Peut-on s'affranchir des rapports de force ?
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Peut-on s'affranchir des rapports de force ?
Dès 1940 , émerge aux États Unis l’idée qu’il nous est possible d’obtenir ce que nous voulons, surmonter des désaccords, faire face aux critiques , changer et faire changer sans passer par des moyens archaïques tels que l’attaque, la soumission et la manipulation. De nombreux chercheurs et psychologues explorent cette idée jusqu’à proposer dans les années 70 des protocoles relationnels avec lesquels il est possible de s’affirmer sans pour autant dévaloriser les autres et sans violer leurs droits. Ainsi naît l’assertiveness traduit par affirmation de soi ou assertivité en France.
Cette approche est apparemment la plus simple à apprendre et à appliquer au sein des méthodes de développement personnel. L’idée sous jacente la gouvernant est qu’il est très difficile de changer la personnalité des autres et de la sienne. On retrouve ici le regard systémique sur les liens. En d’autres termes, nous pouvons établir des relations fructueuses avec les autres et surmonter des griefs et conflits en transformant des liens délétères en liens coopératifs.
Illustrons ces propos par un exemple.
L’un de mes collègues , sur un ton un tantinet agressif, assène : « moi, je te dis que pour traiter ces incidents qualité répétitifs, il faut s’y pendre comme ça ! » Si je pense qu’il a raison je réponds : « oui, ça me semble judicieux, attelons nous à résoudre ensemble ce problème. »
Mais la relation peut vite dégénérer si je ne suis pas d’accord avec lui et que son ton m’irrite. Je peux me laisser entraîner dans une escalade symétrique . Je réponds : « ça va pas la tête , c’est comme ça qu’il faut faire ! C’est évident ! »
Et l’autre de sur-renchérir : « j’ai plus d’expérience que toi ! »
Moi : « l’expérience consiste à répéter les mêmes erreurs plus rapidement ! »
L’autre : « tu es idiot ! J’ai été diplômé au lycée technique de Cachan. »
Moi : « c’est nul ! J’étais au lycée Raspail qui était nettement meilleur. »
L’autre : « tout le monde sait dans le service que tu es un incapable ! »
Et ainsi de suite jusqu’à la violence ou la soumission de l’un des deux.
Je peux aussi me soumettre : « bon, puisque tu le dit, on va faire comme tu penses. » Et en sous-entendu non exprimé : « de toutes manières je ne m’investirai pas et je t’aurai au tournant en cas d’échec . »
Je peux choisir la manipulation : « ah, je suis déçu, je pensais que ayant suivi un séminaire de relations humaines tu l’appliquerais. Mais bon, nul n’est parfait. Ainsi va la vie. »
Il existe plusieurs options assertives qu’il est possible de mixer. Au choix :
- "Dis m'en plus
- « Je suis d’un avis différent. Je te le présente et on en discute. »
- « Notre objectif commun consiste à résoudre cette répétition de problèmes . »
- « Je n’aime pas la manière dont tu t’adresses à moi. Néanmoins nous devons trouver une solution tous les deux. »
- « Lorsque tu t’adresses à moi comme ça, quelle est ton intention ? »
Oralement , ces options doivent être exprimées lentement avec une voix ferme et assurée. Par écrit, il convient de rédiger des phrases entières , sans erreurs d’orthographe et de syntaxe. Ceci étant dit, l’attitude assertive ne se résume pas au vocabulaire et aux tournures de phrases. Elle résulte des liens entre la posture, les gestes , les mimiques, le rythme, débit et tonalité vocale, la respiration, les sensations et émotions, les pensées et les valeurs ….En présentiel et à distance.
Soit un investissement personnel total. Je reviendrais sur cette excellence multidimensionnelle dans mes prochains billets.
Bonne lecture.