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Quand le théâtre parle du théâtre!

Quand le théâtre parle du théâtre!

Publié le 13 nov. 2023 Mis à jour le 13 nov. 2023 Culture
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Quand le théâtre parle du théâtre!

J’AI TOUJOURS RÉVÉ DE FAIRE ÇA !

Le rideau s’ouvre sur le décor : En fond de scène, un mur sur lequel sont écrits en noir sur fond blanc, le nom de pièces de théâtre et d’auteurs dramatiques. Sur le plateau, un canapé gris. Devant le canapé, une table basse, noire (très simple). A droite de celui-ci, un bureau d’écolier avec sa petite chaise. Puis, un peu plus loin, un réverbère. En arrière-plan sur un panneau noir épais, est fixée l’affiche du célèbre portrait de Maryline Monroe peint par Andy Warhol.
En avant-scène et presque au niveau des spectateurs, une porte installée de côté. L’acteur l’ouvrira en venant de la salle.
Après les trois coups et avant l’entrée en scène du comédien, on entend des voix d’acteurs de théâtre, dans un montage sonore de grandes tirades du répertoire classique ou de textes plus modernes. Puis, lorsque le comédien entre en scène, les voix s’estompent laissant place à une œuvre de Rachmaninov, "Rhapsodie sur un thème de Paganini" 
Le comédien :
Il entre par la porte, côté cour, une valise à la main sur laquelle sont collées le nom de pièces de théâtre. Il pose l’objet sur la table basse, noire, qui se trouve au milieu de la scène. Face au public, il l’ouvre et enlève délicatement son manteau qu’il dépose et plie à l’intérieur de la valise. Il ferme celle-ci. La musique s’arrête. Il s’approche de l’avant-scène.
J’ai toujours rêvé de faire ça ! Vous dire qui je suis, qui je ne suis pas, qui j’ai été, qui je serai, qui je ne serai pas mais surtout : qui je voudrais être ! 
Le comédien regarde la scène dans son ensemble. Il paraît heureux, émerveillé ; L’homme passe derrière les éléments qui servent de décor puis les effleure.
Pourquoi j’aime faire ça ? Je pourrais vous donner bien des raisons pour satisfaire votre curiosité mais à la vérité mes réponses à cette question varient chaque fois qu’on me la pose. Je pense même que lorsque que je réponds à quelqu’un, je continue à y penser, à imaginer... En fait, je le fais tout le temps. Le matin, le midi, l’après-midi, le soir et même la nuit. J’aime croire, j’aime faire croire…
Peut-être que le fait de vivre plusieurs vies comble la mienne ? Peut-être que tout cela est une anticipation de mes rêves d’ailleurs ? Peut-être que je ne doute plus lorsque je suis là. Où ici ?
Le comédien fait 3 pas de côté. 
Peut-être que… ? Peut-être que… ? Peut-être que... ? Je pourrais me poser des questions à l’envie sur le sujet mais il existe également quelques certitudes dans ce lieu que l’on nomme théâtre. On est par exemple sûr, ici, d’entendre tousser. 
Le comédien s’arrête face au public et sourit
Rassurez-vous, la plupart du temps, personne n’est réellement malade ! Mais, c’est un besoin du spectateur. Avant un lever de rideau, cela peut durer de quelques secondes à quelques minutes. Pas plus, hein ! Parce qu’après, cela devient ridicule. Ces toux sont aussi une indication sur la pièce qui va se jouer. Les toux brèves et limitées dans la durée sont plutôt pour des pièces légères et drôles voire amusantes, parfois même distrayantes. Alors que les longues toux plaintives anticipent la tragédie, la pièce sérieuse, voire lourde de sens… Le spectateur se prépare. Il émet un son. Le dernier avant 2 heures… au minimum !                    Sauf pour une comédie où, là il peut s’autoriser quelques rires. C’est même recommandé ! Mais sinon…Silence !! L’acteur mime le chuchotement. Oui parce que… pour les tragédies, dans un théâtre, quand on pleure, on est prié de ne pas faire de bruit. Non mais alors !! Un comédien ça se respecte, c’est sacré !                                                                                                Ah ces sacrés acteurs ! Il y a quelques "Monstres Sacrés", c’est vrai. D’autres, en revanche ont, dès qu’ils posent un pied sur scène, envie de descendre dans le public pour vous demander s’ils sont bons.                                                                                                                    Oui je sais, c’est étrange l’ego, parfois ! Si vous leur dites le contraire, ils se pensent incompris. De toutes façons, qu’ils sont bons ils n’en doutent pas. Pas le temps pour ça. Alors oui il y a de vrais bons comédiens et également quelques vrais très mauvais. Tout comme il y a de bons et de mauvais bouchers. De bons ou de mauvais croques morts Pas plus, pas moins ! Nous n’avons rien de sacré, en fait. Je dis "nous" parce que je m’inclus dans ce petit monde des acteurs de théâtre. Ce petit monde qui parfois, lors de certaines cérémonies dédiées au Théâtre, devient "la Grande Famille" au sein de laquelle on s’aime tous ! Bien sûr que non !! Dans la vraie vie et dans les grandes familles tout le monde ne s’aime pas. Certains membres de cette belle fratrie se détestent même cordialement. Pourtant, moi, je l’aime ce petit monde qui n’est pas une "Grande Famille". Je l’aime d’autant plus que je crois le connaitre assez bien. 
