu ne viens pas en paix ? Sache que dans une discussion, on laisse ses armes à l'extérieur et on se découvre la tête. Est-ce ainsi que tu te comportes avec les autres seigneurs de ton rang quand tu discutes avec eux ?
Siegfried sait ce qu'il pense à part lui : Je suis venu reprendre ce qui est à moi. Mais il sait aussi que ça, il ne peut pas le dire franchement d'entrée de jeu. Et cela mis à part, il ne trouve aucune autre réponse à opposer. Rien d'autre que son silence. Parce qu'il ne peut même pas donner tort au diable sur le terrain des usages, où il situe la discussion. Une discussion qui dès le départ s'engage mal. Sans doute aurait-il dû mieux se préparer sur ce point.
- Pose donc ton casque sur le sol à côté de toi - et tant que tu y es, ton épée aussi. Regarde - moi, je ne suis pas venu armé.
Pour accompagner ses paroles et prouver ses dires, le diable écarte les bras et ouvre grand sa cape.
Siegfried s'exécute - de mauvaise grâce certes, et avec beaucoup de méfiance, mais il s'exécute quand même. Lui et le diable ne se quittent pas des yeux pendant tout le processus.
- Alors, comte Siegfried ? Tu as l'air bien pressé de me revoir. Le temps que je t'ai imparti te semble trop long ? Tu es déjà lassé des affaires du monde ?
Puis, avec un sourire en coin et une lueur d'amusement dans les yeux :
- Ta petite femme ne te plaît plus ?
Siegfried ne peut pas réprimer une envie d'envoyer au diable un direct du droit en pleine figure, faute de pouvoir encore dégainer son épée - mais il se retrouve inexplicablement immobilisé alors qu'apparemment, le diable n'a même pas bougé. Et qu'il continue même à sourire, imperturbablement.
- N'oublie pas à qui tu as affaire, comte Siegfried. Je te déconseille les mouvements d'humeur et les gestes brusques, ce n'est pas dans ton intérêt. Tu as toujours été trop impulsif.
- Ne dis pas un seul mot sur ma femme, tu as compris ?
La voix de Siegfried lui sort des entrailles. Le diable soulève les mains, et l'emprise immatérielle qui avait saisi Siegfried se relâche.
- D'accord, d'accord. Tu tiens bien à elle à ce que je vois.
Il laisse retomber les mains.
- Alors, dis-moi donc ce qui t'amène.
- Ce qui m'amène ? C'est que tu m'as bien eu autrefois, il y a quinze ans.
Le diable lève un sourcil.
- Comment cela ? Je ne comprends pas.
- En échange de la petite forteresse sur le Bockfiels, tu m'as demandé mon âme parce que soi-disant je n'avais plus de terres. Et moi, comme un idiot, je t'ai écouté. Alors qu'en fait, si, j'avais une terre. Tu aurais pu me la demander. Je te l'aurais donnée sans problème. Si j'étais prêt à aller jusqu'à te donner mon âme en échange, tu penses bien que je n'aurais eu aucun problème à te donner ma seigneurie de Koerich à la place.
Le diable lisse sa barbichette.
- Oui. Et alors ? Où est le problème ?
- Le problème, c'est que tu as bien profité de moi. Tu as profité d'un moment où j'étais perdu, vulnérable, prêt à faire n'importe quoi. Je te l'accorde, tu as bien réussi ton coup. Mais cela reste quand même une belle escroquerie, avoue-le.
Le diable cesse de lisser sa barbichette et penche la tête sur le côté.
- Tu sais quoi ? Tu me peines, comte Siegfried. Tu me peines même beaucoup.
- Ah bon ? Je te peine ? Et qu'est-ce que je peux dire, moi, venant de toi ? Moi qui y ai perdu mon âme ?
Le diable sourit.
- Mais je ne t'ai jamais forcé à rien, comte Siegfried. Je ne t'ai jamais trompé. Je t'ai fait une promesse, et je l'ai tenue. J'ai construit pour toi sur ce rocher, en une seule nuit, un château bien plus beau que tout ce que tu aurais jamais pu imaginer. Sur aussi peu de place. Je t'ai même construit cette chaussée qui relie tes deux châteaux et qu'aujourd'hui tu laisses pitoyablement à l'abandon. Je t'ai tout montré pour que tu puisses juger sur pièce, avant de te demander ma contrepartie. Quand je te l'ai demandée, je t'ai laissé la possibilité de te rétracter. Si tu avais voulu revenir en arrière, j'aurais tout défait sans problème et nous en serions restés là. C'est toi qui as estimé que ce que je t'avais offert méritait la contrepartie que j'en demandais. À chaque moment, tu es resté libre. C'est toi qui as choisi. Toi, et personne d'autre. Tu ne peux pas me rendre responsable des choix que tu as faits. Moi, je t'ai juste fait des propositions. Rien d'autre. Rien de plus.
- Des propositions, tu parles. Une seule proposition, oui, voilà tout ce que tu m'as fait. Et en me laissant bien clairement entendre qu'il n'y en aurait pas d'autre et que je n'avais pas d'alternative. C'était à prendre ou à laisser.
Le diable ne se départit pas de son sourire.
- Mais je ne t'ai jamais rien dit de pareil, comte Siegfried. Tu es toujours resté libre de me faire des contre-propositions. Tu ne m'en as même pas fait une seule. Comment pouvais-je me prononcer sur ce que tu ne me proposais même pas ?
- C'est ça, oui. C'est cela même. Dès le départ, tu as réduit à néant toute contre-proposition que j'aurais pu faire.
- Arrête de me faire des procès d'intention, comte Siegfried. Arrête de me rendre responsable de tes propres erreurs. Si tu n'as pas eu assez de présence d'esprit pour me faire la moindre contre-proposition, moi, je n'en suis en rien responsable. Il fallait me faire des contre-propositions. Ne serait-ce qu'une seule. À ce moment-là, j'aurais pu me prononcer. J'aurais au moins eu quelque chose pour le faire. Tu ne peux pas préjuger d'un avis que tu ne m'as même pas fourni l'occasion de donner.
Siegfried commence à s'énerver sérieusement.
- Et toi, arrête de me mener en bateau. Tu as une meilleure mémoire que moi, donc tu te souviens très bien m'avoir dit que je n'avais rien d'autre à offrir en contrepartie que mon âme parce que je n'avais ni trésor ni terre. Or c'était faux. J'avais une terre. J'avais ma seigneurie de Koerich, où nous nous trouvons à présent. Tu as fait comme si elle n'existait pas. Ton argument était faux, donc tout le raisonnement qui en découlait était faux lui aussi. Donc tout ce que nous avons construit là-dessus, y compris notre contrat, est faux et sans valeur.
Le diable fait mine d'applaudir.
- Clap, clap. Bravo. Tu as trouvé ça tout seul, comte Siegfried ? Comme un grand ?
Musique : Cronolife - Coded Echo (Official Video)
Épisode 22 : Contre-proposition
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