Quand le développement durable n'est plus durable.
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Quand le développement durable n'est plus durable.
Je regardais hier soir l’émission « C politique » sur la 5 où était invité Éloi Laurent, economiste, chercheur à l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), et professeur d'économie en Europe et Etats-unis . Il y développait deux thèses concomitantes. La première est que la résultante de la croissance économique pensée dans les années 1930 était l’effondrement de la biosphère. La deuxième, que la pandémie de Covid, le dérèglement climatique, le délabrement des services publics de santé et la crise énergétique sont liés.
C’est rude à entendre et pourtant cela m’évoque l’un des principes de l’approche systémique, à savoir que la finalité d’un système s’observe au présent. En corollaire, la finalité déterminée au départ , si prometteuse soit-elle, ne se traduit pas, loin s’en faut, par les résultats voulus. A écouter et lire les théoriciens du nouveau système économique, le rêve de prospérité était à portée de mains. Résumons le : les sciences, les techniques et la production massive de biens et services vont ouvrir une ère de consommation, de loisirs, de culture, de confort, de démocratie et de sécurité jamais connue auparavant.
C’est après la seconde guerre mondiale que les occidentaux s’engagèrent dans ces finalités théoriques. Et elles se sont réalisées entre trente et quarante ans. Nous avions la force et les technologies, et nous pouvions exploiter les ressources fossiles abondantes dans de régions moins développées que les nôtres. J’ai vécu moi même cette période euphorique.
Dès les années 1970 des clubs de réflexion et des scientifiques attirèrent notre attention sur les dégâts du progrès sur la biodiversité, le climat et le vivre ensemble . Mais Cassandre ne fut pas écoutée, une fois de plus.
Il est vrai que conditions de vie des occidentaux se sont nettement améliorées par rapport aux générations précédentes et que la majorité des régions du monde s’est enrichie sans pour autant éradiquer toutes les poches de misère, de guerres et d’insécurité sanitaire et alimentaire.
Quelques économistes renommés proposent d’autres indicateurs que le fameux PIB, mais leur mise en œuvre est encore balbutiante. Aujourd’hui, la corrélation entre croissance et bien être ne va plus de soi. Néanmoins, nos élites, ainsi que de nombreux acteurs estiment, peut être, que les effets délétères de la croissance sont préférables à l’incertitude d’un changement de paradigme.