Le personnage parle devant le mur sur lequel le nom des pièces de théâtre sont affichées.
Je reste et je suis avant tout un comédien mais j’ai aussi eu la chance et le bonheur d’enseigner le théâtre à des apprentis comédiens. J’aime d’ailleurs beaucoup ce terme d’apprentis. Il me fait penser aux artisans, au compagnonnage. C’est l’amour de l’œuvre joliment réalisée, celle qui se construit avec le temps. J’ai donc été professeur de théâtre, une bonne quinzaine d’années, auprès de la grande Tania Balachova. La même Balachova qui m’avait transmis quelques années plus tôt avec rigueur, et une bienveillance soupoudrée d’une âme slave fortement prononcée, les lois et les libertés essentielles de ce magnifique métier de comédien.
Dans ce rôle d’enseignant (le comédien revient vers la table d’écolier) je me suis positionné comme un passeur qui partage ce qu’il a lui-même compris de la scène : de l’appropriation d’un texte, de la création de vies qui n’existent pas mais que l’on se doit de rendre vraies si l’on veut toucher, émouvoir, convaincre… Car oui c’est bien cela le théâtre, une sorte de vie parallèle codifiée qui ne s’exprimerait que sous certaines formes et dans certains lieux. Encore que… Mais cela est affaire de démocratisation. Jean Vilar et Peter Brook ont beaucoup œuvré en ce sens. Le théâtre appartient à tous, selon eux, et ce n’est pas faux ! En effet si le théâtre est quelque part un espace de re-création de la vie, il appartient à chacun. Du moins : tout le monde devrait pouvoir s’en emparer. Mon idée c’est que si on tient à la vie, on peut en faire quelque chose de beau ; Eh bien, il en va de même avec le théâtre.
De là à dire que le théâtre c’est la vie il n’y a pas loin. Mais, comme un peu plus tôt je laissais l’histoire de la démocratisation à Jean Vilar et à Peter Brook ; là je laisserais bien cette pensée à Louis Jouvet et à William Shakespeare ! Non pas que je m’en débarrasse mais simplement parce qu’il me semble qu’ils en sont l’incarnation.
Alors évidement s’il y a vie, il y a naissance ! 
En disant cela le comédien sort et entre à nouveau par la petite porte qui se trouve sur scène. 
C’est toujours un grand moment la naissance au théâtre. C’est comme dans la vie ! Dès les premiers pas vous avez un rôle à jouer. Et comme dans la vie également, pour ce rôle il vous faudra : votre regard aiguisé et celui des autres, aimant. Le truc c’est de cerner rapidement votre part de responsabilité et celle de l’autre pour bien jouer votre rôle. Au théâtre, le plus souvent, l’autre, c’est le metteur en scène. Cette harmonie à trouver est un jeu, une école. Il faut savoir donner et écouter. Proposer et accepter. Avancer et recevoir. Si j’osais je dirais qu’il s’agit d’une histoire d’amour…
La mienne a commencé en 1964. J’avais alors oui, je dois le dire, les mêmes émotions qu’un jeune homme amoureux qui se rend à un premier rendez-vous. Je tremblais, je perdais mes mots, j’étais très ému. Pourtant ce premier rôle au théâtre était tout petit…petit, petit. Quelques minutes seulement mais l’aventure commençait… Aujourd’hui elle continue.         
Le comédien fait une pause. 
Bien sûr, elle a évolué au fil des années, des rencontres, de choix personnels, également. Mais avant chaque pièce j’ai toujours une petite pensée émue pour le jeune homme qui débutait en 64 et qui a vite compris que sa vie de théâtre ne serait pas faite que d’un seul amour. Mon côté infidèle, peut-être ?
J’aime la vie, le mouvement. J’ai connu et je connaitrai encore des êtres et des mots différents. Ils ponctueront ma vie, cette vie. C’est un souhait, une envie forte. Oui mourir sur scène est mon rêve le plus doux !
Le personnage se fait alors tragédien et cite Shakespeare, il est à terre. En fond sonore en entend un nocturne de Chopin : "Hurlez, hurlez, hurlez, hurlez ! Oh ! Vous êtes des hommes de pierre ! Si j’avais vos langues et vos yeux, j’en userais de telle sorte que la voûte du ciel se fendrait. Elle est partie pour toujours. Je sais quand on est mort et quand on vit ; elle est morte comme terre".
