Chapitre 6 : Cocker, le stratège.

Un peu plus tard, dans la salle d’entraînement, Falcon vient de répondre à un

questionnaire sur la tablette de Rétopin.

Avant de débuter le programme

d’entraînement pour devenir un super-chien, il faut répondre à certaines questions.

Ainsi, le programme peut recommander les exercices les plus adaptés en fonction de

ses capacités.

- C’est fini ! annonce le golden retriever à Rétopin.

- Voyons ce que le programme va nous indiquer, propose le doberman.

Après un petit temps de chargement, la tablette indique une série d’exercices

physiques en tous genres.

- La première séance est consacrée au « super-saut », informe Rétopin. (En

voyant la tête étonnée de Falcon, il explique :) En fait, c’est simplement le nom

donné à la capacité de sauter très haut ! Pour toi, ce ne sera pas trop compliqué car

tu te sens assez léger depuis l’apparition de ton pouvoir, d’après ce que tu m’as dit.

- C’est ça, confirme le chiot en sautillant sur place. Très léger ! Et je peux déjà

sauter assez haut…

Après avoir pris appui sur le sol, Falcon réalise un saut de plus de cinq mètres de

haut ! En revanche, l’atterrissage n’est pas aussi réussi : le golden retriever s’écrase

au sol, près de Rétopin. Ce dernier est tout de même fasciné et le félicite sincèrement :

- C’était exceptionnel ! Tu as déjà plusieurs séances d’avance ! Il faudra donc

travailler l’atterrissage, à présent. Hé hé !

- Très drôle, râle Falcon en se relevant. Mais en même temps, je n’ai jamais sauté

aussi haut, moi…

- C’est normal : tu viens juste d’acquérir ces pouvoirs ! Il faut du temps pour

réussir à les maîtriser. Personnellement, je trouve que tu te débrouilles bien pour un

super-chiot aussi jeune. Tes capacités se sont développées très rapidement et il va

falloir suivre le programme pour savoir comment les contrôler. Voyons les premiers

objectifs à atteindre.

Rétopin jette un coup d’œil au programme et déclare :

- Alors ça, c’est impressionnant ! Tu as plus de trois séances d’avance, en ce qui

concerne le super-saut ! (Le doberman regarde Falcon avec un sourire.) Travaillons

ton atterrissage, maintenant.

- J’espère que vous avez de bons matelas… plaisante le golden retriever.

Dans son bureau, l’Amiral Cabos vient d’expliquer la

situation au Général Cocker. Cocker est le dernier représentant

de sa race, dans le Monde d’Ethélys. Autrefois, les cockers

étaient réputés pour leur talent de chasseur et leur stratégie dans

l’art de l’attaque. En effet, le Général Cocker est le plus stratège

de tous les hauts gradés de la Révoltruffe. Sans ses

connaissances et ses prises d’initiative, cette organisation

n’aurait jamais pu gagner le moindre combat contre les karatécats. C’est l’un des membres fondateurs de la Révoltruffe.

- Je suis du même avis, avoue Cocker. Nous ne pouvons pas

résister à une attaque massive de Suprêmiaou. Il va certainement

envoyer une flotte de félicoptères. Quand on voit les dégâts

qu’un seul de ces engins est capable de causer… À cause de ce

félicoptère, nos tourelles de tir sont en réparation.

- En plus, ajoute Cabos, les dégâts auraient été bien plus

importants sans l’aide du nouveau super-chiot. Quel brave petit,

ce Falcon.

- Un nouveau super-chiot, tu y crois vraiment ? Tu te souviens des anciens superchiens de la Révoltruffe ?

- C’est vrai qu’ils n’ont pas tous été assez puissants, face aux forces de

Suprêmiaou… Et je n’ai pas du tout aprouvé leur décision d’arrêter le combat en

pleine guerre avec les félins. Mais je fais entièrement confiance à la nouvelle

génération avec Falcon et Mentalos. Et n’oublie pas que ce sont nos seuls superchiens. Sans eux, impossible de gagner la moindre bataille…

- Sur ce point, je ne suis pas encore convaincu. Mais peu importe, nous sommes

d’accord sur un point : nous devons déserter QG. Maintenant, voyons toute

l’organisation de ce départ dans les moindres détails.

