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Natalija

Natalija

Publié le 6 mars 2024 Mis à jour le 6 mars 2024 Poésie et chanson
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Natalija

J’ai le cœur collé aux baskets comme un vieux chewing-gum mâché, craché depuis la fenêtre du dernier étage d’une tour HLM de “banlieue grisaille”. Et je n’ai pas fini de l’écraser à force de boiter pour ne pas tomber. Tant que j’avance, je garde l’équilibre ; vivre, c’est comme faire du vélo, l’immobilité écorche les paumes sur la caillasse si l’on n’y prend garde…

Alors je traîne mon lot de malchance et de regrets sur le dos, et je titube au milieu des bourgeois vautrés aux terrasses des cafés, le sourire sale et les yeux jaunes d’en avoir trop bu. La ville est aveuglante tant elle brille, scintille et se heurte à mes ténèbres. Mes vieilles chausses laissent des traces sur les pavés fleuris de Paris, une empreinte de misère, d’hémoglobine et d’ivresse solitaire. Pas sûr que les fleurs apprécient le mélange…

On est mardi, et comme tous les mardis, je m’en viens voir ma Natalija pour réchauffer un peu ma vieille âme gelée par l’hiver persistant de mon existence. Je couche sur une banquise en guise de King-size, et j’me mouche dans les draps de la mort, en m’excusant d’être encore, comme une tâche indélébile sur la toile du monde.

Natalija, c’est la campagne soviétique qui enfile les nuances de l’été pour faire valser les flocons qui ensevelissent les horizons de ceux-là qui, comme moi, ont l’organe sous les semelles d’une paire de grôles qui prennent l’eau, même en plein soleil.

Arrivé sur la grande place, je vois ma Natalija qui déploie sa grâce au milieu des terrasses tandis que les bourgeois plongent leur nez dans les tasses, dans les verres remplis de mixtures étranges et imbuvables qui ne servent qu’à diluer l’amertume du quotidien.

Natalija, c’est la lumière d’un réverbère dans l’obscurité de la vie. Natalija, c’est une bougie, une chandelle, une flamme qui ondule et consume. C’est la cigarette que j’embrase pour précipiter ma fin avec mes p’tits moyens. Je n’ai ni le luxe ni le courage de prendre le train, de plein fouet. Alors, je clope et m’enfume tandis qu’elle allume les étoiles dans mon ciel bas de plafond, ma Natalija. C’est un coucher de soleil à l’horizon.

Sur la place bondée de ce quartier parisien, le vent soulève la robe de ma danseuse ukrainienne, et je suis seul à regarder Natalija enlacer la brise, faire des pointes sur les pavés de cette ville d’aveuglés qu’en finit pas de se noyer au profond de sa liqueur. Et les pigeons se moquent. Et j’ai le cœur collé aux semelles. Et bordel ! C’que Natalija est belle avec ses cheveux sombres, sa peine, son monde et ses dentelles.

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