Ah c’est beau Shakespeare ! Oui bon, je vous l’accord, je me suis un peu laissé emporter. Mourir sur scène, en même temps, si j’y réfléchis bien ce n’est pas très original ! D’autres l’ont déjà fait et bien fait. J’imagine pourtant combien cela doit être grisant ! On quitte ce monde particulier, déjà à la marge de l’imaginaire, pour en retrouver un autre qu’on a imaginé durant toute son existence. Quelle folie ! Mais bon je m’égare, revenons à notre propos. Je viens à peine d’évoquer ma naissance que déjà je vous parle de ma mort. C’est un peu court, non ?! Et entre les deux, que peut-il bien se passer me direz-vous ? Eh bien, entre les deux peuvent s’écouler bien des années. Bien des passions, des amours fous, des liaisons dangereuses, on peut également devenir médecin malgré soi, ne pas aimer les précieuses ridicules, être Avare aussi de temps en temps, devenir l’habilleur d’un être tyrannique, passer une heure avec Rainer Maria Rilke, vivre un concile d’amour, trouver les comédies barbares, être un tricheur de roman ou encore devenir un Bourgeois Gentilhomme. Enfin bref ! Tout cela si l’on considère le prix de la révolte au marché noir et l’importance d’être sérieux.
Donc au théâtre, entre la naissance et la mort, on joue ! Non mais attention, Jouer c’est sérieux, c’est un art. Il devrait en être de même dans la vraie vie. Ce n’est pas toujours le cas ! C’est ce qui fait que nous, les comédiens, on nous regarde parfois comme de grands enfants, des gens en marge voire un peu frivoles. Autant vous le dire tout de suite, je ne vois pas les choses comme ça. Dans la vie tout le monde joue ! Un personnage, un rôle, une histoire. Consciemment ou inconsciemment selon les situations mais souvent pour obtenir quelque chose. Tisser des liens plus ou moins viables ? Parfois simplement pour exister ? En tout état de cause, ce jeu pour chacun d’entre nous est souvent intime ou du moins nous le vivons comme cela, quand il s’agit de notre quotidien. Moi lorsque je joue, que je suis sur scène, je suis peu dans l’intime. L’intime, MON INTIME, se joue, s’opère, avant l’entrée en scène, lorsque je cherche mon personnage. Là, je tente de savoir ce qui pourrait nous lier lui et moi ou de nous trouver des points communs. Je cherche ses pas, la présence physique qu’il pourrait avoir en se déplaçant, le rythme de sa voix, un timbre particulier, ses intentions, ses peines, ses joies, certaines de ses pensées, son passé, son avenir, s’il ne meurt pas pendant la pièce ! Encore que… Puis nous finissons par nous trouver, LUI et MOI. Nous échangeons. Voilà mon intimité. Nous sommes bien dans ce registre là avant la première entrée en scène du personnage. Où je ne le suis plus, c’est lorsque je vous offre le résultat de cette introspection. 
C’est tout de même un métier particulier que de jouer tous les soirs quand cela nous est permis. C’est un peu magique de donner du plaisir aux spectateurs. Mais, soyez en certain, le plaisir est également personnel. J’aime infiniment jouer, c’est un plaisir physique, intellectuel, un moment où je donne et je reçois. Puis, j’aime dire que je joue :
L’homme s’approche de sa valise, en sort un verre et une bouteille de champagne qu’il ouvre. Il se sert et revient vers l’avant-scène le verre à la main. Il boit. 
- Tu fais quoi en ce moment ?                                                                                                       - Bah je joue.                                                                                                                                 - Et, tu joues quoi ?                                                                                                                       - Bah je joue une vieille aristocrate anglaise.                                                                               - Pardon !                                                                                                                                      - Oui je joue une vieille aristocrate anglaise…                                                                             - Ah ?!
Vous savez ce "Ah ?! " qui marque une incompréhension totale. Ce "Ah ?! " qui vous fait sentir qu’entre l’autre et vous, ou l’inverse, il y a comme un gouffre, un trou noir. Pour moi jouer c’est aussi ça ! Accepter que certains d’entre vous me comprennent et entrent avec moi dans le jeu et que d’autres n’y trouvent pas leur place. C’est un risque. Il faut le prendre, c’est tout l’intérêt du métier que de pouvoir être hors de nous avec maitrise.
Je vous écoute penser : "quelle idée il a eu là Jacques de jouer une femme ? C’est étrange ! " Puis d’autres: "Jacques en vieille femme anglaise doit être extraordinaire. Il faut absolument que je le vois". Oui venez voir la vieille femme anglaise. 
Avec grand plaisir ! Moi je n’en dis rien. Dire quelque chose à propos de mon jeu serait déplacé. Ce serait un peu comme si un joueur de poker révélait ses cartes à tout le monde avant une partie. Celle-ci ne pourrait avoir lieu, elle serait comme amputée de son mystère. La partie de Poker me semble d’ailleurs une image assez appropriée, puisqu’en effet même si l’on maitrise un personnage, sur scène, rien n’est jamais gagné d’avance. 2 ou 3 petites choses peuvent toujours venir troubler la ligne droite que vous vous étiez fixé. Par exemple : un trou de mémoire, ou bien votre partenaire qui commet une erreur de texte, ou encore un souvenir personnel qui vous perturbe pendant toute la durée de la pièce mais également un souci technique au niveau du décor qui fait que ce soir-là vous devez réadapter vos déplacements. Il peut s’agir également d’un public trop présent…
Il va s’asseoir sur l’avant-scène. 
