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J’organisais et animais le plan « oxygène » de Cegos consistant à inviter des scientifiques, philosophes et artistes une demi-journée par trimestre d’échanges avec nos consultants. Le professeur Henri Laborit médecin chirurgien, neurobiologiste et éthologue, fut l’un d’eux. Ayant vu « mon oncle d’Amérique « de Resnais, je lui demandais d’explorer les distinctions entre fuite et inhibition de l’action.
A la fin de son exposé liminaire, un consultant lui demanda si nos attitudes et comportements étaient acquis ou innés. Il arbora une légère grimace, précisant que sa réponse serait une combinaison d’humour et de caricature : « dans l’état actuel des sciences nous ne savons pas, néanmoins il apparait en France que les promoteurs de l’acquis soient plutôt de gauche et ceux de l’inné plutôt de droite ».
Appréciant cette forme d’humour, je lui posais une question complémentaire : « qu’est ce qui détermine notre personnalité ? » Là aussi il précisa que l’on ne connaissait pas tous les paramètres influents, mais qu’il était possible « à la louche » de proposer une clarification pédagogique.
33% proviennent de nos gênes, organes, biologie, système neuronal en interaction dans notre corps. Cet écosystème assure l’homéostasie de l’individu et est peu modifiable. Il précisa que les progrès de la génétique pourraient avoir des effets sur lui.
33% sont construits par la culture, l’éducation, les valeurs morales , les croyances, les convictions depuis l’entourage immédiat aux us et coutumes régionales et nationales.
33% dépendent des activités , des expériences de la vie, des contextes professionnels, des rencontres, des joies et des peines, des changements voulus ou subis…
Sachant que nous étions consultants et managers, il nous indiqua que nous avions très peu d’influence sur l’écosystème biologique, neuronal et physique , un peu plus, mais pas beaucoup d’influence sur la culture et les expériences passées. Pas la peine de nous stresser pour changer cela. En revanche, nous pouvions agir sur les activités, les contextes professionnels, et de nouveaux apprentissages. ( Je reviendrai sur ce point dans un prochain article portant sur le management des contextes ).
Un de mes collègues l’apostropha : « il n’y a que 99%, et quid du 1% manquant ? » Et Henri Laborit de répondre : « c’est le 1% du hasard qui peut changer toute une vie ! »