Mes premiers pas sur Wattpad sont hésitants.

Je cherche des excuses pour dissiper l'envie de partager mes écrits, je cherche réellement de quoi faire l'unanimité en moi pour désamorcer l'étincelle.

Je n'ai pas confiance en ce que je produis, je trouve que c'est débutant, que c'est loin d'être mature, que ça manque de quoi captiver.

Sur quoi est-ce que je me base au juste ?

J'entre seule en compétition contre des auteurs qui ont le double, le triple même le quadruple de mon âge, et je me permets un rabaissement pareil. Je ne suis pas lucide, je suis juste dure, j'exige tellement de moi que ça me paralyse.

À cet âge là, j'étais très exigeante envers moi-même. Je voulais fournir un travail professionnel, concentré et bon. Simplement bon. Et pour moi, ça ne l'était jamais assez.

J'ai arrêté moult des brouillons nés sur mes traitements de texte parce que je finissais toujours pas me dire que ce n'était pas assez bien. C'est comme si j'avais érigé une hauteur, un seuil de perfection, et qui était toujours trop loin et qui maudissait mes vaines tentatives.

Mais en novembre 2014, ça bout. Les mots convulsent, mes doigts s'agitent et en plus, j'ai mon tout premier ordinateur portable pour travailler (toujours fonctionnel d'ailleurs). Oui je travaillerai dessus, mais pas comme le pensent mes parents, qui alors, ignoraient ce que je faisais quand la nuit ne m'engloutissait pas.

À l'ouvrage, je suis méthodique et disciplinée. D'abord, j'étudie Wattpad. Je sonde les histoires en tendance, comprends ce qui ravie, ce qui fonctionne et très vite, ça colle avec l'idée que j'avais déjà. Ça s'imbrique avec ce que moi-même je lis déjà et pourtant, je ne lirais qu'une seule histoire dessus.

Avec Hunter, tout coule. Je ne me perds pas à trouver une couverture, qui me vient sans effort. Je ne rédige pas des brouillons que je révise et re-révise, non plus. Je n'essaie même pas autre chose. C'est juste lui, et ça sonne juste, les exigences sont en sourdine —j'y suis arrivée— ce n'est donc que lui. Comme une évidence sortie de moi-même.

Ça coule, de la même façon que les cascades, de la même façon que les rivières. Naturellement.

Je me souviens des premiers mots que j'ai formulés, je me souviens de leur effet, leur intensité.

Il fait nuit dehors. Nuit noire même. Il doit être aux alentours de deux heures du matin, mais peu importe. J'erre sans but dans les rues sombres de Londres. Le samedi me le permet. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, j'ai juste besoin de me détendre. Hunter, 2014

C'est bien le seul comparatif que je peux faire avec ma récente réécriture, car j'ai bulldozé mon propre roman, c'est mon droit. Mais voici ce que vous pourrez retrouver dès sa publication 2025 :

Il fait nuit dehors. Nuit noire même. Il doit être aux alentours de minuit, mais peu importe. J'erre maladroitement dans les rues sombres de Londres, illustres allées que je connais trop bien une fois la lune venue. Le samedi soir me permet d’être un errant, un être rance qui coagule, défait par sa lourdeur. De corps ou d’âme ? Il me semble que je n’arrive toujours pas à saisir les nuances de tout ça. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, j'ai juste besoin de me détendre. Hunter, 2025

Le premier chapitre diffère forcément de l'original premier chapitre. Vous en ferez les conclusions qui vous regardent. J'observerai les miennes.

Je me fixe un nombre de mots par chapitre, quelques brouillons pour la suite de l'intrigue, qui vient facilement. Je reviendrai sur les thèmes, l'inspiration et mon environnement de création.

Pour l'heure, j'apprivoise encore Wattpad. J'assimile, après mes lectures analytiques me préparant pour le bac, que j'attrape mes peurs par le colbac, et que je les embrasse. Mon expression favorite, je suis très fière de celle-ci.

Sur Wattpad, je me sens libre. J'en parle à des copines du lycée qui lisent, qui créent aussi un peu, on s'essaie à ça en même temps.

Et je me demande égoïstement : est-ce par curiosité ou est-ce pas que ça vibre en vous ? Parce que moi c'est certain, je vibre depuis que je parviens à former des lettres, depuis que je réussis à les assembler. Est-ce que le souffle pour vous, est aussi irrépressible ? Déambule-t-il autant dans votre cœur que dans votre sang, vous pousse-t-il à réviser vos exigences envers vous-même ? Vient-il vous taper l'épaule pour vous rappeler son existence, l'immensité de sa présence ? Pour moi, c'est assurément le cas. Moi je ne lis pas autant d'histoires que vous mais j'en aies qui foisonnent dans me tête, elles parlent trop fort, il faut user d'expression.

Je dois. Je ferai.

Et je n'ai jamais posé des questions dont je craignais les réponses. Comprendre que j'étais bien seule dans mon "ivresse" créatrice doublait la paralysie. Et je revenais à l'exigence, et je demandais au temps de vaincre cela.

Il doit. Il fera.