Non, ne le prenez pas mal ! C’est quoi un public trop présent ? Eh Bien c’est un public qui réagit trop. A tout ! Qui trouve le moindre geste drôle, qui même parfois fait des commentaires de la pièce, pendant la pièce. On n’y pense pas mais le public trop présent c’est tout de même parfois très gênant.  Bon ok je vous l’accorde, c’est rare ! Puis il peut aussi y avoir également le public trop absent. Bon là pas besoin d’explication. Voilà, c’est aussi tous ces paramètres, le JEU. 
Il se relève. 
Oui au-delà donc de sa maitrise personnelle il y a les aléas possibles. C’est ce qui fait que ce métier est chaque soir différent même quand le texte est identique. D’ailleurs l’est-il ? Pour vous surement. Pour nous c’est plus incertain. Au théâtre les habitudes sont importantes mais il est bon de les oublier aussi, temporairement. Si nous ne vivions que d’habitudes, nous perdrions notre capacité à nous émouvoir d’une parole, d’un visage, d’un geste. Les habitudes ne sont que des codes pour nous rappeler que le théâtre a quelques grandes règles, une rigueur à respecter, qui donne le temps à la nature propre du comédien de monter en lui et de s’exprimer pleinement en libérant des émotions maitrisées qui seront partagées avec les spectateurs.
Pour vous, il y a alors comme une sorte de magie lorsque l’acteur est bon, qu’il est "juste", dans les émotions qu’il propose. Pour le comédien, il y a beaucoup de travail et du plaisir à vouloir se dépasser. 
Ah le plaisir… 
En disant cela le comédien se dirige vers le bureau d’écolier. Il s’assied sur la petite chaise. 
Ce métier m’a choisi quand j’étais un petit garçon. J’ai vite aimé observer la vie, les autres.  Je regardais mes camarades de classe mais aussi le maitre ou la maitresse et plus tard les professeurs Lorsque je trouvais une particularité à ces personnes, je cherchais à les imiter. J’adorais ça, gamin ! Essayer de me mettre dans la peau de quelqu’un qui avait une voix particulière, une particularité physique, une bizarrerie ou simplement quelque chose qui éveillait en moi une envie de rire. Mais pas pour me moquer. Non, simplement pour le rire qui rend heureux. Alors parfois je tentais même la ressemblance physique en me déguisant.    Avec une réussite plus ou moins grande, je dois bien l’avouer. Mais c’était déjà l’apprentissage ! J’imitais et cela faisait beaucoup rire. Pourtant je n’essayais pas d’être drôle ; non juste de ressembler le plus possible à la personne que j’avais choisi pour tester ma capacité à être quelqu’un d’autre le plus justement possible. La vie des autres m’a toujours passionné. Mais sans entrer dans l’intimité de l’être. Je voulais juste comprendre 2 ou 3 choses des gens qui m’entouraient et que j’aimais bien. Je m’intéressais peu aux gens que je n’aimais pas et en cela le théâtre m’a fait changer. J’ai dû quelquefois interpréter des rôles très éloignés de ce que je suis. Les méchants, les violents, les fous ne sont pas devenus mes amis tout de suite. Ce n’est qu’avec le temps et l’expérience qu’il m’a semblé amusant de jouer ceux-là. Mais au départ il est vrai que certains rôles m’obsédaient plus que d’autres.               Ce n’en était pas tant la représentation qui m’était difficile mais plutôt de trouver ce que ces personnages pouvaient avoir de commun avec moi. Puis j’ai trouvé. Nous avons l’Humanité en commun…au minimum. Alors évidemment gamin je ne le disais pas comme ça. Je me disais plutôt : "Sarah ou Paul ils sont différents et je vais vous montrer ce que je retiens d’eux mais en vrai on est tous pareil, au fond" Parce que oui… Soyons modestes, l’Humanité ce n’est pas si facile à montrer même si quelquefois elle est l’évidence même.  Alors, un costume d’époque, des vêtements appropriés ça aide à camper un humain. J’ai compris ça quand j’étais gamin. Enfiler l’habit de quelqu’un c’est comprendre une situation, donner une raison à un personnage, c’est l’incarner. Non, petit, je ne voulais pas devenir l’autre mais en donner mon interprétation. L’accessoire ou le vêtement que je pouvais mettre, me servait à trouver la distance, à rester MOI tout en faisant penser à l’AUTRE. C’est toujours vrai aujourd’hui.                                       Le théâtre c’est ça ! Il ne s’agit pas d’être Richard III mais d’en donner une représentation qui donne à penser à l’autre qu’on l’est, en passant également par les mots de l’auteur. 