L’Amiral Cabos sort un document et le place sur son bureau, entre lui et le

Général. Le berger allemand lit à haute voix l’inventaire des véhicules de la

Révoltruffe :

- Nous disposons de : « cent-vingt aéro-niches, trois fourgons blindés et un

félicoptère volé ». Penses-tu que c’est suffisant pour tout emporter d’un seul coup ?

- Je crois que oui, répond Cocker. L’un des fourgons blindés transportera les

armes et l’équipement militaire. Le second s’occupera de la nourriture. Falcon l’aura

congelée, juste avant le début du voyage. Le troisième fourgon transportera les

finances de la Révoltruffe. On pourra facilement évacuer tous les Canins par le biais

de nos 120 aéro-niches : elles sont capables de contenir un bon nombre de chiens sur

un long trajet.

- C’est un bon plan. Prévenons tous les Canins. On partira pour la base Spectror

dès que tout sera prêt.

« Spectror » est le nom donné à la base de repli. Bien plus petite, celle-ci pourra

tout de même contenir tous les membres de la Révoltruffe, ainsi que tout le matériel.

Bien moins défendue que le QG, elle est extrêmement bien cachée et ses

coordonnées sont tenues encore plus secrètes. Cette fois-ci, il n’y aura absolument

aucun risque que l’ennemi ne parvienne à découvrir les coordonnées de leur base.

Avec une peine qu’il ne dissimule pas, Cabos s’empare du micro et se prépare à

annoncer la nouvelle à tous les Canins. Le Général Cocker l’interrompt pour essayer

de le rassurer :

- Ne t’en fais, nous réussirons à construire un nouveau Quartier Général encore

plus imposant. Même si cela doit nous prendre du temps.

- C’est justement ça, le problème… relève le chef de la Révoltruffe. Le temps est

un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir. Les troupes de Suprêmiaou vont de

plus en plus vite. Jusque-là, nous avons fait tout ce nous pouvions pour les ralentir,

mais ce n’était même pas suffisant. (Frustré, Cabos tape sa patte sur son bureau.) Et

maintenant, on va devoir quitter notre Quartier Général, notre meilleur atout.

Regarde autour de toi : on ne pourra pas emmener tous ces murs avec nous, il faudra

tout reconstruire depuis le début ! La moindre seconde que nous perdons, nous

l’offrons aux félins et cela est intolérable ! Quand Ethélys appartiendra à

Suprêmiaou, ce sera trop tard, on ne pourra plus rien faire !

Peu à peu, le berger allemand parvient à se calmer, sous le regard désolé du

Général Cocker. « La colère ne nous servira à rien… » pensent-ils tous les deux.

Finalement, l’Amiral finit par activer le micro et sa voix résonne dans chaque

recoin du QG :

- Ecoutez-moi bien, mes chers Canins. (Chaque membre de la Révoltruffe

s’arrête dans sa tâche, tout comme Falcon.) Depuis l’attaque du félicoptère, nous

supposons que …… Suprêmiaou connait les coordonnées de notre QG. Si c’est bien

le cas, il va envoyer une armée pour tous nous éliminer. Désormais, arrêtez tout ce

que vous faites et commencez à préparer la désertion. Nous allons nous rendre à la

base Spectror. À tous les ouvriers, rejoignez la plateforme de décollage et chargez

les fourgons blindés. Des ordres précis vous seront communiqués par le biais de

votre montre numérique. À tous les Canins : rendez-vous également sur la

plateforme de décollage. Vous partirez par groupes dans les aéro-niches ; il y en a

assez pour tout le monde. Chaque pilote est attribué à une aéro-niche, dont il

connaîtra le numéro de série grâce à sa montre. (La voix de Cabos se fait plus

mélancolique.) C’est un triste jour

pour la Révoltruffe. Néanmoins,

une petite équipe de quelques

Canins restera ici, afin de nous

tenir au courant. Si le QG n’est

pas attaqué, nous y retournerons.

Emportez vos souvenirs, mais

gardez toujours espoir. Terminé.