Chapitre 7 : Passage en force

Une poutre enflammée s’écrase avec fracas près d’un jeune chiot. Plus loin, son

père se fait sauvagement attaquer sans pouvoir se défendre. Il se trouve juste à côté

d’une maison incendiée, dont les résidents ne peuvent plus s’échapper.

Chaque épagneul se retrouve en difficulté contre un ennemi invincible. Contre des ennemis.

Coriaces et sans pitié, ce sont plusieurs panthères qui viennent déferler sur ce village

innocent, avec une rapidité fulgurante. On ne les avait ni entendues, ni vues arriver

quand l’assaut a eu lieu. Elles saccagent désormais tout ce que possèdent ces

épagneuls : maisons, granges, huttes… Rien n’échappe au souffle de feu de ces

quatre panthères tachetées, alors que la cinquième ne s’est même pas encore

montrée. Leur meute n’a visiblement pas besoin d’être au complet pour réduire en

cendres un village de cette taille. Même les karaté-cats de Suprêmiaou ne se seraient

jamais montrés si destructeurs. Le canon des chanonniers ne pouvait pas non plus

rivaliser avec les tirs d’assaut que représentent ces jets flammes, ni les

bombardements des félicoptères. Cette attaque est d’une violence sans précédent,

imprévisible et impossible à contrer.

L’un des épagneuls décide de fuir, à l’écart des autres, mais se retrouve face à

une panthère. Impuissant, il commence à reculer, lentement, sans quitter des yeux le

fauve terrifiant. Son rugissement tonitruant suffit à faire trembler le village. Tandis

que la panthère se rapproche, son aspect change progressivement, sous le regard

étonné de l’épagneul. Ses mouvements ralentissent, la couleur de son pelage tend

vers un bleu azur, sa gueule ouverte se fige complètement. Devenue immobile, la

panthère tombe sur le côté, lourdement, comme une simple statue givrée. L’épagneul

l’examine sous tous ses angles et comprend enfin :

— Elle a été… congelée ?!

Son regard se tourne vers un golden retriever qui le rejoint à grandes enjambées,

qui lui demande s’il n’est pas blessé. Il lui répond alors, encore frissonnant :

— N… non, ça va. Plus de peur que de mal. Mais vous, vous ne seriez pas FalconDog ?

— Pour vous servir. Allez rejoindre notre aéro-niche, un peu plus loin derrière,

vous y serez en sécurité en attendant que l’on sauve votre village. Ne vous en faites

pas, les Canins sont là pour porter secours aux épagneuls !

Enfin rassuré, l’épagneul obéit et se met en route, tout en regardant derrière lui

l’équipe de la Révoltruffe en action.

Dans le cœur du village, une maison cernée de flammes s’apprête à s’effondrer.

À l’intérieur, emprisonnée dans la fournaise, une épagneule tient sa petite fille dans

ses pattes et crie désespérément :

— Au secours ! Sortez-nous d’ici ! J’ai besoin d’aide, je ne peux plus marcher.

La pauvre mère est blessée aux pattes arrière et se retrouve assise, incapable de

sortir. Ses appels à l’aide lui semblent vains, pendant un moment. Ce qu’il reste de

la porte vient d’être enfoncé par un chihuahua, à son grand soulagement, qui

s’empresse de lui porter secours.

— MégaBilly, de la Révoltruffe… dit-il pour se présenter aux deux épagneules

inquiètes. ‘Fais chaud, ici, dis donc ! J’vais vous sortir de là, ne vous inquiétez pas !

Tandis que le super-chien porte une victime sur chaque épaule vers l’extérieur,

une panthère se rue sur lui et exerce un saut impressionnant. MégaBilly,

décontenancé, n’a pas le temps de réagir. Soudain, le fauve se fige en plein saut,

presque en suspension dans l’air, parfaitement immobile, avant d’être projetée contre

un mur comme par magie. Le chihuahua ne comprend pas tout ce qui vient de se

passer… jusqu’à ce que Mentalos apparaisse, avec un petit sourire en coin.

— Hé, Mentalos ! C’est vraiment impressionnant, tes pouvoirs psychiques, dis

donc !

— Merci MégaBilly, répond l’husky en courant vers d’autres épagneuls en

danger. On compte sur toi pour sauver les autres prisonniers des flammes. Je te

couvre avec mes pouvoirs, si besoin.

MégaBilly s’empresse de mettre à l’abri la mère épagneule et son enfant. Après

cela, il n’attend pas une seconde de plus pour continuer à secourir d’autres villageois

en danger.

Mentalos utilise sa télékinésie pour déplacer une épagneule à distance. Celle-ci

a failli se prendre un jet de flammes de la part d’un autre fauve. Le super-chien

s’élance aussitôt sur cette autre panthère avec courage. Le monstre cracheur de feu

lui fait face et s’apprête à l’attaquer, quand une nuée de fléchettes se plante dans son

flanc d’un seul trait. En perdant connaissance, petit à petit, la panthère s’endort grâce

aux fléchettes somnifères de l’Amiral Cabos. Ce tireur d’élite ne manque jamais sa

cible.

Toujours en action, les super-chiens restent en groupe pour conjuguer leurs

pouvoirs, en sauvant ainsi davantage de villageois. Assurés par l’Amiral Cabos, ils

arrivent tous les trois à secourir les épagneuls et à les rediriger vers des lieux plus

sécurisés.

Près de l’aéro-niche en aluminium, quelques artilleurs soldalmatiens restent pour

surveiller les épagneuls rescapés. Une panthère est parvenue, d’un seul coup, à

mettre le feu au second vaisseau. Impuissants, les soldalmatiens sont arrivés trop

tard pour sauver le pilote, coincé dans l’aéro-niche incendiée. Désormais, autour de

leur dernier vaisseau, les Canins sont vigilants pour repérer le moindre danger aux

alentours. L’un des soldalmatiens scrute une panthère, qui a été congelée par FalconDog, mais qui semble bouger. Grâce à son tempérament de feu, le fauve émet une

chaleur corporelle qui lui permet de se libérer de la glace. Le soldalmatien voit que

Lisa passe à proximité et l’avertit :

— Attention Lisa, la panthère s’est libérée !

La sabrador a juste le temps de voir le monstre fondre sur elle pour lui infliger

un coup de griffes à l’épaule. Malgré cette blessure, Lisa a le réflexe de brandir son

bouclier, afin de dévier le souffle de feu de son adversaire, puis passe à l’offensive.

Ses coups de sabre précis et vifs mettent en difficulté son adversaire, qui se défend

maladroitement avec ses pattes griffues. Chaque coup, chaque attaque, chaque

estocade fait reculer la panthère. Les soldalmatiens sont fascinés par la justesse de

chacun des gestes de Lisa. On reconnait bien là son talent de sabrador, tant vanté par

son maître. Elle mérite sans le moindre doute son sabre d’excellence !