Le comédien prend l’encrier posé sur la table et écrit sur une feuille posée devant lui. 
J’étais timide quand j’étais enfant mais j’aimais les moments où il fallait réciter des poèmes. Là tout à coup je ne craignais plus d’exister devant les autres. Je trouvais ça merveilleux de pouvoir être écouté en disant de jolis mots. J’avais l’impression d’hypnotiser mes camarades, de créer une distance, d’avoir un certain pouvoir. Ça avait quelque chose de drôle. Ma peur disparaissait. Mes camarades trouvaient que je récitais bien. J’étais en train de gagner mes galons de comédien même s’il y avait encore bien du chemin à parcourir ! Evidemment petit je n’imaginais pas que, non seulement, je continuerai à aimer la poésie, à laquelle j’ai d’ailleurs dédié quelques spectacles et lectures publiques mais, que de surcroit, je vivrais du métier de comédien. D’ailleurs pour moi à ce moment-là le métier de comédien signifiait encore peu de choses. Ah si ! C’était une expression :"être comédien". Il y a peu de métiers qui donnent lieu à des expressions. Certains parents par exemple disaient à leurs enfants "ah, quel comédien tu fais ! ". Mais dans ce langage, courant, familier, seul l’enfant était qualifié ainsi. Pas l’adulte…Le mot ne semblait pas assez sérieux pour cela, certainement ! Alors comment imaginer que cela puisse être un métier, il s’agissait tout au plus d’un divertissement. Sauf peut-être dans certains milieux très ouverts mais sinon, non ! Artiste, comédien…Vous imaginez ?! Métier de fainéant ! Si par hasard on évoquait ce "métier", il s’agissait alors de citer, rapidement, le nom de grandes œuvres du répertoire classique ou le nom de tragédiens ou grands comédiens. Les fortes personnalités : les Brasseur, Raimu, Jouvet voire remonter jusqu’à Sarah Bernhardt. Juste pour pouvoir dire que quelqu’un les avait vu sur scène dans la famille. Ah si vous disiez avoir dans votre famille un spectateur de Sarah Bernhardt vous légitimiez votre envie de devenir comédien ! Pourtant aujourd’hui personne n’oserait jouer comme elle. L’Aiglon ! Cette femme à qui il arrivait de jouer des rôles masculins. Dans ma petite Dordogne, personne n’avait vu la grande Sarah. Certains membres de ma famille pensaient même qu’il s’agissait d’un homme et que Sarah était son nom de famille tandis que Bernhardt était son prénom. Il était déjà inconcevable que "comédien" puisse être un métier mais encore plus fou d’imaginer qu’une femme puisse être adulée sur scène. Bref…Loin de Paris, en province, il m’a fallu atteindre ma majorité pour avoir le droit de monter à la capitale. Là, dans un premier temps, j’ai rêvé. Puis, j’ai vite compris qu’il fallait que je m’atèle à une discipline d’enfer pour apprendre le métier. Mais à Paris j’avais tout de même l’impression que tout était possible !                                                                                                                                         Le provincial est parfois, vis-à-vis de Paris, comme un Français rêvant des Etats Unis mais plus particulièrement de New York. En effet on se dit rarement, en tant que français : "tiens je pars à Rome ou à Oslo ou Lisbonne, là-bas tout est possible !?" En revanche New York…oui ! Fantasme ? Réalité ? Je ne sais pas mais ce qui est sûr c’est que fantasme et réalité font partie du théâtre. Oui…Le théâtre est à la fois visible et invisible. Réel et irréel. Apprendre le métier c’était comprendre cela. A Paris, Tania Balachova a donc accueilli mon besoin de poésie et mon énergie dans son théâtre école, au Vieux Colombier. Il y avait là des noms que vous connaissez tous aujourd’hui et d’autres moins connus mais nous étions tous passionnés par l’énergie du jeu et le mystère de la scène. C’est bien sûr au vieux Colombier que j’ai rencontré Laurent Terzieff avec qui j’ai beaucoup travaillé par la suite mais également Antoine Vittez, Delphine Seyrig, Michael Lonsdale et Raymond Devos et quelques autres. Des personnages très différents. Au théâtre le conformisme n’existe pas ! La petite anecdote suivante va également dans ce sens…
Il s’assied au pied du réverbère.
Tania Balachova, lorsque j’ai croisé sa route à la toute fin des années 50, était quelqu’un de connu aux Etats Unis. Nous ne le savions pas en France mais elle s’était liée d’amitié avec Norman Jane Baker ou plus communément, la belle et jeune Maryline Monroe. C’est ainsi qu’un matin nous vîmes débarquer la jolie blonde au Vieux Colombier alors que nous étions en pleine lecture d’un drame Shakespearien "il y a quelque chose de pourri au royaume de Suède…" Eh hop ! Le choc ! Soudain, une icône glamour devant nos yeux ! Il aurait été plus logique d’accueillir en ce lieu Maria CASARES avec qui j’ai eu le plaisir de jouer par la suite, même si nous aurions, quelquefois, de vrais désaccords sur différents rôles.                       Mais non ! Ce matin-là ce fut Maryline. Que faisait-elle à Paris ? Rendre une visite à son amie Tania ? Oui mais pas que… Elle était là pour répéter ! Répéter le rôle de Blanche Dubois, la belle-sœur de Stanley Kowalsky, dans la pièce de Tennessee Williams, "un tramway nommé désir". Ah Blanche Dubois, jouée par Maryline !! L’icône américaine bientôt au théâtre et à Paris. Cela paraissait fou mais le plus fou restait à venir. A la fin de cette journée marquée par la sensualité, Tania vint me trouver au moment où je m’apprêtais à sortir du cours.
Il imite la voix de Tania. 
-Mon petit Jacques, je peux vous parler ? Vous avez un peu de temps ?                                 -----Oui bien sûr Tania.                                                                                                                                    -Voilà, vous savez que mon amie Maryline jouera bientôt en France "un tramway nommé désir".                                                                                                                                                              -Oui j’ai cru comprendre qu’elle est à Paris pour cela !                                                               -Eh bien la production cherche quelqu’un pour le rôle du collectionneur.                                    -Ah ?                                                                                                                                              -Oui et de préférence un Français qui parle bien anglais.                                                                   -Pourquoi ce choix ?                                                                                                                        -Parce qu’il parait que ça fait plus chic pour ce rôle assez court mais tout de même assez marquant.                                                                                                                                            -C’est possible ? Et, vous voulez mon avis pour savoir qui pourrait faire ça ?                                 -Non je le sais déjà et ce sera vous !
Vous imaginez la suite. Je me suis retrouvé à jouer dans cette magnifique pièce avec comme partenaire la belle Maryline mais, pas longtemps. "Blanche Dubois " était cabotine, certes mais également, relativement capricieuse. Nous avons donc joué 2 soirs seulement et lors de la 3ème, au moment du lever de rideau à Paris, Norman Jane était à New York…                  Dans les bras de Kennedy ? Je ne sais pas ? D’ailleurs ma mémoire me fait défaut. Le connaissait-elle déjà à l’époque ? Bref la Dordogne s’était tout de même rapprochée de New York. Et moi, j’avais vécu un de mes premiers moments magiques au théâtre. Il y en a eu d’autres et peut être y en aura-t-il encore ? Du moins je l’espère !
Cela dit je ne considère pas ces 2 soirs comme ma naissance au théâtre même si c’était mon premier rôle. Trop court !                                                                                                                 Non comme je l’ai déjà évoqué, celle-ci a eu lieu, pour moi, en 1964 ! Un petit rôle dans une pièce en costume "Sire Halewyn" de Michel Ghelderode dans le cadre du festival du marais qui n’existe plus aujourd’hui. Là j’ai vraiment joué plus de 2 fois le même rôle ! Et en costume de surcroit.
Le comédien se place devant le portrait peint de Maryline.
Adieu donc à la beauté fatale ! Cela m’avait tout de même troublé qu’on me demande de jouer auprès d’elle. J’avais encore l’impression, jeune, que pour être bon, à ses côtés, il fallait être beau. Pourtant Je ne me voyais pas comme cela et ce n’est toujours pas le cas. Physiquement je ne suis pas laid mais je n’ai rien d’extraordinaire. Je ne sais pas pourquoi à l’époque je pensais que pour avoir du talent ou du moins pour être reconnu il fallait être particulier physiquement. Ou très beau ou très laid, d’ailleurs ! Pas de moyenne ! Oui c’est vrai au théâtre on n’est pas "moyen" ou du moins on ne peut pas se le permettre si l’on veut durer mais cela n’a rien à voir avec le physique. J’étais surement un peu obsédé par le Hollywood d’après-guerre plus que par la Comédie Française. Mes héros étaient alors : Grant, Cooper, Gable et un peu plus tard, Mastroianni… Ils étaient beaux. Oui au cinéma vous pouvez devenir un bon acteur avec un regard, seulement un regard. J’exagère bien sûr mais c’est parfois vrai. La caméra vous caresse, elle zoome sur ce qu’elle veut montrer de vous, elle vous rend beau ! Au théâtre, non ! C’est à la fois plus simple et plus compliqué. C’est à nous d’imaginer la réalité, le sens des mots. Tout est possible et c’est notre monde intérieur qui doit s’ouvrir aux autres. Au cinéma cela arrive aussi parfois mais la caméra a déjà un rôle de filtre. L’acteur doit accepter d’être capturé par cet objet. Dans certains films certaines scènes sont impressionnantes simplement parce qu’un visage est fixé et qu’on y ajoute une tension musicale. Mais en réalité l’acteur n’est pas forcément "dans le rôle" à ce moment précis et pourtant on va dire de lui qu’il est "génial"                                                                                Je trouvais cela parfois injuste chez Balachova parce ce qu’il ne fallait pas "juste être présent" pour être bon mais "plus que présent". Tiens voilà que j’invente une nouvelle conjugaison "le plus que présent" j’en étais donc quelquefois là de mes observations et je me disais : "Oui tu joueras mais pas tout de suite, vu ton physique. Tu devras d’abord faire tes preuves. Plus que si tu avais un physique de rêve". Je me trompais et tant mieux mais 50 ans d’erreur parfois c’est long…
Sourire.     Il se rapproche du public.  
Donc ici, là, sur cette scène, moi, comédien de théâtre ce que je dois donner à voir c’est "l’illusion que". Et je n’ai que moi pour le faire ! Mais quand je parle d’illusion, il s’agit de bien plus que cela en réalité. Donner "l’illusion que" est en effet particulier à chaque acteur de théâtre. La folie introspective de chacun des artistes entre en jeu et là, bien mon dieu, cela devient complexe. Je ne détaillerai pas. Vous pourriez avoir envie de partir ! Le tout pour nous étant de ne pas perdre pied. Vous savez : être tout le temps quelqu’un d’autre c’est dangereux mais c’est aussi l’Aventure intérieure : une de celle qui m’intéresse le plus pour interpeller le monde. Oui, interpeller le monde c’est, je le crois, la vraie question du théâtre. On fait comment ?! Bah avec des mots, des phrases, des gestes, me direz-vous. Et vous avez raison ! Comme un voisin, un ami, un frère, une sœur, la boulangère…Bref comme toute personne à qui vous auriez quelque chose à dire. Eh bien c’est pareil pour le monde. Il est humain et on a trop tendance à l’oublier ! C’est là que le théâtre à son utilité, qu’il intervient ! Au-delà de sa générosité et comme la littérature dont d’ailleurs il est parfois une extension, il surprend, interroge, fouille nos âmes, aborde de façon drôle ou tragique des sujets qui nous touchent, qui nous sont quotidiens, qui peuvent être également très éloignés de nous mais qui toujours nous sont communs puisque nous sommes humains et en vie. C’est comme cela depuis des siècles. Ces interrogations sont différentes, les pièces le sont donc également. En ce qui me concerne et vu mon âge, je ne connais le théâtre que depuis une petite cinquantaine d’années. C’est vous dire si c’est peu, en lien avec son origine ! Mais…j’aime qu’il soit un art qui s’adapte avec le temps. J’ai besoin de cette perpétuelle remise en question. 
Le comédien fait quelques pas vers le canapé puis s’y installe. Il ferme les yeux et on entend pendant quelques secondes Wilhelm Kempff au piano jouer l’adagio de la sonate N°4 de Beethoven. Les yeux fermés l’homme mime les gestes du pianiste.
C’est magnifique cette musique, ça me transporte… 
L’homme reste silencieux quelques secondes.
Pas besoin de plus pour émouvoir…Cette beauté simple, ça me fait rêver.  Moi, je ne peux pas me cacher derrière un instrument ou alors si, mais l’instrument c’est moi. Difficile de se cacher derrière soi ! Puis de toute façon si je devais me cacher je trahirais mon art. 
Il se relève. 
Et disons-le : j’aime me montrer, occuper une scène, avoir une totale impression de liberté sur cet espace limité. Je crois et c’est certainement ce qui fait que je suis encore là à mon âge.
Ici, on peut encore rêver, provoquer, émouvoir, proposer une parole juste, créative, inventer de nouvelles formes de dialogues, être vrai même si paradoxalement je suis rarement "moi" sur scène. Quelque part je vis un peu mon métier comme pourrait travailler un philosophe. J’y cherche chaque fois un lien avec le monde. Cela m’est très personnel et j’exerce mon art ainsi depuis mes débuts, sur cet endroit magique qu’est la scène. La scène est magique oui mais prenante. La liberté qu’elle m’apporte est emprunte parfois d’une tension que vous n’imaginez pas. Rassurez-vous je ne vais pas vous faire le coup du type qui va vous dire que son métier est rude ! C’est une passion et je l’aime ce métier. Il m’a fait rencontrer des gens extraordinaires, il est empreint de partage et me nourrit corps et âme. Pourtant 50 ans à se prendre pour quelqu’un d’autre, ça peut faire long… Alors oui parfois j’ai, j’ai eu et j’aurai des moments de doutes. Une certaine fatigue sûrement de temps en temps ? Oui j’avoue même ne pas toujours apprécier quand une pièce a du succès. Non, ne vous méprenez pas !  Ce n’est pas le succès que je fuis c’est le fait que dans ce cas-là je crains toujours d’entrer dans une routine qui ferait que je m’installe dans un jeu convenu, moins créatif. C’est peu évident de se réinventer chaque soir quand on joue le même texte. Oui, c’est bien un métier, que d’être comédien. Le travail du jeu doit être une évidence et, l’évidence est travaillée. C’est un peu comme ces rivières de Dordogne que j’aime tant. Elles surgissent parfois comme par magie dans le paysage mais existent tout le long des sous-sols. C’est une continuité que l’on ne voit que si l’on est attentif, en éveil. C’est le travail de la nature. J’ai bien conscience que tout cela est exigeant ! Heureusement, je me dis que vous êtes là et que vous n’êtes jamais les mêmes d’un soir un l’autre. Alors comme je m’adresse à vous ça m’aide ! D’ailleurs je dois vous le dire : sans vous je ne serais rien, je veux dire… professionnellement. Ce n’est pas de la démagogie de ma part, non, non, c’est vrai. Alors, cela est à la fois une joie et une contrainte. Une joie parce que je joue pour vous. Puis ce que vous me renvoyez depuis des années, agit comme une magie qui me donne l’impression de ne pas vieillir. J’ai plaisir à vous voir chaque soir ou plutôt à savoir que vous êtes là. En effet, je ne vous vois pas tous mais c’est ainsi. Je vous imagine en tout cas. Je vous aime ! Mais tout de même 50 ans de théâtre et d’amour ce n’est pas rien. D’ailleurs là je fatigue un peu je vais m’asseoir 5 minutes.
Le comédien va s’asseoir dans le canapé en milieu de scène. Il ouvre de nouveau sa valise et de, sous son manteau plié en sort un journal. Il referme sa valise et lit tranquillement en ignorant le public. Cela dure quelques secondes encore puis…                                                  
Oui enfin d’accord je vous aime mais tout de même, j’ai besoin d’un peu de temps pour moi, un peu d’intimité. Merci de respecter ça !  
Il se replonge immédiatement dans sa lecture et reste silencieux pendant quelques secondes encore… 
C’est tellement pénible parfois l’information, que j’écouterai bien un peu de musique. 
Là on entend "Highway Chile" de Jimi Hendrix
Ah ! Bah voilà…exactement ce que j’aime.  Ce bon vieux Jimi Hendrix !  Vous savez que lui et moi on a exactement le même âge. Enfin je veux dire, s’il n’était pas mort à 27 ans pour entrer dans la légende. 
Pendant quelques secondes l’acteur écoute la musique en la "rythmant". Puis la chanson de Jimi Hendrix se fait entendre de plus en plus loin. 
Il est fou de penser qu’un artiste puisse être encore plus apprécié après sa mort que de son vivant. C’est mystérieux la création, tout de même. Qu’est ce qui fait qu’une œuvre plait ou ne plait pas ? Il se peut même qu’une œuvre puisse vivre 2 périodes ! Une, ou elle ne plait pas et une ou elle est appréciée, remarquée, encensée. Pourtant c’est la même. La nature de l’homme, peut être ? Cela dit moi aussi il y a des jours ou je me plais et d’autres ou je ne me plais pas ! C’est peut-être aussi simple que cela ? Question de perception ! On change, le théâtre aussi. 
Il se lève. 
En 50 ans d’amour je l’ai observé, j’ai joué avec. Il s’est emparé de moi et moi parfois de lui, du moins je l’ai cru. Nous avons dansé ensemble, pleuré, ri puis nous sommes toujours ensemble alors je le vois vieillir parfois. La lutte des débuts a parfois laissé la place à une certaine lassitude, une certaine facilité devant certaines formes visuelles. Puis comme un vieux qui ne veut pas mourir le théâtre reprend des forces régulièrement et moi avec. Il m’emporte. Là le comédien tourne sur lui-même au milieu de la scène puis il se met à chanter sous le réverbère.
I’m singing in the rain… 
Il s’arrête brutalement.
Ah oui je ne vous ai pas dit mais j’ai aussi joué avec Gene Kelly. C’était en 1967, je crois. Non, ce n’est pas vrai mais cela aurait pu. Pourquoi pas ? D’ailleurs vous étiez prêts à y croire. Puis qui sait… Peut être que tout ce que je viens de vous dire à mon sujet et à propos du théâtre est faux. Ou alors, une partie serait vraie et pas l’autre ? Question de perception ! 
Il sifflote de nouveau "chantons sous la pluie" en dansant sur scène. La lumière diminue. Il parle lentement en se dirigeant vers le fond de la scène. 
J’ai toujours rêvé de faire ça ! Vous dire qui je suis, qui je ne suis pas. Qui j’ai été, qui je serai, qui je ne serai pas mais surtout qui je voudrais être.
La lumière éclaire pleinement sa silhouette, il se retourne, fait un clin au public d’œil et sort de scène.


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Commentaires (2)

Cher Fabien !

Pour améliorer le confort de lecture de votre texte pour votre public, je vous propose une courte formation...

Le copié / collé que vous faites nécessite un petite adaptation car sinon, c'est difficile à lire.

Si vous souhaitez, n'hésitez pas à me faire signe.
avatar

Fabien Lize il y a 5 mois

Merci pour le coup de cœur, Alexandre. Oui, en effet je ne maitrise absolument pas le changement de format. Si vous avez quelques conseils à me donner à ce sujet, je suis preneur. Très bonne soirée à vous.
Fabien

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